Une pucelle purement incandescente
Madeleine proustienne s’amusant du théâtre pour concentrer son trop plein d’émotions, Sainte dans l’incendie est une charnelle messe païenne consacrée à la figure de Jeanne d’Arc. Même s’il s’agit ici d’une actrice seule en scène, l’auteur et metteur en scène Laurent Fréchuret puise son savoir faire aux installations d’artistes plus qu’au one woman show… Pour tout décor, un petit banc de bois ponctue l’espace d’un plateau nu comme le lointain souvenir des heures passées à rêver sur la saga de la Sainte en usant nos fonds de culottes sur ceux des écoles.
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Dans toute salle de classe, il y a une maîtresse. Laurence Vieille s’avère idéale pour cette leçon d’Histoire revue et corrigée à travers les déconstructions du prisme de l’intime. Loin de l’androgynie légendaire de la pucelle de Domrémy, la comédienne assume sa féminité via le décolleté plongeant d’une petite robe noire constellée de motifs rouges évoquant des feux d’artifices comme un avant-goût du bûcher. Incarnant sa Jeanne dans une transe plus proche d’une Zouc sous anxiolytiques que des Maîtres fous de Jean Rouch, Laurence Vieille brode sur les milles et une aventures de son héroïne au gré d’une humeur vagabonde propre à activer l’imaginaire de chacun. Le délicieux supplice d’une plongée en apnée sous le plein feu des projecteurs de la rampe.
Patrick Sourd
Sainte dans l’incendie de Laurent Fréchuret Théâtre du Rond-Point, compte rendu. Théâtre des 13 vents, CDN de Montpellier du 28 au 31 mai.
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