Chronique hebdomadaire des spectacles à ne pas manquer du 28 janvier au 3 février
Il y a un peu de Hamlet dans la folie du docteur Igniatievitch Kerjentsev, meurtrier de son meilleur ami et interné en asile psychiatrique. La Pensée, de Leonid Andreïev est le deuxième volet d’un triptyque sur le thème de l’enfermement de la cie Forage, un spectacle traduit, conçu et interprété par Olivier Werner (jusqu’au 15 février au TGP de Saint-Denis) pour qui “La Pensée est aussi une réflexion sur l’acteur. Le docteur Kerjentsev est un meurtrier qui simule son rapport à l’existence pour ne pas endosser la responsabilité de ses actes et de ses paroles. Il déploie une immense énergie créatrice à paraître ce qu’il n’est pas, au point de ne plus savoir qui il est devenu”.
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Autre triptyque avec la plongée dans la mémoire fantasmée d’une famille après la disparition de la figure du père : Rabah Robert – Touche ailleurs que là où tu es né, écrit et mis en scène par Lazare (du 30 janvier au 15 février au Théâtre de Gennevilliers). “Ce projet est le dernier volet du triptyque commencé avec Passé – je ne sais où, qui revient et Au pied du mur sans porte, précise Lazare. On retrouve les mêmes personnages mais d’une pièce à l’autre, quelque chose en eux a changé. J’ai cherché longtemps le titre, je m’en suis tenu à Rabah Robert parce qu’il est l’évocation de deux pays séparés, loin et si proches. La France, un pays soudé à un autre, l’Algérie, qui tantôt disparaît tantôt apparaît à la surface.”
A l’heure où la Tunisie est enfin dotée d’une Constitution, le Tarmac présente, du 28 janvier au 7 février, Macbeth : Leïla and Ben – A bloody history, un spectacle docu-fiction, musical et théâtral, qui retrace l’histoire de la Tunisie sous Ben Ali, de Lotfi Achour, créé à Tunis en janvier 2013.
Quatre représentations seulement pour découvrir Seul dans Berlin, d’après le roman de Hans Fallada, dans la mise en scène de Luk Perceval au Théâtre Nanterre-Amandiers (du 29 janvier au 2 février). Publié en 1947 à Berlin-Est, l’année de la mort de l’auteur, Seul à Berlin nous plonge dans la résistance allemande au régime nazi et relate les conditions de survie des citoyens allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, à travers l’histoire du couple Otto et Elise Hampel, exécutés le 8 avril 1943 pour des actes de résistance et dont le dossier à la Gestapo a été transmis à l’auteur, Hans Fallada, après guerre.
Pippo Delbono est de retour au Théâtre du Rond-Point de Paris, avec sa dernière création : Orchidées (du 29 janvier au 16 février), un spectacle que Patrick Sourd a vu récemment à Rome (voir article dans les Inrockuptibles du 29 janvier) et qu’il résume ainsi : “En mémoire de sa mère disparue en mai 2012, Pippo Delbono nous emmène de par le monde en assumant plus que jamais son destin de fils prodigue.” A signaler aussi, toujours au Rond-Point, une série de conférences-performances sur le travail (du 30 janvier au 29 mars), intitulée : Trousses de secours en période de crise. Coup d’envoi les jeudi 30 janvier avec l’historien Pascal Blanchard : L’Entreprise des zoos humains, et vendredi 31 janvier avec la philosophe Barbara Cassin : Homme performatif.
Au 104, on s’intéresse au Moral des ménages, d’après le roman d’Eric Reinhardt, mis en scène par Stéphanie Cléau (du 30 janvier au 9 février), avec Mathieu Amalric dans la peau du héros du roman, aux côtés d’Anne-Laure Tondu qui incarne à elle seule sur le plateau toutes les femmes de sa vie.
On a hâte de découvrir Olivier Dutilloy dans le rôle de Macbeth et Anne Girouard dans celui de Lady Macbeth, mis en scène par Anne-Laure Liégeois au Théâtre 71 de Malakoff (du 31 janvier au 14 février) qui se donne comme unique feuille de route un mot : “On a souvent dit que Macbeth était un cauchemar. Partir de ce mot. Le cauchemar appartient au plus intime. A soi perdu dans la nuit, avec l’esprit pour seul guide.”
Belle distribution pour cette mise en scène de Michel Fau du Misanthrope de Molière au Théâtre de l’Œuvre (à partir du 30 janvier). Michel Fau se réserve le rôle-titre aux côtés de Julie Depardieu et Edith Scob. On se régale à l’avance de lecture de cette pièce par l’acteur et metteur en scène qui la résume en trois mots : “Un cauchemar à la fois grotesque et effrayant.” Miam….
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