Une sélection de spectacles à ne pas manquer ce mois-ci.
Nicolas Bouchaud, Robert Wilson et Franck Chartier sont notamment au programme des spectacles conseillés en ce début du mois de décembre 2021.
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Un vivant qui passe, de Nicolas Bouchaud, Eric Didry, Véronique Timsit
Pour l’acteur Nicolas Bouchaud, c’est la lecture qui a insufflé plusieurs de ses projets : La Loi du marcheur, d’après Serge Daney ou Le Méridien de Paul Celan. Pour cette nouvelle création, Un vivant qui passe, il s’agit du documentaire de Claude Lanzmann réalisé à partir de rushes non utilisés dans Shoah. À nouveau entouré d’Eric Didry et de Véronique Timsit pour la conception du spectacle, il est accompagné sur le plateau par Frédéric Noaille (du 2 au 23 décembre, théâtre de la Bastille).
Après avoir vu le documentaire sur Arte, Nicolas Bouchaud a obtenu l’accord de Claude Lanzmann pour en faire un spectacle, ce dernier lui ayant également fourni des rushes non utilisés dans le documentaire, parfois pour des raisons de durée imposée par la chaîne de télévision : “Notamment des éléments qui concernent le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) comme institution, indique Nicolas Bouchaud. Car Un vivant qui passe n’est pas seulement le drame du seul Maurice Rossel, c’est celui d’un homme pris dans cette période de l’histoire et dans des mécanismes bureaucratiques qui font qu’à un moment, tout le monde savait ce qu’il se passait, et que pourtant rien n’a été fait. L’extermination des juifs d’Europe centrale vient certes, au départ, d’une idéologie raciste, mais ce n’est pas le racisme à lui seul qui rend possible une telle production industrielle de cadavres. C’est l’ingénierie sociale, ce sont les industries, l’économie. C’est le silence et le mensonge de l’Allemagne, de la France, de la Suisse, des pays européens et de leurs institutions.” Il faut le rappeler en ces temps de résurgence de l’antisémitisme qui font froid dans le dos et réclament notre vigilance et notre indignation.
Impatience, festival du théâtre émergent
Sept théâtres d’Île-de-France s’associent pour cette 13e édition d’Impatience, festival du théâtre émergent, qui se déroule du 4 au 16 décembre. L’ouverture se fait au théâtre de Sartrouville le 4 décembre avec Là où je croyais être, de la compagnie Shindo et Loss, de la compagnie Ex-Oblique. Au total, une douzaine de compagnies concourent, que ce soit au CentQuatre, Paris, aux Plateaux Sauvages, au Jeune théâtre national, au TLA de Tremblay-en-France, au théâtre de Chelles, au théâtre de Sartrouville ou au théâtre 13 de Paris.
Turandot, de Giacomo Puccini, mise en scène Robert Wilson
Turandot par Robert Wilson : le projet tombe sous le sens. Réputé pour son univers visuel épuré, ses influences extrême-orientales, ses jeux d’ombres et ses masques hallucinés, Bob Wilson (79 ans) semblait prédestiné à s’emparer de la mise en scène de l’ultime opéra du compositeur italien Giacomo Puccini. L’histoire légendaire de la princesse chinoise sanguinaire, réactualisée par le théâtre nô cher au maître américain, pourrait connaître un succès comparable à l’incontournable Madame Butterfly, créé il y a 25 ans – c’est le chemin que prend ce spectacle depuis sa première à Madrid en 2018. Construit comme une succession de tableaux, animé par le trio burlesque Ping, Pang et Pong et sublimé par les voix d’Elena Pankratova, Vanessa Vasquez ou encore Gwyn Hughes Jones, Turandot devrait clôturer l’année 2021 en beauté à l’Opéra de Paris (du 1er au 30 décembre).
Didon et Enée, mise en scène Franck Chartier/Peeping Tom
Cette nouvelle production de l’Opéra de Lille (du 3 au 10 décembre) autour de Didon et Enée d’Henry Purcell réunit Emmanuelle Haïm à la direction musicale et Franck Chartier de la compagnie Peeping Tom à la mise en scène. Pour explorer les amours contrariées de Didon et Enée, Franck Chartier développe avec les performers de Peeping Tom un récit parlé et dansé, interprété en parallèle de l’histoire originelle. “On est partis sur l’histoire d’une femme riche qui tombe amoureuse de l’un de ses serviteurs, un serviteur immigré qui vient d’arriver avec son fils d’un pays en guerre, précise le metteur en scène. Elle s’éprend de lui et, parallèlement, se projette dans l’opéra Didon et Énée qu’elle demande obsessivement à son orchestre et à ses chanteurs de jouer.” Une projection qui redouble le drame originel. Ajoutez à cela la musique additionnelle composée par Atsushi Sakaï et nul doute que cette Didon et Enée en sortira transfigurée !
Sentinelles, de Jean-François Sivadier
Pour Sentinelles, créé au TNP de Villeurbanne du 3 au 19 décembre, dont Jean-François Sivadier signe le texte et la mise en scène, le déclencheur du spectacle remonte à une vingtaine d’années lorsqu’il lit Le Naufragé, roman de Thomas Bernhard “construit comme une suite de variations musicales, un immense soliloque, dans lequel l’écrivain interroge les rapports entre trois amis, tous les trois pianistes virtuoses, chacun promis à une brillante carrière de soliste : Wertheimer (celui que Bernhard appelle le naufragé), Glenn Gould et le narrateur lui-même”. Si l’amitié les relie, le talent des uns ne peut se mesurer au génie du troisième. Sentinelles, au final, interroge le rapport que chaque artiste entretient avec le monde, en accord ou pas avec son être profond. Au plateau, Vincent Guédon, Julien Romelard et Samy Zerrouki campent ces trois musiciens, “à la fois liés et irréconciliables”.
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