Rubrique hebdomadaire des spectacles à ne pas manquer du 26 au 31 mars.
LE spectacle attendu de la semaine, c’est Tartuffe de Molière mis en scène par Luc Bondy aux Ateliers Berthier du théâtre de l’Odéon (du 26 mars au 1er juin). C’est par cette même pièce que Luc Bondy faisait en juin dernier ses adieux au Wiener Festwochen qu’il avait dirigé pendant onze ans. C’est avec elle encore que le théâtre de l’Odéon honore la mémoire de Patrice Chéreau qui devait y créer au printemps Comme il vous plaira de William Shakespeare.
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Pour autant, ces deux Tartuffe n’ont en commun ni les acteurs ni le texte puisqu’à Vienne, Luc Bondy avait cosigné une version allemande avec Peter Stephan Jungk qui confirmait “l’ancrage de l’action dans une époque qui pourrait être la nôtre”. A Paris, Luc Bondy reprend le texte de Molière original, mais aussi le décor de Richard Peduzzi et les lumières de Dominique Bruguière de son Tartuffe viennois, deux collaborateurs de Luc Bondy qui devaient participer à la création de Comme il vous plaira avec Patrice Chéreau…
C’est à Micha Lescot que revient le rôle-titre, aux côtés de Gilles Cohen dans celui d’Orgon et de Clotilde Hesme dans celui de la femme d’Orgon. Alors, hypocrite, imposteur ou opportuniste à la sauce d’aujourd’hui ?
Au théâtre de la Ville, on retrouve le chorégraphe Emanuel Gat avec The Goldlanbergs qui renoue avec sa passion pour la musique en livrant ses danseurs à l’interprétation et au travail singulier de Glenn Gould, des Variations Goldberg de Jean Sébastien Bach à The Quiet in the Land (du 25 au 29 mars). Le festival international Exit de Créteil démarre le 27 mars avec l’exposition Micromacro (jusqu’au 12 avril) qui décline l’infini sous toutes ses formes à travers des installations, dispositifs numériques, projets web, vidéos, sculptures et performances. A cette occasion, Philippe Decouflé présentera une nouvelle collection de ses Opticons et les New-Yorkais du groupe Temporary Distortion une performance, My voice has an echo in it (du 27 mars au 5 avril) : 6 heures dans un couloir de 2 sur 7 mètres de long avec musique, texte et vidéo dans une mise en scène de Kenneth Collins.
A noter également les spectacles : Emilia de l’Argentin Claudio Tolcachir (du 27 au 29 mars), la rencontre entre l’artiste Théo Mercier et le groupe Sexy Sushi dans Du futur faisons table rase, un concert avec François Chaignaud, Marlène Saldana, Jonathan Drillet et Pauline Jambet en guise de guest stars (les 28 et 29 mars) ou, toujours dans la catégorie rencontre, celle entre le musicien Volker Bertelmann, alias Hauschka, et le danseur mozambicain Edivaldo Ernesto, dans An Encounter of Improvised (les 1er et 2 avril). Et pour ceux qui l’ont raté l’année dernière, courez retrouver les Chiens de Navarre dans leur opus chorégraphique : Les danseurs ont apprécié la qualité du parquet (les 4 et 5 avril). Un must….
Aux Gémeaux de Sceaux, réservez au plus vite pour la nouvelle création de Thomas Ostermeier, directeur de la Schaubühne de Berlin : La Vipère de Lillian Hellman (voir l’interview de Thomas Ostermeier dans Les Inrockuptibles, n° 955) avec la stupéfiante Nina Hoss dans le rôle principal (du 27 mars au 6 avril). Alain Platel est à l’honneur du festival de la Maison de la danse de Lyon, La Maison sens dessus dessous (du 25 au 29 mars) où il présente Tauberbach. On y retrouve également Movement C d’Ulf Langheinrich, Je suis un autre de Catherine Gaudet, Japan de Simon Tanguy et Debout ! de Raphaëlle Delaunay. Un festival présenté en association avec les Subsistances, sous l’intitulé Le Printemps de la création à Lyon.
Une belle façon pour les Subsistances de fêter ses dix ans lors d’un « week-end anniversaire ça va ? » (du 27 au 30 mars) : 4 jours de création danse, théâtre, cirque et musique en compagnie des chorégraphes Brigitte Seth et Roser Montlo Guberna, de la performeuse Romina Paula, du Big Dance Theater, du calamiteux et jubilatoire Camille Boitel ou du circassien Nathan Israël. Et pour arroser les dix ans des Subsistances, on attend les créations de Jörg Müller, Gilles Pastor, Marie Vialle, Steven Cohen et l’installation d’Alain Buffard, EAT, qui nous a quitté récemment, trop tôt, trop vite…
Au Maillon de Strasbourg, Marta Gornicka présente Requiemachine, d’après les poèmes de Wladyslaw Broniewski (du 28 mars au 1er avril), un spectacle en polonais surtitré sous forme de chœur où les poèmes de Broniewski “résonnent comme un chant à la gloire de l’efficacité et du rendement des travailleurs”, un travail dans la lignée de ses précédents spectacles visant à créer un chœur tragique contemporain pour aborder la condition humaine.
L’Enfant de demain
Enfin, et c’est le projet qui nous tient le plus à cœur, Arnaud Churin crée L’Enfant de demain les 26 et 27 mars à la Scène nationale 61 d’Alençon, d’après Souvenez-vous de moi, l’enfant de demain de Serge Amisi, ex-enfant-soldat de la République démocratique du Congo. Un projet qui rend enfin justice à l’incroyable parcours de Serge Amisi, devenu artiste, auteur, marionnettiste et sculpteur, après sa démobilisation en 2001, réfugié politique vivant en France depuis quelques années et dont j’ai fait la connaissance à cette époque. C’est Mathieu Genet qui joue le rôle de Serge Amisi, lequel est présent aussi sur la scène, interprétant les autres rôles de ce récit qui couvre les six années de guerre qu’il a dû traverser.
Pour Arnaud Churin, “proposer de porter à la scène le texte de Serge Amisi, c’est entretenir la mémoire de ces enfants si maltraités, mais c’est également poser la question de la responsabilité, et pas uniquement celle des adultes qui ont commis ce crime contre l’Enfance. Son livre fait une révélation selon moi sur ce que c’est que l’enfance. Il nous raconte comment le ‘mal’ prend racine très facilement chez un enfant sans repère, car il répondra par la colère à l’injustice, transformant le trépignement pleurnichard d’un gosse en outil de destruction de la vie. Donc ces ‘failles’ communes à tous les parents, à toutes les éducations, font courir un grand danger à l’enfant. Aussi, la société doit proposer un cadre qui soit un ‘sanctuaire’ pour l’Enfance, une clôture inviolable nommée par la loi et protégée par des institutions. C’est ainsi que notre travail entend rappeler l’importance de ce qu’en droit français l’on appelle, je crois, « l’excuse de minorité ». En effet, s’il est un réconfort au moins pour ces enfants soldats, c’est de considérer que mineurs, ils n’étaient pas responsables de leurs actes.”
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