Rubrique hebdomadaire des spectacles à ne pas manquer du 9 au 16 mars
Deux spectacles de la danseuse et chorégraphe Lisbeth Gruwez sont à l’affiche du Théâtre de la Bastille : It’s going to get worse and worse and worse, my friend (du 10 au 15 mars), un solo stupéfiant où elle s’approprie la gestuelle de Jimmy Swaggart, un télévangéliste américain. Une façon aussi, pour elle, de passer un cap, après le solo qu’a créé pour elle Jan Fabre en 2004, Quando l’uomo donna è une Principale, pour lequel elle aura longtemps enchaîné les tournées internationales. La seconde pièce présentée, Ah/Ha (du 18 au 20 mars), est une pièce de groupe qui réunit cinq interprètes autour d’un virus très souvent contagieux : le rire. Avec, comme trait d’union entre les deux pièces : l’extase. “It’s going to get worse and worse and worse, my friend finit par l’extase produite par le discours sur un corps et Ah/Ha commence par l’extase produite par le rire.”
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Après Hate Radio, sur le génocide rwandais, présenté la semaine passée, on retrouve le metteur en scène suisse Milo Rau au théâtre Nanterre Amandiers avec The Civil Wars (du 10 au 15 mars). Plus que documentaire stricto sensu, son théâtre puise dans le réel pour mettre en scène la violence de la société à travers des reconstitutions et des procès. Point de départ de The Civil Wars : “Quel est le dénominateur commun entre des jeunes Européens qui partent se battre en Syrie pour l’instauration d’un ‘Etat de Dieu’ et quatre comédiens ?” Réponse évidente : la collision des histoires intimes avec l’Histoire : ce qui était au départ un projet documentaire sur l’islamisme radical en Belgique se transforme en plongée dans la biographie de ses comédiens.
All Aliens ! clame le Cabaret de curiosités (du 11 au 13 mars au Phénix, scène nationale de Valenciennes). Constat de départ : “Conséquences du réchauffement climatique, épuisement des ressources, phénomène de crise et catastrophisme ambiant, représentation de soi par les outils numériques du web 2.0… Tous les ingrédients sont réunis pour amener les artistes à s’interroger : Et si nous recommencions ailleurs ? Existe-t-il une altérité radicale qui ne communique pas avec nous ? Quel est l’alien en nous ?” Des questions graves traitées avec légèreté, voire en apesanteur par Halory Goerger, artiste associé au Phénix, dans Corps diplomatique : “Le corps diplomatique, ce sont les interprètes de ce spectacle : des représentants ordinaires de l’humanité, organisés anarchiquement et animés par un sacerdoce absolu de transmission. Des missionnaires laïcs dont on veut mettre en scène le parcours, les difficultés, la dérive, pendant 10 000 années résumées en une heure au plateau.” A voir aussi : iShow, de la Cie Les Petites Cellules Chaudes, Afrogalactica de l’artiste et anthropologue Kapwani Kiwanga, Portrait 9 – Claude Ridder, une expérience de voyage dans le temps proposée par Hippolyte Hentgen et John John, Attractions plurielles de la chorégraphe Kitsou Dubois, pour ne citer que quelques-unes des surprises qui vous attendent à All Aliens !
(D)Rôles de Printemps, annonce, mi-figue, mi-raisin, ce festival du Tarmac (du 11 au 28 mars) qui mêle performances, danse et théâtre avec des artistes venus d’Egypte, du Liban et de Tunisie. En ouverture, la performance Alice de l’artiste libanaise Sawsan Bou Khaled. Lors de sa création en 2013 dans un hôtel abandonné du Caire, Alice dura trois jours. Une version resserrée de cette fantasmagorie qui unit la petite Alice de Lewis Carroll et Le Château de Kafka sous la forme d’un chat, compagnon de jeu de l’actrice, sera présentée au Tarmac. Autre performance, celle de l’Egyptien Ahmed El Attar, On the Importance of bBeing an Arab, “une synthèse visuelle, sonore et dramaturgique de la vie d’un Egyptien dans l’Egypte d’aujourd’hui”. Echos de la Tunisie en deux temps : l’installation théâtrale de Meriam Bousselmi, Truth Box – un confessionnal où chaque spectateur vient écouter le pécher d’un personnage – et Sacré Printemps ! des chorégraphes Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou (voir critique du spectacle sur le site des Inrocks dans l’article : Les Hivernales tambour battant). Enfin, le metteur en scène égyptien Hassan El Geretly, découvert au dernier festival d’Avignon, présente Zawaya, Témoignages de la révolution.
C’est la dixième édition du Festival international de danse contemporaine On marche (du 10 au 14 mars), initié à Marrakech (Maroc) par le chorégraphe Taoufiq Izzediou. Au fil de ces dix ans, On marche est devenu une plate-forme d’expression, mais aussi un lieu de rencontre et d’échanges pour des chorégraphes venus du Maghreb, d’Afrique et d’Europe. Nedjma Hadj Benchelabi, programmatrice invitée, relève d’ailleurs que le festival « compte parmi les rares initiatives pérennes en arts de la scène dans la région, aussi bien en Afrique du Nord qu’au Moyen Orient et qu’il donne à voir une création contemporaine dont le défi est d’exister et de continuer à évoluer de manière indépendante, par choix, mais aussi à cause d’une réalité difficile ».
Débats, projets vidéo ou performances dans l’espace public s’ajoutent aux spectacles programmés. Venus de France, on retrouve Héla Fattoumi et Eric Lamoureux, Olga Mesa et Francisco Ruiz De Infante, Herwann Asseh et Bouziane Bouteldja. Autour des chorégraphes marocains Taoufiq Izzdiou qui crée Rev’illusion, et Meryem Jazouli avec Contessa & L’Aaroussa, on découvrira Fragments d’Antigone de l’association Arabesque, Kamiz’art de Rachid El Bandki, Becoming/Work in progress de Youness Khoukhou, environ 55 de Radouan Mriziga et Troubles de Maman Sani Moussa. Renseignements : + 212 (0) 6 50 09 44 41. Reportage à suivre sur le site…
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