Rubrique hebdomadaire du 9 au 15 janvier
Festival Reims Scènes d’Europe
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Douze jours de création tous azimuts : théâtre, danse, opéra, musique, performance, cirque se donnent rendez-vous à Reims et investissent toute la ville à l’initiative de la Comédie de Reims (du 7 au 18 février). Les thèmes sont variés : « La démocratie, les forages de pétrole sous la banquise, les vingt-quatre langues officielles en usage sur notre continent, la solitude dans un monde global, le féminisme aujourd’hui, notre regard sur le corps, les communautés virtuelles… «
A voir ces jours-ci : Institut de la Solitude Globale du Blitz Theatre Group, inspiré du roman de Thomas Mann, La Montagne magique. Le collectif grec s’interroge sur la solitude au sens large, celle des villes, celle de l’Europe à travers une comédie douce-amère qui met en scène six personnages en quête de sens. Fin de l’Europe, écrit et mis en scène par Rafael Spregelburd qui s’ingénie à mettre en pièces l’Europe en imaginant toutes les fins possibles et à venir, des frontières à la noblesse, de l’art à la santé, ou de l’histoire à la famille. Un spectacle en anglais, français et italien, surtitré en français, et créé à Caen dans le cadre de l’Ecole des Maîtres, une expérience de recherche menée avec des comédiens de quatre pays différents.
A découvrir : Ça rebondit, rebondit et ça t’éclate en pleine face, de l’Espagnole Agnés Mateus à la vivifiante colère. En guise de préambule, citons l’artiste : » Appelons les choses par leur nom. On ne devrait pas avoir peur des mots tels que : meurtre, suicide, mort, canular, merde, métastase, leucémie, chauve, gros, acné, pus, hémorroïdes, caca, asphyxie, mépris, avortement, euthanasie, polygamie, mères porteuses, adultère, vomi, crottes de nez, coloscopie et amour. » L’art de la chute, c’est quelque chose !
Imitation of Life, de Kornél Mundrunczo & Proton Theatre.
No fun… Le metteur en scène et réalisateur hongrois est à la MC93 de Bobigny du 7 au 10 février avec un spectacle inspiré par un drame social qu’il traite avec un réalisme confondant pour aboutir à une parabole allégorique. Musique, vidéo et théâtre se juxtaposent pour mettre en scène une vieille femme chassée de son taudis par un huissier. Elle sera bientôt remplacée par une jeune femme pauvre et son enfant. Leur vie n’est guère plus réjouissante et la mémoire du lieu hante bientôt l’enfant. Après ses précédents spectacles coups de poing (la violence et l’inceste dans The Frankestein Project, le trafic d’êtres humains et la prostitution dans Hard To Be a God, le viol dans la société post-apartheid de l’Afrique du Sud dans Disgrâce), on se doute que le malaise dans la civilisation en période de crise est un sujet de choix qui dépasse largement le cadre de la Hongrie.
Poussière, texte et mise en scène Lars Noren
Lars Noren est de retour à la Comédie-Française quelques années après sa création de Pur. Poussière fait son entrée au répertoire à partir du 10 février Salle Richelieu (jusqu’au 16 juin). « Je n’aurais pas pu écrire ce texte avant d’avoir l’âge que j’ai aujourd’hui. Je suis moi aussi dans les dernières années de ma vie et cette pièce me permet de faire face à mes propres inquiétudes et à mon propre chemin. C’est une pièce sur la fin, sur les au-revoirs, sur les souvenirs. Une pièce belle et mélancolique qui ne cesse de parler de la vie. »
On y observe onze personnages, cinq femmes et six hommes, qui se retrouvent tous les ans dans le même hôtel d’un pays pauvre du Sud pour passer leurs vacances. Trente ans que ça dure, mais le temps passe et ils vont disparaître un à un au cours de la pièce, à l’exception d’une jeune fille handicapée mentale. Sauf que ce n’est pas la mort, le sujet principal, mais bien la vie, ses souvenirs, ce qui reste au bout du compte et qui peut se partager.
Lars Noren le dit avec ses mots : « Pour moi, le théâtre est un lieu sacré. Rien n’est plus beau qu’une scène vide. Attendant un comédien. Attendant les mots. Les mouvements. Je ne vais pas dans les églises, je ne vais pas dans les temples ni dans aucun autre lieu sacré, mon église est le théâtre. Un théâtre avec l’absence de Dieu. C’est un lieu sacré car on a la possibilité de montrer l’être humain dans son ensemble. Ses besoins, son langage, son histoire, son futur. Une connexion s’établit avec le public, ce qui est créé l’est avec ce public à cet instant, on partage mouvements, émotions, pensées, on crée ensemble. » Pour avoir assisté à une répétition de Poussière deux semaines avant la création, nous confirmons l’exactitude de ce phénomène propre au théâtre décrit par Lars Noren.
Le Sale Discours, de et avec David Wahl, mise en espace Pierre Guillois.
Il cause et il écrit. David Wahl nous a subjugué avec son Histoire spirituelle de la danse (que l’on peut encore voir en tournée le 20 mars à la Scène nationale de Mâcon). On le retrouve ces jours-ci dans une nouvelle causerie : Le Sale Discours, élégamment sous-titré Ou géographie des déchets pour tenter de distinguer au mieux ce qui est propre d’avec ce qui ne l’est pas (les 12, 26 et 27 février à la Maison de la Poésie, Paris). Ou, pour faire simple, « c’est un récit qui parle de l’environnement. D’un environnement façonné par nos ordures, nos excréments et nos déchets. C’est un récit qui parle de notre instinct de survie, de nos rêves d’éternité, de la peur de la mort. » Gaspillage, recyclage, modes de consommation, il sera question de tout sauf de céder au fatalisme !
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