Removing confirme les bonnes dispositions chorégraphiques de Noé Soulier, qui sait provoquer une décharge de plaisir.
Qu’est-ce qui précède un mouvement et qu’est-ce qui lui succède ? Le vide de l’espace peut-être, semble répondre Noé Soulier dans Removing – création de saison, présentée en avant-première au dernier Festival d’Automne à Paris. En une heure, il va donc dilater la gestuelle des six danseurs convoqués sur scène. Soit une succession de mouvements comme autant de séquences d’un film-ballet.
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Soulier est parti d’une idée simple, évoquant des buts pratiques : “frapper, éviter, attraper, s’élancer”, que chaque danseur met en forme en puisant dans un vocabulaire quasi sportif, très physique. Le chorégraphe s’est également inspiré du jiu-jitsu brésilien. Dans ce dernier, il ne s’agit pas tant de dominer son adversaire – il n’y a pas de coups – que de le faire abandonner.
Danse classique et Forsythe
Dans Removing, il y a cette idée à l’épreuve, celle d’une impossibilité de finir une figure chorégraphique. C’est particulièrement vrai l’espace d’un duo (José Paulo Dos Santos et Nans Pierson) où la danse devient un exercice de séduction, jusque dans ses limites : deux corps au sol, comme saisis dans un effroi.
La démarche de Noé Soulier est à cet égard passionnante, qu’il s’intéresse au vocabulaire de la danse classique ou à celui de William Forsythe. Il y a chez cet archéologue du geste une volonté de détourner ce que l’on croit savoir. Pour mieux s’approprier d’autres connaissances.
Epuiser le soliste
Removing remonte en partie cette piste explorée précédemment dans Corps de ballet pour le CCN Ballet de Lorraine ou dans Mouvement sur mouvement. Mais il s’autorise autre chose : faire dérailler “l’unisson” des danseurs, épuiser le soliste dans l’effort. Et revenir à la danse seule.
Les interprètes – remarquables – réunis ici ne dialoguent pas entre eux ; pourtant, une énergie continue parcourt ces figures libres. Removing tente dès lors de produire sa propre étincelle qui provoque une décharge de plaisir… jusqu’au noir final qui annonce les saluts.
Removing le 21 janvier à Poitiers, les 23 et 24 à Toulouse, le 24 février à Bruxelles, le 19 mars à Lyon, le 12 mai à Artigues- près-Bordeaux
Noé Soulier > Removing from PACT Zollverein on Vimeo.
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