A 26 ans, le danseur et chorégraphe multiplie les collaborations et a mis en scène, cette année, sa première pièce. Bilan d’une année 2020, malgré tout, riche artistiquement.
Ton année a été marquée par les débuts de ta pièce Première Ride. Que retiens-tu de cette expérience de chorégraphe ?
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Léo Walk – Les dates que l’on a pu faire à l’Olympia, avant la fermeture des salles, ont été incroyables. Je crois que je ne réalise toujours pas ce qu’il s’est passé (rires). J’étais terrorisé par sa réception car c’est une pièce très intime, et je n’avais aucun recul dessus. Elle se compose d’une succession de tableaux très spontanés ; contrairement à certains artistes je ne travaille pas du tout avec un moodboard en réfléchissant en amont à toutes les références que je veux intégrer. J’ai simplement suivi mon instinct, et de voir que les gens ont aimé ça, c’était très fort. Ça m’a un peu conforté dans ma folie. La danse n’est pas forcément un art très grand public, pour autant, j’ai eu l’impression que la pièce parlait à beaucoup de monde.
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Au-delà de la crise sanitaire, quel événement en particulier t’a marqué cette année sur le plan personnel ?
Les deux résidences artistiques que je viens d’enchaîner sont vraiment des moments que je vais garder précieusement à l’esprit. Ça m’a complètement rouvert. La première résidence n’était pas uniquement avec des danseurs, il y avait aussi des peintres, des sculpteurs, etc. Ça permet de se mettre dans une bulle, de vivre des moments d’insouciance, un peu comme nos parents à leur époque hippie. J’ai aimé vivre de cette façon pendant plusieurs semaines car je n’ai pas eu vraiment de jeunesse, j’ai commencé à bosser à l’âge de 15 ans, et jusqu’à cette année je ne m’étais jamais permis de m’écouter et de ne faire que ce que je voulais pendant un mois. Et, c’est triste à dire, mais malheureusement la crise sanitaire a permis ça.
Quel impact ont eu les confinements successifs sur ton rapport à la création ?
J’ai eu le “luxe” de pouvoir me recentrer, de prendre le temps de faire des choses, de réfléchir, et de m’intéresser à d’autres arts. En tant qu’artiste, j’ai le sentiment que quand tu es lancé dans la machine médiatique, il y a beaucoup d’attente autour de toi, tu dois faire de la promo, montrer ton travail sur Instagram, il faut “créer du contenu”. Sauf que l’art ce n’est pas ça bien sûr, c’est un ressenti et un lâcher-prise beaucoup plus profond par lequel on s’exprime. Et puis, tout le monde était dans la même situation donc je me fichais d’être dans “l’ombre” pendant plusieurs mois, j’en avais besoin.
Quelle est l’image que tu retiens de cette année, artistiquement ?
C’était il y a quatre jours pendant la résidence avec ma troupe, La Marche Bleue. Nous étions face à l’océan, nichés sur un ancien bunker. Peu à peu, l’eau est montée et nous étions cernés par les vagues. On a lancé la musique Make Love (Daft Punk), qui est dans ma pièce, et on a commencé à réaliser la choré tous ensemble, face au soleil. Le moment était très fort et émouvant. C’était un temps suspendu, l’un des plus beaux que j’ai vécu dans ma vie.
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Un·e danseur·euse à suivre en 2021 ?
Tess Voelker. Je la trouve spontanée, elle a une danse très organique. Le tout dans un style à la fois contemporain mais aussi inspiré du hip-hop, elle ne se positionne pas du tout dans une seule case. J’aime bien ces danseurs-là, qui ont la technique mais la surpassent avec leur personnalité.
Quels sont tes projets pour l’année prochaine ?
Je bouillonne d’envie d’aller vers de nouvelles choses mais, ce qui est un peu difficile, c’est que j’ai écrit cette pièce il y a deux ans déjà, et j’étais supposé la faire six mois plus tard… Avec toutes les dates reportées, je ne peux pas encore vraiment me lancer dans d’autres projets. Je suis quand même en train de commencer à écrire une deuxième pièce.
Je travaille en parallèle sur un court-métrage, je ne sais pas encore bien quelle tournure va prendre ce premier film. Dans l’idée, je m’inspire un peu du format d’Anima sur Netflix [un court signé Paul Thomas Anderson pour accompagner le dernier album solo de Thom Yorke, ndlr] où les chorégraphies sont réalisées par Damien Jalet. Sans cet esprit dark, mais ce sera en tout cas un format danse-musique. Pour la BO, je travaille actuellement avec Flavien Berger, j’adore ce qu’il fait, il marque vraiment les gens à travers son art tout en restant très entier.
Propos recueillis par Fanny Marlier
Léo Walk & La Marche Bleue, Première Ride
Au Trianon, à Paris, les 18 et 19 mai 2021 et au festival We Love Green, le 5 juin, à Paris
En tournée dans toute la France au printemps 2021
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