Rubrique hebdomadaire des spectacles à ne pas manquer du 3 au 10 mai
Deux bonnes raisons d’aimer le mois de mai : les ponts et le Kunstenfestival de Bruxelles… Comme toujours, celui-ci nous réserve une programmation excitante avec une bonne part de découvertes (du 6 au 28 mai). Au cœur de cette édition, on retrouve le cinéaste thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, avec une rétrospective de ses films, une exposition et une performance stupéfiante, découverte en septembre dernier en Corée du Sud, Fever Room.
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Philippe Quesne est également présent avec un projet tentaculaire, Welcome to Caveland! qui réunit une communauté d’artistes, de penseurs et de spectateurs, et une création, La Nuit des taupes. On ne listera pas tous les artistes, metteurs en scène, chorégraphes ou performers invités durant ce mois de mai bruxellois, trop nombreux et trop alléchants. Mais on peut au moins en citer quelques-uns : Taoufiq Izeddiou, Richard Maxwell, Milo Rau, Panaibra Gabriel Canda, Bouchra Ouisguen, Omar Abusaada et Takao Kawaguchi…
Le Tanztheater de Wuppertal est de retour avec deux spectacles de Pina Bausch, l’un au Théâtre de la Ville, Agua (2001), du 7 au 14 mai, le second au Théâtre du Châtelet, Sur la montagne, on entendit un hurlement (1984), du 20 au 26 mai. Agua fut créé au retour d’un séjour au Brésil. Clin d’œil aux Jeux olympiques qui s’y déroulent cette année ? En tout cas, la pièce déborde d’énergie et de couleurs sur un plateau nu qui se transforme en écran de projection pour un flot d’images qui se mêlent aux danseurs et à la musique.
“Agua” de Pina Bausch au Théâtre de la Ville (© Oliver Look)
En contrepoint, Sur la montagne, on entendit un hurlement est l’une de ses pièces les plus sombres, avec la peur comme thème central et moteur de la dramaturgie. Une peur “collective, fondamentale, notait alors la chorégraphe. C’est la peur de l’humanité entière menacée d’autodestruction ou d’avenir sombre”.
Pour sa première mise en scène à la Comédie-Française, Stéphane Braunschweig a choisi Britannicus de Racine (du 7 mai au 23 juillet), une pièce politique qui met en scène Néron, fils adoptif de l’empereur Auguste, sa mère, Agrippine et Britannicus, fils d’Auguste. Néron a fait arrêter Junie, autre descendantes d’Auguste et promise à Britannicus. Rivalité amoureuse et conflit politique sont les ingrédients de base de cette tragédie à laquelle le metteur en scène donne une couleur contemporaine à travers le décor d’un vaste bureau qui évoque pour lui “les grandes tables de réunion à l’Elysée, à la Maison Blanche ou au Kremlin”. L’intérêt de la pièce de Racine consiste en l’analyse du dérapage de Néron, après deux ans de bon règne : “Il est aimé de son peuple, mais au moment où la pièce commence, cet amour est sans doute en train de faiblir, analyse Stéphane Braunschweig. Car ce qui déclenche l’enlèvement de Junie, c’est ce qu’on dit à Rome d’un empereur sous la coupe de sa mère… l’enlèvement de Junie est d’abord un acte politique qui signifie à l’opinion publique qu’Agrippine n’est plus en grâce. Je veux montrer cette intrication étroite des données psychologiques et des données politiques.”
Racine encore, avec l’opéra de Mozart, Mitridate, re di Ponto, dirigé par Christophe Rousset au Palais de la Monnaie de Bruxelles (du 5 au 19 mai), le premier opéra écrit par Mozart à l’âge de 14 ans. Mitridate, roi du Pont, est un père et un monarque maladivement jaloux, obsédé par la trahison. Signée Jean-Philippe Clarac et Olivier Delœuil / Le Lab, la mise en scène imagine Mitridate transporté “au cœur d’un sommet européen convoqué en urgence pour réfléchir à la fause mort soudaine du dirigeant de Pontus (actuelle Crimée). Au cours de la réunion de crise, les problèmes de l’Union font clairement l’objet de questionnement mais les règles de base de la société sont également remises en question.”
S’inspirant d’Euripide, Emma Dante livre sa version de Médée : Verso Medea (du 10 au 28 mai au théâtre des Bouffes du Nord), un spectacle théâtral et musical en italien surtitré conçu comme un voyage autour de la figure de Médée avec les frères Mancuso pour la musique et les chants. Pour Emma Dante, le voyage de Médée est une œuvre d’amour : “Sa nature est façonnée et nourrie par sa souffrance. Elle choisit la faute ! Son histoire l’exige, et son caractère. Elle est une barbare qui ne reconnaît pas d’autre autorité que celle de ses propres instincts, c’est pourquoi elle s’attache désespérément à la notion de liberté.”
Pour sa quatrième édition, Adolescence et Territoire(s) a confié aux comédiennes et dramaturges Manon Thorel et Julie Lerat-Gersant le soin de créer un spectacle, F(Eux), avec 18 jeunes habitant près du quartier des Ateliers Berthier dans le XVIIe arrondissement. Ils viennent de Clichy-la-Garenne, Saint-Ouen, Saint-Denis et de Paris et ont écrit avec le duo de metteurs en scène une pièce où un absent, F, est raconté par ceux qui l’ont connu, eux. F a commis un acte grave et chacun tente d’en dresser le portrait pour tenter de comprendre l’acte et la personne. F(Eux) est programmé les 6 et 7 mai aux Ateliers Berthier puis dans trois théâtres partenaires : l’Espace 1789 de Saint-Ouen le 10 mai, le théâtre Rutebeuf de Clichy-la-Garenne le 12 mai et le TGP de Saint-Denis le 20 mai.
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