Une sélection de spectacles à ne pas manquer ce mois-ci.
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Pièce d’actualité n°17 : en vrai, mise en scène Marie-José Malis
Le titre complet de la 17e Pièce d’actualité créée au théâtre de la Commune d’Aubervilliers du 23 mars au 3 avril est Une enquête sur scène. Episode 1/Libye : l’enfer des exilés. Elle est aussi d’un nouveau type : en invitant sur scène deux journalistes d’investigation, Étienne Huver et Jean-Baptiste Renaud, Marie-José Malis lance la création de pièces journalistiques. Leur documentaire sur la traversée et le sauvetage des migrants en Méditerranée est le point de départ de ce nouvel opus pour partager avec le public la totalité des informations recueillies sur le bateau SOS Méditerranée et dans un camp de rétention libyen. Ils seront accompagnés sur le plateau de Mamadou M’Boh, comédien réfugié qui a fait la traversée par le Maroc.
Et pour celleux qui se demanderaient quelle est la différence entre la vision d’un documentaire et cette proposition théâtrale, Marie-José Malis l’énonce clairement : “Ce qui me frappe le plus, c’est que le théâtre organise des effets de réel. Nous passons sur les images et les mots habituellement, mais là, par le procédé des longs rushes notamment, sans coupes, sans commentaires, c’est comme si cela scarifiait notre œil et notre cœur. Et c’est une autre intelligence. On a l’impression de comprendre parce qu’on sent enfin. C’est un peu ce que Brecht visait par la ‘pédagogie de l’effroi’. Ne pas pouvoir oublier et donc, peut-être, ensuite commencer à vouloir agir.”
Une cérémonie, mise en scène Raoul Collectif
Quand il se présente, le collectif belge n’y va pas par quatre chemins : “Nous sommes des Quichottes lorsque nous partons nous battre avec des armes usées et poussiéreuses contre le capital, contre la finance, contre la bêtise et les profits, contre le patriarcat et la fascination du pouvoir, contre les esprits étriqués et les discours dominants. En ce qui nous concerne, ces armes sont le théâtre, la parole, les mots, les corps, les voix, la musique, l’ivresse poétique. Et l’intelligence collective.” Démonstration exultante avec leur troisième spectacle, Une cérémonie, au théâtre de la Bastille du 22 mars au 2 avril.
Scènes de violences conjugales, mise en scène Gérard Watkins
Initiée par le théâtre de la Cité à Marseille, la Biennale des Écritures du réel qui vient de débuter se déroulera jusqu’en juin 2022. Mettant en dialogue création artistique, sciences humaines et recherche scientifique, elle se décline en plusieurs traversées thématiques. La première, du 17 mars au 8 avril, s’intitule S’écrire et réunit des artistes qui, “de l’intime au corps social, se confrontent au réel et questionnent ces territoires sensibles que sont l’identité et la relation à l’autre”. Au programme, notamment, le spectacle Scènes de violences conjugales de Gérard Watkins les 28 et 29 mars, la rencontre Sur les bouts de la langue, traduire en féministe/s avec Noémie Grunenwald ou la création partagée, Atout genre, de Carole Errante.
“Scènes de violences conjugales est né du désir de travailler sur la violence conjugale, pour y décrire la violence faite aux femmes telle qu’elle se pratique aujourd’hui dans le monde, indique Gérard Watkins. Violences physiques, psychologiques, sexuelles, économiques, administratives, et sociales. Une pratique héritée du droit du plus fort qui perdure au moment où la femme revendique sa juste place, équitable, au sein d’une société où la domination masculine est toujours prégnante. Une sorte de plongée au cœur du sujet, en sa combustion, cherchant par tous les moyens du théâtre à le cerner et à le comprendre. Les chiffres parlent d’eux mêmes, et sont consternants : une femme meurt tous les trois jours suite aux coups portés par un homme. À partir d’improvisation, d’un travail à la fois intérieur et physique, réaliste et musical, mélangeant récits narratifs, souvenirs, et scènes vécues en direct, le Perdita Ensemble propose cette réflexion à cœur ouvert sur les origines de cette violence, et sur sa méthode. Comment elle s’installe, s’insinue, se déploie et perdure. Elle propose aussi une porte de sortie, par le travail, la parole et l’écoute de l’autre, en suivant à la trace le difficile parcours vers la libération de ses deux héroïnes.”
Festival 100 % à La Villette
Expos et spectacles se partagent l’affiche du festival 100 % à La Villette du 25 mars au 30 avril. Côté théâtre, Tommy Milliot avec Médée pour une ouverture au top (du 25 au 28 mars), suivie des créations de Thomas Jolly (Le Dragon, du 14 au 17 avril) et d’Hiroaki Umeda (Vibrance / Median du 7 au 9 avril). La danse n’est pas en reste avec Recovering de Linda Hayford et le mythique Golden Stage pour un plateau partagé avec Unbounded de Femme Fatale et Rave Lucid de Mazel Freten, du 31 mars au 2 avril. Enfin, Crystal Pite et Jonathon Young présentent Revisor du 21 au 24 avril.
Deux concerts pour la paix en Ukraine
Le premier se déroule à l’Opéra de Paris le 27 mars au Palais Garnier. Sous la direction musicale de Carlo Rizzi, la soirée réunira les étoiles, les premières danseuses et premiers danseurs, et le corps de ballet, l’orchestre et les chœurs de l’Opéra national de Paris, avec la participation exceptionnelle des artistes lyriques invité·es : Liudmyla Monastyrska, John Daszak, Russell Braun, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur et Emanuela Pascu.
L’ensemble des artistes participent bénévolement à la soirée et la recette sera intégralement reversée au collectif Alliance Urgences en Ukraine, qui réunit six grandes associations humanitaires de terrain françaises, expertes en crises humanitaires : Action contre la faim, CARE, Handicap International, Médecins du Monde, Plan International et Solidarités International.
Le second a lieu le 28 mars au Monfort théâtre avec le groupe ukrainien DakhaBrakha, habitué du Monfort. “On se souvient des DakhaBrakha et de leurs différents passages sur la scène du Monfort il y a quelques années, et cet été encore au festival Paris l’été, annoncent Laurence De Magalhaes et Stéphane Ricordel, directeur·rices du Monfort. Forcés par des circonstances dramatiques, ils reviennent aujourd’hui. Nous souhaitons célébrer nos retrouvailles et les accueillir avec vous à bras ouverts. La culture nous permet d’aller à contre-courant, et de réinventer le monde. Être ensemble, partager un moment de joie, de douceur avec ces artistes qui malgré eux mais avec conviction commencent une nouvelle vie à nos côtés. Le 28 mars, nous mêlerons nos plus belles énergies, notre soif d’utopie et d’action pour leur souhaiter la bienvenue et envisager un monde meilleur. Cette soirée ne marque pas la fin d’un rêve, mais le début d’un idéal plus vaste encore.” L’ensemble des recettes de cette soirée sera reversé à la Croix-Rouge française.
Fabienne Arvers
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