Une sélection de spectacles à ne pas manquer ce mois-ci.
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Rituels 4 : Le Grand Débat d’Émilie Rousset et Louise Hémon
Difficile de faire plus raccord avec l’actualité que la reprise du spectacle d’Émilie Rousset et Louise Hémon, Rituels 4 : Le Grand Débat, qui recrée un débat télévisé de second tour de l’élection présidentielle, à partir d’archives des débats de 1974 à 2021. Car, c’est un fait indéniable, “ce débat est bien autre chose qu’une ultime séquence de la course à l’électeur·rice. Il est un événement d’une exceptionnelle dramaturgie où s’exacerbent les émotions individuelles et collectives, un spectacle marqué par la nervosité constante et le souffle de ses protagonistes, une pièce de théâtre atypique dont on connaîtrait les personnages, le décor, la mise en scène, mais qui s’écrirait en direct sous les yeux du public”, constatent justement Émilie Rousset et Louise Hémon.
Interprété par Emmanuelle Lafon et Laurent Poitrenaux, ce spectacle créé en 2018 aura cette fois-ci, à la veille du second tour de l’élection présidentielle, une densité particulière. Présenté les 22 et 23 avril au Centre Pompidou, il se verra augmenté d’extraits du débat du 20 avril entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen dont, à l’heure où nous écrivons ces lignes, nous ignorons encore la teneur. Suspense…
Flowers (we are), chorégraphie Claire Croizé et Matteo Fargion
Rainer Maria Rilke est à nouveau au cœur de la nouvelle création chorégraphique de Claire Croizé, Flowers (we are), présentée au théâtre de la Bastille du 19 au 22 avril. Une évidence pour Claire Croizé : “Il y a quelque chose dans les vers de Rilke qui déclenche le mouvement. Sa façon de décrire le corps. D’en éprouver le sens et la finitude.” Mais cette fois-ci, sa poésie, principalement la seconde Elégie de Duino incarnée par les danseur·ses, est entremêlée aux préludes du Clavier bien tempéré de Bach réinterprétés par le compositeur Matteo Fargion, accompagné de sa fille chanteuse, Francesca Fargion.
Autant dire que Flowers (we are) porte la marque d’une collaboration où l’interprétation et la réinvention d’une forme initiale fondent un processus créatif qui restitue le projet de la pièce : “Durant le cheminement de la pièce, tout l’enjeu était de rendre palpable cette attention à l’autre. Dans le toucher, dans le regard, dans le rapport au public, dans le lien qu’entretiennent les interprètes mais aussi entre les corps des danseurs et les corps des musiciens.”
Singulis et Simul de Frédéric Nauczyciel et le Studio House of HMU
De Paris à Baltimore, le plasticien et réalisateur Frédéric Nauczyciel ne cesse de planter sa caméra pour saisir les états de corps traversés de désir. Passant de l’autre côté de la scène, il compose cette fois avec une troupe cosmopolite de vogueur·euses, musicien·nes et performeur·euses, faisant de Singulis et Simul un manifeste pour le temps présent. Télescopage jouissif où le baroque entre en collision avec les cultures urbaines, ce spectacle est à la fois poétique et politique. Avec comme chef de troupe Vinii Revlon et la présence exceptionnelle du danseur de baladi Alexandre Paulikevitch, cette création rend hommage à la post-modern dance et aux cultures de la marge. Rituel performatif enchanté, Singulis et Simul est présenté les 22 et 23 avril à la MC93 de Bobigny, dans le cadre de New Settings, programme de la fondation d’entreprise Hermès.
Tempest Project, mise en scène Peter Brook
Infatigable arpenteur des voies de la création, Peter Brook présente ces jours-ci aux Bouffes du Nord (du 21 au 30 avril) Tempest Project, un spectacle issu d’un workshop donné en février 2020 autour de La Tempête de Shakespeare avec un petit groupe de comédiens. Le hasard du calendrier fait résonner étrangement cet avis de tempête qui nous pend au nez et dont Peter Brook relève que précisément, “il y a un mot qui revient souvent dans la pièce, c’est le mot liberté. Et comme toujours avec Shakespeare, le mot n’est pas employé d’une manière évidente, il vient comme une suggestion, il résonne tout au long de la pièce comme un écho”. Que cet écho soit de bon augure, c’est tout ce que l’on souhaite…
La Maladie de la famille M. de Fausto Paravidino, mise en scène Théo Askolovitch
Après son épatant seul en scène, 66 jours, c’est au théâtre de la Cité Internationale que l’on retrouve Théo Askolovitch dans le cadre du Festival JT22. Il y met en scène La Maladie de la famille M. de Fausto Paravidino du 21 au 23 avril. Un auteur dont il se sent proche ; après avoir créé en 2017 Deux frères, mis en scène collectivement avec Tigran Mekhitarian et Souheila Yacoub, Théo Askolovitch s’attelle aujourd’hui au premier texte qu’il a entendu sur une scène de théâtre.
“Dès les premiers mots, je me suis tout de suite épris des phrases de Paravidino. Je me suis senti concerné, tellement proche de chaque personnage, chacun à sa manière. Au sein d’une même famille, qui ne communique pas, la fatalité n’a pas de hiérarchie. Je suis proche de chacune de leurs batailles, de leurs deuils, de leur tiraillement à dire ce qu’ils ressentent, de leur difficulté à parler aux gens qu’ils aiment. J’ai tout de suite su que je voudrais un jour faire quelque chose avec ce texte.” Créé en 2020, juste avant le premier confinement, le spectacle retrouve enfin le chemin des théâtres.
Fabienne Arvers
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