Cette figure majeure de la troupe Louis Brouillard s’est construite grâce à des échappées vers le rock et compte bien développer sa carrière au cinéma.
Depuis peu installée à Sète, sous les heureux auspices de Paul Valéry, Jean Vilar et des frères Di Rosa, Agnès Berthon prend un peu de repos, se ressource. Elle n’a pas de date avant fin décembre. “Ce n’était pas arrivé depuis des années, avoir autant de temps sans travailler !”
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Cariatide de la troupe Louis Brouillard, Agnès Berthon accompagne, joue et invente avec le fondateur de la compagnie, Joël Pommerat, depuis dix-neuf ans, une rencontre fondatrice pour l’actrice qui, finalement, n’avait que très peu joué avant de connaître le metteur en scène.
“Nous avons eu la télévision à la maison assez tôt. Je devais avoir 6 ans. Evidemment, elle était en noir et blanc. Je me souviens y avoir vu Entrée des artistes de Marc Allégret. J’ai été éblouie par Louis Jouvet dans le rôle d’un pédagogue. Je me suis dit : je veux être comme eux, je veux avoir un prof comme lui et je veux faire ce qu’ils font !”
Une escapade à Londres et des articles pour un journal rock
Agnès Berthon grandit à Nice, mais sa famille n’est pas très “théâtre”, plutôt cinéma américain. “Quand je suis arrivée à Paris pour entreprendre ma formation, je n’étais allée qu’une seule fois au théâtre. C’était pour voir Oncle Vania de Tchekhov avec l’école. Je ne saurais dire si c’était bien ou si nous avions été correctement préparés à cette rencontre-là. Mais je me souviens encore du non-événement que cela avait été et de l’ennui éprouvé.”
Le second rêve d’enfance d’Agnès Berthon était de faire de la musique : “Même si je n’ai jamais été foutue de tenir un instrument ! J’ai eu très tôt la passion de la musique, plus particulièrement anglo-saxonne et, pour aller droit au but, du rock’n’roll, que j’ai découvert sensiblement au même âge en écoutant les 45t de mes cousines germaines plus âgées qui avaient des disques des Beatles, des Rolling Stones et des Animals… Mon père avait les premiers 45t d’Elvis et ça, c’était une déflagration !”
En 1970, une fois ses études à Montpellier achevées et avant de monter à la capitale, Agnès Berthon, alors âgée d’à peine 20 ans, fait un crochet par Londres : “C’est la musique qui m’y a conduite. J’ai cumulé les boulots alimentaires pendant un an et demi et j’ai fait un peu de journalisme, j’écrivais sur des musiciens de rock que j’admirais. J’étais pigiste pour un magazine qui s’appelait Rock en Stock et je travaillais avec le photographe Antoine Giacomoni. Cette période de ma vie a été très formatrice.”
Un échec au Conservatoire, puis Marivaux à la Villette
Pourtant elle s’installe trois ans plus tard à Paris et débute sa formation de comédienne en allant droit au but ! “Il était évident que je devais me former au théâtre en France. Alors, en toute naïveté, j’ai tenté le concours du Conservatoire national supérieur après seulement trois mois de cours privés. J’ai évidemment été recalée par le directeur de l’époque, Robert Manuel qui, au passage, a été odieux. Heureusement, dans le jury, il y avait Claude Régy, qui s’est montré plus magnanime.”
« Une première rencontre importante en 1990, Christian Benedetti »
A Paris commencent les années d’apprentissage, les stages, les rencontres, une première expérience théâtrale dans un festival à la Villette avec La Dispute de Marivaux. “Des années difficiles et joyeuses, parce qu’il fallait tenir. Et puis j’ai fait une première rencontre importante en 1990, Christian Benedetti qui mettait en scène Liliom de Ferenc Molnár et que nous avons joué trois mois au Théâtre de la Tempête.”
Après quelques expériences malheureuses au théâtre et au cinéma, Agnès Berthon décide de s’installer à Rennes et de se consacrer à nouveau à la musique. Jusqu’à ce qu’une amie, pressentant qu’elle était faite pour ce théâtre-là, lui parle de Joël Pommerat. L’auteur-metteur en scène cherchait une comédienne pour une reprise de rôle.
Engagée sans faire d’essai
“Je n’avais pas joué au théâtre depuis trois ans. Nous nous sommes rencontrés dans un café de la place d’Italie, à Paris, en novembre 1997, où nous avons parlé pendant trois heures. Il m’a rappelée un mois plus tard, le 31 janvier, pour me dire que même si nous n’avions pas pu faire d’essai, il prenait le risque de me donner le rôle. Je lui ai répondu que j’étais enchantée de prendre le risque !”
Si elle a été, depuis dix-neuf ans, de tous les spectacles de Joël Pommerat, de Cet enfant à Ça ira ! (1) Fin de Louis, en accompagnant de l’intérieur l’irrésistible ascension de ce metteur en scène désormais incontournable et auquel elle n’a jamais fait faux bond, l’actrice rock rêve aujourd’hui d’échappées belles vers le cinéma. C’est qu’elle a tenu le rôle d’une marchande d’oiseaux dans le segment réalisé par Yann Gonzalez du triptyque Ultra rêve. Ça lui a donné des idées d’envol…
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