Rubrique hebdomadaire du 16 au 23 janvier.
Très remarqué lors des derniers festivals de Marseille et d’Avignon, Kalakuta Republik, la dernière création du chorégraphe burkinabé Serge Aimé Coulibaly est au Tarmac pour quelques jours (du 16 au 19 janvier). Un spectacle inspiré par la musique et l’engagement politique du Nigérian Fela Kuti, né au lendemain de la révolution au Burkina Faso en 2014 pour protester contre un énième changement de constitution permettant au chef de l’Etat de se représenter pour un cinquième mandat. Kalakuta, c’est à la fois le nom de la prison où Fela fut incarcéré et celui qu’il donna à la résidence, « la république des utopies« . Un spectacle en deux parties, l’une en noir et blanc sur la musique de Fela, l’autre en couleurs sur une création musicale d’Yvan Talbot inspirée de l’afrobeat de Fela. En guise de fil conducteur, une quête chorégraphique apte à représenter « l’urgence physique du danseur à travers une danse faite de phrases assez simples mais qui ne finissent jamais. Car quand une danse ne finit pas, en quelque sorte elle crée l’histoire du monde. »
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Rappel des faits : depuis son arrivée à la direction du théâtre de la Commune d’Aubervilliers, Marie-José Malis a lancé un programme de créations qui partent de la ville d’Aubervilliers et de ses habitants en passant commande à des metteurs en scène ou des chorégraphes : « La vie des gens d’ici, qu’est-ce qu’elle inspire à votre art ? » C’est le metteur en scène Franck Dimech qui signe la Pièce d’actualité n°10 : Les Chinois à Aubervilliers (du 18 au 31 janvier), réunissant cinq acteurs et trois habitantes chinoises de la ville. S’il travaille depuis près de quinze ans en Chine ou en Japon, c’est le regard porté en France sur la communauté chinoise qui est à la base de cette création : « J’ai déambulé à Aubervilliers et dans certains quartiers de Marseille. J’ai regardé ces endroits comme des terres brûlées. Tout attestait violemment de l’état de pulvérisation du contrat social dont nous sommes à la fois les acteurs, les témoins et les complices. J’ai songé aux ateliers clandestins chinois, à l’enfermement des travailleurs, à la promiscuité de leurs corps au travail, à l’exploitation de ces corps par un système que nous avons érigé en modèle social. » Loin, très loin, des clichés qui nous servent d’œillères : « bouffe, nouvel an, dragon, commerces, objets clinquants« …
Beaucoup d’humour ! La Famille Flöz est de retour à Bobino avec Hotel Paradiso (du 16 janvier au 4 février). Ce collectif berlinois a l’art de plonger dans le réel pour en proposer une vision décalée à partir de masques aux allures de caricatures et de costumes vintage. Le langage s’est absenté, laissant au corps le soin de prendre en charge les péripéties de leur théâtre qui, cette fois-ci, s’installe dans un hôtel de famille repris en main par une vieille dame et ses enfants au cœur des Alpes.
Nés la même année, ces deux-là ne cessent de se croiser et se retrouvent pour la création de La Maison au théâtre de la Colline du 17 janvier au 11 février. Julien Gaillard en est l’auteur et l’un des acteurs, Simon Delétang en signe la mise en scène. Le texte fait 12 pages et observe trois frères dans leur maison. « Un jour, ils y découvrent une pièce condamnée, aux fenêtres murées, et observent des ombres qui bougent dans le miroir d’une armoire. Guidés par leurs sens, ils visitent la maison de pièce en pièce en quête de ses mystères. » L’enfance et le merveilleux, l’enfance et les frayeurs nocturnes, l’enfance et ses rapports avec l’invisible. Pour Simon Delétang, Julien Gaillard « fait surgir les angoisses enfouies à l’écoute et à la découverte du monde. La transgression devient une forme d’apprentissage et c’est par les mots qu’il nous guide à travers les herbes hautes des fantasmes de la fratrie. »
A mi-chemin entre l’enquête policière et l’investigation familiale, A la trace est le fruit d’une collaboration entre l’auteure Alexandra Badea et la metteure en scène Anne Théron (du 25 janvier au 10 février au TNS de Strasbourg). On y suit les pérégrinations de Clara, 25 ans, qui retrouve après la mort de son père le sac à main d’une femme. Seul indice : son nom, Anna Girardin. Elle se met à sa recherche. Sur le plateau, quatre actrices se partagent les rôles comme autant de variations sur la figure de la mère. Sur l’écran, quatre acteurs défilent, témoignent de ces rencontres sur le web où, à défaut de faire confiance au réel, on » se fait des films » sur de possibles rencontres…
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