Rubrique hebdomadaire du 6 au 13 mars
Orestie, Opéra Hip Hop, mise en scène Arnaud Churin et D’ de Kabal
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Réactiver la tragédie antique pour éclairer le présent, c’est le point de départ de cette trilogie d’Eschyle, l’Orestie, transformée en opéra hip hop (du 7 au 13 à la MC93 de Bobigny). Si Agamemnon et Les Choéphores ont été adaptées par D’ de Kabal, Les Euménides ont été entièrement réécrites pour faire fusionner cette histoire de vengeance, de malédiction et de jugement avec l’énergie contestataire du rap. Pour D’ de Kabal, le lien entre opéra, tragédie et hip hop relève de l’évidence : » Quand Arnaud Churin qui est passionné de théâtre grec, m’a raconté comment fonctionnait la tragédie antique, la scansion, la gestuelle, la parole adressée, nous avons tout de suite vu le lien avec le hip hop. Le rapport entre opéra et hip hop est aussi dans l’idée de faire un spectacle total : scènes, rythme, voix, la gestuelle du coryphée, comme une marionnette protéiforme et, évidemment, le chœur. » Mais le plus important reste le regard porté sur la fin de l’Orestie et sa justice patriarcale : » Tout cela, on le balaie, pour essayer de montrer, 2500 ans après, que le projet patriarcal n’a pas vraiment bien marché ! C’est précisément notre idée que de revenir sur ce dénouement. Ce que la pièce dit, c’est que sans égalité, il n’y a pas de justice. »
La double inconstance (ou presque) de Marivaux, adaptation et mise en scène Jean-Michel Rabeux
Encore un Marivaux ! Celui-ci se joue au TGP de Saint-Denis (du 3 au 25 mars) et a subi une légère adaptation de la part de son metteur en scène Jean-Michel Rabeux. Quand ce dernier résume la pièce, tout se joue sur l’opposition entre deux termes : attendus et inattendus.
Attendus : » Arlequin et Sylvia s’aiment. Mais le Prince aime Sylvia. Aïe ! Pour la conquérir, il décide donc de détruire l’amour entre les deux jeunes gens. Ouïe ! ça va faire mal. La Double Inconstance m’a toujours parue la pièce la plus cruelle de Marivaux. »
Inattendus : » On va aller démasquer la cruauté partout où elle se terre, derrière les mots, les conventions sociales, derrière les attendus, une noirceur inattendue, terrible d’être drôle. L’érotisme aussi va se débusquer, puisque la pièce est érotique, c’est indéniable. C’est dire qu’elle est tout aussi indéniablement très politique. Il s’agit de l’abus des puissants sur les sans-grades. Ça rappelle quelque chose. »
The Prisoner, texte et mise en scène Peter Brook et Marie-Hélène Estienne
Peter Brook, le retour, c’est aux Bouffes du Nord du 6 au 24 mars avec The Prisoner, un spectacle créé avec cinq acteurs à la suite d’ateliers menés en France et à l’étranger. En guise de note d’intention, deux courts récits : l’un sur le meurtre d’un homme en pleine nuit. L’autre sur la présence d’un homme assis en face d’une prison qui tend son repas à celui qui est venu le retrouver. Enigmatique ? Oui, puisque Peter Brook n’aime rien tant que de poser des questions et les regarder virevolter, légères, jamais alourdies par la pesanteur des réponses toutes faites.
Le Récit d’un homme inconnu, d’Anton Tchekhov, mise en scène Anatoli Vassiliev
Ça parait étonnant mais c’est la première fois que le metteur en scène russe Anatoli Vassiliev met en scène une pièce de Tchekhov en créant au TNS de Strasbourg du 8 au 21 mars Le Récit d’un homme inconnu avec Valérie Dréville, son actrice française fétiche depuis les années 90, Sava Lolov qu’il a rencontré il y a plus de vingt ans, Stanislas Nordey qu’il a dirigé dans Thérèse philosophe et Romane Rassendren. Dans la nouvelle, un révolutionnaire se fait passer pour un valet afin d’être engagé chez Orlov dont le père est un homme d’Etat, celui qu’il souhaite atteindre. » C’est un texte tragique sur le devenir des convictions humaines, où la vie intime et la vie publique sont profondément mêlées, confie Vassiliev. Ce qui m’intéresse, c’est l’évolution des idéaux vers le néant, la destruction. Destruction de soi et/ou des autres, avec cette même radicalité. Pourquoi ? Par rapport à ce que nous vivons, ce texte est d’une grande actualité. »
Week-end d’ouverture au CND
Deux fois par an, le CND de Pantin fait portes ouvertes le temps d’un week-end et accueille le public pour des ateliers Danses partagées, des performances, un spectacle, une exposition et une fête. Les 10 et 11 mars, la voix est à l’honneur avec les performances musicales d’Acapulco Redux et Julien Desprez, de KillASon et d’Arp Tark qui sont à découvrir dans tout le bâtiment et pour l’ouverture de l’exposition L’œil, la bouche et le reste…, inspirée des images et des visages de la chorégraphie homonyme de Volmir Cordeiro. Avec Marcela Santander Corvalan et Margot Videcoq, il prolonge sa pièce et la déborde.. au point d’en proposer un volet performatif intitulé Une nuit des visages où les six artistes invités proposent des séquences extraites de leur travail ou créées pour l’occasion.
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