Une sélection de spectacles à ne pas manquer ce mois-ci.
Pour cette dernière partie de nos recommandations du mois de septembre, on vous propose des relectures des œuvres de Dostoïevski, Sénèque et Enesco, des danses pour décentrer le regard et un parcours chorégraphique fascinant.
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Les Démons, d’après Fiodor Dostoïevski, mise en scène de Guy Cassiers
C’est le spectacle événement de cette rentrée à la Comédie-Française : le metteur en scène Guy Cassiers crée Les Démons, d’après Fiodor Dostoïevski, à découvrir du 22 septembre au 7 janvier.
Au cœur du roman, le thème du nihilisme, considéré comme une des sources de la modernité. Albert Camus, qui en signa une adaptation, considérait que “Dostoïevski est d’abord l’écrivain qui, bien avant Nietzsche, a su discerner le nihilisme contemporain, le définir, prédire ses suites monstrueuses et tenter d’indiquer les voies du salut”. Le monter aujourd’hui, pour Guy Cassiers, c’est interroger ce qui dans Les Démons, fait écho à “bien des situations que nous vivons à notre époque. L’Europe, le monde entier même, traversent une période historique où les idéalismes, les idées philosophiques ou politiques ne constituent plus des références, des points de repère pour les membres du corps social. Le grand danger est que ces moments d’incertitude, où les gens ne trouvent pas de réponses à leurs questions, laissent le champ libre à des individus qui profitent de la situation pour annoncer qu’il faut tout détruire.”
Médée de Sénèque, mise en scène par Tommy Milliot
C’est une première dans le parcours du metteur en scène Tommy Milliot qui, jusqu’ici, n’a travaillé que sur des textes contemporains. Pourtant, en choisissant de mettre en scène la Médée de Sénèque à La Criée de Marseille, du 23 septembre au 3 octobre, dans la traduction de Florence Dupont, c’est bien à la modernité du texte qu’il s’attache.
“Ce qui m’a retenu dans la pièce de Sénèque, plus que chez Euripide, auteur d’une Médée de référence, c’est ce point commun avec les pièces contemporaines que j’ai pu mettre en scène avec la compagnie. Cette possibilité d’incarnation des mots évoque le théâtre anglo-saxon. Le texte de Sénèque est succinct, proche de Shakespeare par exemple, qui d’ailleurs en a subi l’influence. Si j’ai souhaité amener cette écriture vers le contemporain, c’est aussi lié à mon parcours, à mon intérêt pour la tragédie originelle.” Certes, une fois de plus, famille et tragédie ont partie liée dans son théâtre – cette fois-ci, à travers la figure mythique du monstre et de l’infanticide.
>> À lire aussi : Réserver : les spectacles à ne pas manquer en septembre 2021 ! (partie 3)
Œdipe de Georges Enesco, mise en scène par Wajdi Mouawad
Pour sa première création à l’opéra Bastille, du 23 septembre au 14 octobre, Wajdi Mouawad a choisi Œdipe de Georges Enesco, sous la direction musicale d’Inge Metzmacher. Créé en 1936, l’opéra est un succès ; pourtant, on ne le verra quasiment pas sur les scènes lyriques du XXe siècle. Lorsque Wajdi Mouawad découvre, à 23 ans, les œuvres de Sophocle, il est frappé par “son obsession à montrer comment le tragique tombe sur celui qui, aveuglé par lui-même, ne voit pas sa démesure.” Il y voit aussi un lien avec le moteur de sa propre écriture.
“Dans Œdipe roi, on alarme Œdipe sur le fait que la révélation de sa propre vérité va être dangereuse. Mais ce n’est pas la révélation en tant que telle qui est dangereuse, c’est la vitesse à laquelle il fait face à la révélation. La vérité d’Œdipe est celle-ci : il a tué son père et couché avec sa mère. C’est la précipitation de cette vérité qui lui crève les yeux. Ce rapport à la révélation et à la vitesse de celle-ci fut fondamental pour moi, dans mon écriture. Mes textes ne parlent que de ça : de la révélation dans un monde privé d’enchantement.” Avec Christopher Maltman dans le rôle d’Œdipe, Clive Bayley dans celui de Tirésias, Brian Mulligan dans celui de Créon, Adrian Timpau dans celui de Thésée, Ekaterina Gubanova dans celui de Jocaste.
“Excentriques”, danses intempestives à la Briqueterie, CDCN du Val-de-Marne
C’est le nouveau rendez-vous initié par Sandra Neuveut, directrice de la Briqueterie, CDCN du Val-de-Marne, “Excentriques”. Du 22 au 25 septembre, on y retrouvera les deux artistes (associé·es de l’établissement) Volmir Cordeiro, avec Trottoir et Outrar, et Nadia Beugré avec Quartiers libres et Roukasskass Club. L’objectif ? Décentrer les regards et mêler des “œuvres joyeuses, féminines, puissantes, rageuses ou métaphoriques.”
“Excentriques” présente également les pièces de Poliana Lima (Brésil), Marta Izquierdo Muñoz (Espagne), Bryana Fritz (États-Unis), Masako Matsushita (Italie/Japon), Aina Alegre (Espagne) et Yannick Hugron (France).
“Correspondanse” à Vitry-sur-Seine et Châtillon
Deux lieux – le théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine et le théâtre de Châtillon – s’associent pour un parcours chorégraphique croisé, du 24 septembre au 12 octobre.
La programmation est alléchante. Citons notamment Undivided de Meytal Blanaru, Larsen C de Christos Papadopoulos, Passionnément de Maxence Rey, Lumen de Jasmine Moran, Oüm de Fouad Boussouf ou Guerillères de Marta Izquierdo Muñoz.
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