Richard Hamilton, l’un des fondateurs du pop-art britannique, est mort le 13 septembre, à 89 ans. Théoricien, peintre, photographes, parfois militant, toujours facétieux, il est considéré comme le père intellectuel du mouvement.
Peut-être moins photogénique que celle de Warhol, l’œuvre d’Hamilton est restée iconique du pop-art britannique. Membre de l’Independant Group depuis sa création, en 1952, il détourne les images et les réclames trouvées dans les magazines, bien avant l’apogée du pop-art américain, dans les sixties.
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On se souvient principalement d’un de ses tout premiers collages Just What Is It That Makes Today’s Home So Different, So Appealing ? qui a servit d’affiche de l’exposition « This is Tomorrow ». Hamilton y met en scène des personnages, objets et réclames publicitaires pour constituer une scène burlesque. Un homme bodybuildé se tient au milieu d’un intérieur moderne. Sur le canapé, une pin-up coiffée d’un abat-jour. Le personnage central tient à la main une sucette « pop ». On a attribué à cette œuvre l’invention du terme « pop-art ».
Mais le génie d’Hamilton, c’est de ne pas se contenter de vignettes Coca-Cola et aux comic-books. Depuis ses 16 ans, il se considère comme un artiste, organise ses propres expositions et s’intéresse aux théories de morphologie de la nature, au design, à l’architecture, aux machines qu’il aime démonter pour en montrer les mécanismes au public.
Dans les années 60, Hamilton fréquente le monde de la musique pop. On se souvient de sa série ironiquement appelé Swingeing London (littéralement : Londres cinglant, qui roue de coups) dans laquelle on peut apercevoir Mick Jagger menotté. Et surtout de la géniale pochette du White Album des Beatles qu’il avait imaginée minimaliste pour ne pas tomber dans l’esthétique un peu kitsch des autres pochettes de disques.
Tony Blair en cowboy
Il se passionne pour l’œuvre de Duchamp et ne cessera de lui renouveler son allégeance, dans ses interviews, comme dans sa pratique. En particulier lorsqu’il réalise la première rétrospective de l’artiste, dont il est l’exégète le plus respecté. En 2002, il a encore rendu hommage au ready-made avec Table et Cendrier (un cendrier Ricard détourné en cendrier Richard posé sur une table de sa confection).
Contrairement à beaucoup d’artiste de sa génération, Richard Hamilton s’est permis des prises de position politiques véhémentes et ouverte. Comme sa série sur l’Ira ou encore celle sur Margaret Thatcher. Plus récemment, il a fait le portrait de Tony Blair en cowboy prêt à dégainer, pour protester contre la guerre en Irak.
Malgré sa réputation internationale et son immense influence sur ses contemporains, Richard Hamilton ne s’est jamais arrêté de travailler aux côté de sa compagne, l’artiste Rita Donagh. Il préparait une importante rétrospective qui sera exposée au musée d’art contemporain de Los Angeles aux alentours de juin 2013 et devrait ensuite voyager à Philadelphie, Londres et Madrid.
Alice Poujol
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