Chronique hebdomadaire des spectacles à ne pas manquer du 14 au 20 janvier.
Difficile de s’en tenir à une sélection condensée cette semaine. Paris ou Province, c’est le même emballement côté premières de spectacles ou de festivals…
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Hier soir, lundi 13 janvier, au TGP de Saint-Denis, Alain Françon nous a livré avec Les gens, son énième mise en scène d’un texte d’Edward Bond, présent dans la salle… Ce long compagnonnage entre les deux hommes de théâtre, l’un à la plume, l’autre sur le plateau, est tel que désormais, Edward Bond écrit directement pour Alain Françon et ses acteurs, dont cette pièce, Les gens, qui est la quatrième d’un cycle de cinq, intitulé La Quinte de Paris. Une version ultra sombre, pour ne pas dire lugubre et, malgré tout, ensoleillée par la présence de Dominique Valadié, d’En attendant Godot, version post-nucléaire, aux alentours de 2077… (jusqu’au 7 février au TGP de Saint-Denis, en tournée à la Comédie de Saint-Etienne du 11 au 14 février et à la Comédie de Valence les 19 et 20 février ; au TNP de Villeurbanne du 26 février au 8 mars).
Ce même lundi 13 janvier, démarrait au Théâtre Paris-Villette le Showtime du chorégraphe Mark Tompkins (jusqu’au 17 janvier), spectacle avec lequel il clôt sa trilogie sur le théâtre musical. Chorégraphies loufoques dans des costumes authentiques des Folies Bergères et du Casino de Paris, sur des musiques alternant le rock, le blues, le jazz et la soul, Showtime joue des conventions les plus étriquées sur les thèmes de l’identité et les troubles du genre pour les faire exploser en vol. On y suit les aventures de Gladys, diva de cabaret, et de Jimmy, son protégé et meneur de revue ambitieux. Bonnets de nuit s’abstenir…
En ces temps tristement livrés à la haine du négationnisme le plus primaire, on ne peut que saluer la création du Viol de Lucrèce, l’opéra de Benjamin Britten, sur un livret de Ronald Ducan mis en scène par Stephen Taylor, dans une direction musicale de Maxime Pascal au théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet (du 14 au 19 janvier). Stephen Taylor rappelle que cet opéra fut écrit en 1946, au retour d’une tournée de réconciliation en Allemagne : « Ebranlé par ce qu’il voit lors d’un concert qu’il donne avec Yehudi Menuhin dans le camp libéré de Bergen-Belsen, (…) et face à l’angoisse qu’il éprouve envers le mal dans la société guerrière, politicienne et domestique, Britten oppose le lyrisme de l’innocence, le courage de la résistance et la force de la dignité ».
Opéra encore, avec la reprise à l’Opéra Bastille de Werther de Jules Massenet, dirigé par Michel Plasson, dans la mise en scène de Benoît Jacquot (du 19 janvier au 12 février), avec Roberto Alagna et Karine Deshayes.
A la MC2 de Grenoble, Jacques Osinski met en scène Don Juan revient de guerre, d’Ödon von Horvath (du 14 janvier au 1er février), pièce splendidement mélancolique qui suit le retour de Don Juan, soldat hébété au sortir des tranchée de 14-18, à la recherche de sa fiancée, jadis abandonnée…
Marilyn Monroe est de retour, au CDN d’Orléans, à travers ses textes, Fragments (du 15 au 23 janvier) traduits par Tiphaine Samoyault, adaptés et mis en scène par Samuel Doux et interprétés par Lolita Chammah qui se souvient : « Le premier film que j’ai vu c’était Les hommes préfèrent les blondes de Howard Hawks. (…) Enfant, je jouais à être Marilyn. Aujourd’hui ce qui rend imaginable ce projet, c’est justement de ne pas tenter de l’interpréter, de ne pas chercher l’incarnation, mais plutôt de la retrouver au travers de ses textes d’abord et de mon enfance aussi. Fille de comédienne reconnue, ma mère est Isabelle Huppert, il y a chez moi cet écartèlement entre le désir du regard et celui de la reconnaissance ».
Pour sa 7e édition, l’excellent festival international Des souris et des hommes du Carré de Saint-Médard-en-Jalles se surpasse et nous fait regretter de ne pas être bordelais, au moins quelques jours (du 16 janvier au 1er février)…. Au menu, entre autres : l’incontournable et désopilant Quand je pense que nous vieillirons ensemble des Chiens de Navarre, le Swamp Club de Philippe Quesne, la Suissesse Eugénie Rebetez qui se voit encore et toujours en haut de l’affiche, l’Argentin Mariano Pensotti…
Retour à Paris avec deux premières notables au théâtre du Rond-Point cette semaine : Prélude à l’agonie, mis en scène par Sophie Pérez et Xavier Boussiron (du 16 au 25 janvier) qui, d’après Patrick Sourd, « décapent les codes du western à l’acide et abordent l’Ouest par son versant cauchemardesque dans un requiem aussi mortifère qu’hilarant ». Quant au trio Philippe Decouflé, Alice Roland et Christophe Salengro, ils nous concoctent une lecture-démonstration de Marcel Duchamp mis à nu par sa célibataire, même (du 17 au 31 janvier), à partir d’un texte librement inspiré de Correspondances Marcel Duchamp – Henri Pierre Roché.
Sans oublier, bien sûr, la première des Fausses confidences de Marivaux, mis en scène par Luc Bondy au théâtre de l’Odéon (du 16 janvier au 23 mars) avec une distribution hors pair : Isabelle Huppert, Jean-Damien Barbin, Manon Combes, Louis Garrel, Yves Jacques, Bulle Ogier et Bernard Verley. (voir notre article dans Les Inrockuptibles n°946 et notre dossier Rentrée Scènes).
Enfin, pour tous ceux qui l’ont raté cet été à Avignon, il est urgent de courir à Nanterre-Amandiers pour le premier spectacle de Christoph Marthaler visible en 2014, King Size, un récital de chant imparable, impayable, à l’humour aigre-doux (du 18 au 25 janvier).
Fabienne Arvers
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