Rubrique hebdomadaire des spectacles à ne pas manquer du 6 au 12 avril
Comme le temps passe ! Déjà la 23e édition du festival international Exit (du 7 au 17 avril) à la Maison des Arts de Créteil. En ouverture,l’expo Perceptions réunit une vingtaine d’artistes qui s’emparent de l’outil numérique à travers des installations, des peintures ou des sculptures. Dénominateur commun : la participation du public aux œuvres interactives ou immersives au gré d’une exposition conçue comme un voyage.
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Dans la catégorie spectacles, on démarre avec Soselo in Siberia, un opéra multimedia des Néerlandais 33 1/3 Collective/Rosa Ensemble pour suivre les tribulations de Soselo, pseudonyme de Josif Vissarionovitsj Dzhugashvili (on comprend l’utilisation du pseudo une fois qu’on a tapé son nom une fois…). Non content d’avoir un nom à rallonge à peu près imprononçable, l’homme est à la fois poète, séminariste, ténor, hommes à femmes et braqueur de banques. Mais c’est dans le rôle de Staline qu’il gagne tous les suffrages et il délègue à sa femme le soin de construire en Sibérie une ville industrielle. De l’utopie au désastre, il n’y a parfois qu’un pas à faire… Le pire, ou le plus drôle…, c’est qu’aussi loufoque que paraisse cette histoire, elle se base sur des faits réels survenus en Union soviétique dans les années 30.
Autre bizarrerie, la performance de l’Ecossais Robbie Thomson, XFRMR, qui fait de la musique avec une bobine Tesla. Rappelons que la dite bobine a été créée en 1891 par l’inventeur serbe Nikola Tesla : “Ce transformateur sonore crée un courant alternatif de haut voltage qui, en se libérant, ionise l’air et prend la forme d’arcs de plasma. En synthétisant les longueurs d’onde qui modulent la fréquence de sortie de la bobine, il est possible de créer des tonalités distordues et des coups secs et percutants. »
On quitte le numérique pour le bidouillage en direct et les élucubrations pertinentes de Julien Fournet, de l’Amicale de Production, réunies sous le titre Amis, il faut faire une pause. Trois conférences performées pour explorer les dessous, les tenants, les aboutissants et l’avenir de l’art : Spectateurs de tous pays, unissez-vous ! ; La culture c’est dangereux et Manifeste pour une nouvelle guilde des créateurs. Egalement préoccupés de l’avenir du spectacle vivant, Massimo Furlan et Christophe Fiat emploient les grands moyens et mêlent théâtre et cartomancie dans La Bonne Aventure en tirant le tarot de Marseille.
Place à la danse le week-end avec Beytna, la proposition d’Omar Rajeh (Liban) qui réunit autour de la table Anani Dodji Sanouvi (Togo), Hiroaki Umeda (Japon) et Koen Augustijnen (Belgique), accompagnés du Trio Joubran, où ils préparent un repas, discutent, boivent, mangent, dansent… Gageons que le public sera tenté de monter lui aussi sur le plateau… Autres programmes danse : Urge de David Wampach et Déesses et démones de Blanca Li et Maria Elexandrova.
On avait adoré le spectacle de Julie Duclos, Nos Serments, à sa création. Le théâtre de la Colline a la bonne idée de le reprendre (du 7 au 22 avril). Julie Duclos fait du théâtre au présent à partir d’un film du passé et réussit un coup d’éclat : restituer, en la réinventant, la trame narrative du film de Jean Eustache, La Maman et la Putain. Une adaptation qui s’inspire aussi du Bonheur d’Agnès Varda et du couple Beauvoir et Sartre, qui sont à la base de l’écriture du spectacle par le scénariste Guy-Patrick de Sainderichin et Julie Duclos. Trois heures durant, on regarde vivre et parler cinq personnages aux « affections désaccordées » dans le décor banal d’un appartement, sans que jamais l’un prenne la place du personnage principal, reléguant les autres dans des figures secondaires de moindre importance. Une belle aventure théâtrale, en accord avec son film référent, que Julie Duclos résume magnifiquement : « Partir du film, comme on part : pour le quitter. »
C’est l’hallu au sens propre que nous proposent les deux chorégraphes néerlandais du Club Guy & Roni avec Naked Lunch. Une version opératique, tendance rock, chorégraphique et acrobatique du Festin nu de William Burroughs sur une partition de Yannis Kyriakides et un texte d’Oscar van Woensel. Sur scène, treize interprètes plongent sans filet dans les abîmes psychédéliques d’un junkie et invitent le public qui le désire à les rejoindre pour danser sur Shakin’all over. Au Théâtre de Chaillot du 6 au 8 avril. Trois jours, c’est court…
En 2011, Daniel Jeanneteau avait mis en scène La Ménagerie de Verre de Tennessee Williams à Shizuoka au Japon. Une occasion comme une autre pour découvrir l’auteur américain, “loin du réalisme psychologique auquel on l’a souvent réduit”, constate le metteur en scène. Il y aura donc aussi la mémoire du spectacle japonais dans la création française avec l’actrice Dominique Reymond d’une pièce où “rien n’est matériel, où les figures sont des spectres traversant la mémoire du narrateur, fruits de ses obsessions, de ses affects. C’est un voyage dans une conscience malade, entre l’angoisse et le rire. » A voir au théâtre de la Colline jusqu’au 28 avril.
Temporaire mais constante… La 10e édition de la ZAT (Zoneartistique temporaire) se déroule à Figuerolles les 9 et 10 avril. Pour Pierre Sauvageot, directeur artistique de cette édition, tous les goûts sont au rendez-vous de ce week-end sonore et musical : “choral et orchestral, en balade ou à l’arrêt, vocal ou instrumental, contemporain ou classique, flamenco ou electro, traditionnel ou futuriste« . A voir et à entendre : Collectif La Friche de Mimi, Jean-François Zygel, Décor Sonore, Yann Lheureux, Adila Carles, Dimoné ou 26 000 Couverts.
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