Rubrique hebdomadaire du 20 au 27 mars
Biennale de danse du Val-de-Marne
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C’est la 20e édition de ce festival historique de danse contemporaine qui se met, haut et fort, à l’heure européenne. » A l’heure du Brexit et des élections européennes, l’art a plus que jamais besoin d’une ambition à l’échelle de l’Europe « , déclare Daniel Favier, directeur de la Briqueterie qui organise la Biennale de danse du Val-de-Marne (du 21 mars au 19 avril). Des paroles et des actes, avec l’accueil d’Aerowaves, plate-forme de promotion de la jeune danse en Europe dont la Briqueterie est le partenaire français. Festival dans le festival, Spring Forward se déroule cette année du 5 au 7 avril dans cinq lieux partenaires et présente 20 jeunes chorégraphes, plus une découverte venue de l’île de Java avec le solo Medium de Rianto.
Nombre de créations sont attendues lors de cette biennale : de l’Irlandaise Oona Doherty qui présente trois spectacles – Hard to be soft – A Belfast Prayer, Hope Hunt & The Ascension into Lazarus et Lady Magma – au tandem Hafiz Dhaou et Aïcha M’Barek qui s’associe au compositeur Jean-Marie Machado pour L’Amour sorcier, ou au drôle de duo proposé par les Italiens Alessandro Bernardeschi et Mauro Paccagnella dans le très engagé El pueblo unido jamas sera vencido. La danse s’invite aussi dans l’espace public à travers les propositions de Chloé Moglia, Satchie Noro, Silvain Ohl et Dimitri Hatton. A voir encore : Whack !! de Philip Connaughton et Ashley Chen, Blueprint on Memory d’Ann Van den Broek, We Were the Future de Meytal Blanaru, Twenty-seven Perspectives de Maud Le Pladec ou Augusto d’Alessandro Sciarroni.
Le Printemps de la danse arabe # 1
Initié par l’Institut du monde arabe, le Printemps de la danse arabe se déroule aux quatre coins de Paris. Outre l’IMA, le théâtre national de Chaillot, Le Tarmac, le Musée national de l’immigration, l’Atelier de Paris – CDCN, le CND de Pantin et le Centquatre-Paris accueillent du 22 mars au 28 juin des artistes venus d’Egypte, de Palestine, du Maroc, du Liban, de Tunisie et des Comores. Ici, la danse contemporaine se mêle au hip-hop et au cirque, au jazz et à la danse traditionnelle. La soirée d’ouverture est confiée à plusieurs artistes et l’on pourra notamment y découvrir Et si demain, la première création de Nidal Abdo (Collectif Nafass), ukraino-palestinien, né au camp de Yarmouk en Syrie, installé à Paris depuis 2016 et membre de l’Atelier des artistes en exil. Ne pas manquer aussi le 24 mars la reprise de Kawa, un solo à deux d’Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou, créé il y a 10 ans et inspiré de la poésie de Mahmoud Darwich et les deux pièces de la chorégraphe égyptienne Shaymaa Shoukry, Portray et Walking. A suivre : Le Lac des cygnes par le Ballet de l’Opéra national du Rhin sur une chorégraphie de Radhouane El Meddb au théâtre de Chaillot du 27 au 30 mars, et Les Architectes des chorégraphes marocains Youness Atbane et Youness Aboulakoul au Tarmac les 17 et 18 avril.
Fêlures, Le silence des hommes, texte et mise en scène D’ de Kabal
Cette création de D’ de Kabal au théâtre de la Colline du 20 mars au 13 avril, rappeur, slameur, écrivain et metteur en scène, fait suite aux « Laboratoires de déconstruction et redéfinition du masculin par l’art et le sensible » qu’il mit en place en 2016, exclusivement réservés aux hommes. Dans Fêlures, Le silence des hommes, il donne corps à leurs questionnements sur le consentement et le désir partant de l’idée que la déconstruction du masculin constitue l’une des clés de l’égalité. Un spectacle qui rend audible » ce dont on ne parle pas mais qui est omniprésent et ne cicatrise pas « . Il ajoute : » Sans le déploiement des réflexions des féministes, je n’aurais pas eu d’outils pour réfléchir sur ma condition, sur mon corps. (…) L’équivalent masculin du mot ‘féminisme’ n’existe pas. Et je pars du postulat suivant : si nous, les hommes, parvenions à poser pour nous-mêmes les principales questions soulevées par les féministes, alors, la première serait ‘mon corps, mes choix’. Ainsi, cet exercice de la pensée, né d’une réflexion féministe, permet d’émanciper tous les individus. »
The Great Disaster, de Patrick Kermann, mise en scène Anne-Laure Liégeois
Entre l’auteur Patrick Kermann, l’acteur Olivier Dutilloy et la metteuse en scène Anne-Laure Liégeois, l’affinité est totale, puissante et, depuis qu’on a les a découvert tous les trois en 2002 en montant dans l’une des voitures du spectacle Embouteillages, leur road story n’a plus jamais cessé. Même si, depuis, l’auteur est décédé. The Great Disaster a été créé il y a dix ans, s’est joué plus d’une centaine de fois et est repris au Lavoir Moderne Parisien (du 20 au 31 mars et du 10 au 21 avril). On se rappelle l’avoir vu au Off d’Avignon en 2015, éblouie par les mots rudes et tendres de ce plongeur du Titanic qui quitte son Frioul natal pour embarquer sur le célèbre navire. Avant son naufrage, il était responsable des 3177 petites cuillères du restaurant et ne pouvait s’empêcher de comparer le luxe qu’il avait sous les yeux avec la misère qui l’avait poussé à s’exiler. Une fois englouti par la mer, il continue d’explorer sa mémoire et raconte le quotidien des troisièmes classes, » ceux, jamais comptabilisés, les laissés pour compte de toutes les nations qui espéraient gagner la terre promise du travail offert, ceux qui hantent pour toujours les flancs du navire, les flancs de l’histoire. Il raconte l’histoire du grand désastre et des petits désastres « . Pour Anne-Laure Liégeois, continuer de jouer le spectacle est de l’ordre de la nécessité et du combat : » The Great Disaster fait partie de notre vie. En 2014, Olivier réactivait l’aventure : les embarcations coulaient en méditerranée envoyant dans les profondeurs tous les rêves de vie meilleure. Aujourd’hui la mer est devenue un cimetière, au point que regarder les vagues nous submerge d’images de violence inouïe. Nous ne pouvons plus ne pas dire ce texte. Avec les corps du Titanic coulent tous les corps faits d’espoirs brisés. La performance scénique est pour nous chaque soir une participation à la lutte contre – si ce n’est l’oubli – la pensée d’une situation inacceptable frôlant avec l’ordinaire. »
Le Fils, de Marine Bachelot Nguyen, mise en scène David Gauchard
Etrange mise en abîme que cette création du Fils de Marine Bachelot Nguyen mis en scène par David Gauchard au théâtre du Rond-Point (du 19 mars au 14 avril). On se souvient dans ce même théâtre d’une représentation sous haute-surveillance policière d’un spectacle de Rodrigo Garcia, Golgota Picnic, en 2011, face aux manifestants de Civitas qui voulaient l’empêcher. Ils avaient fait de même avec un spectacle de Romeo Castellucci au théâtre de la Ville, Sur le concept du visage du fils de Dieu. Le Fils opère une plongée dans une famille bretonne qui cède aux sirènes nauséabondes de Civitas en suivant l’itinéraire de Catherine, pharmacienne, dont le fils aîné se laisse entraîner au Front National. A travers le monologue de Catherine, interprétée par Emmanuelle Hhiron, on la voit suivre un prêtre qui manifeste contre le spectacle de Romeo Castellucci et, de fil en aiguille, se radicaliser. Refuser de vendre des produits contraceptifs, rejoindre la Manif pour tous, pourfendre l’homosexualité. Le drame guette.
Onéguine, de Pouchkine, mise en scène Jean Bellorini
» Impatient de vivre et pressé de sentir « , tel est Eugène Onéguine, héros du roman d’Alexandre Pouchkine, dont s’inspire Jean Bellorini pour sa nouvelle création au TGP de Saint-Denis (du 23 mars au 20 avril), dans une traduction d’André Markowicz. On y suit le parcours d’Eugène, jeune aristocrate pétersbourgeois qui s’installe à la campagne, s’y lie d’amitié avec Lenski, un poète de 18 ans, amoureux d’Olga, et rencontre sa sœur aînée, Tatiana, toutes deux » bercées d’ennui et de rêves « . Le spectacle s’inspire aussi de l’opéra homonyme de Tchaïkovski dans une composition musicale de Sébastien Trouvé où la création sonore soutient le dédoublement de la voix poétique. On suit les cinq comédiens dans un dispositif bi-frontal, une proximité accentuée par le casque remis à chaque spectateur pour suivre au plus près l’écoute des acteurs.
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