Le Mamac de Nice consacre une rétrospective à l’œuvre picturale de Sylvester Stallone. Christian Estrosi trouve ça super.
Beuahh
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“Beuahh !”, le borborygme que lâche le Sylvester des Guignols, incarnation du capitaliste va-t-en-guerre américain, en guise de salut au monde qu’il méprise, n’a jamais sonné aussi juste. Stallone, le vrai, le seul, vomit de la peinture sur des toiles. Ce qui relève après tout d’une pratique validée par l’histoire de l’art. Dans les années 60, les adeptes du mouvement de Gutaï peignaient avec leurs pieds, et les actionnistes viennois avec leur bite ou des tripes. Dès lors, on ne voit pas pourquoi l’acteur ne pourrait pas peindre comme un manche. Le problème est ailleurs. Cette tambouille, aux teintes saumâtres, avec zéro éclat et à la touche approximative (pas sûr que l’effet tremblé, qui fait penser à celui des naïfs, soit délibéré) révèle surtout une conception datée et puérile de la peinture : aux yeux, bridés, de Stallone, elle est manifestement le support des états d’âme et des blessures d’un être qui met tout sur la toile, sans tricher. Stallone le dit comme ceci : “La peinture est la forme la plus authentique, la plus honnête de tous les arts, parce que c’est simple, ça ne pardonne pas.” Beuahh.
Toi-même
Rocky paintings donc : il s’agit de se battre avec ses démons et le tableau est un ring, dont chacun sort éreinté. Ses toiles sont des boucheries. Très fréquentées. La liste des acteurs qui s’essaient au genre est longue, où pointent Jim Carrey, Juliette Binoche, Johnny Depp… Il faut ajouter à ces célébrités, des chanteurs (Paul McCartney et Marilyn Manson) et des hommes d’Etat (Vladimir Poutine ou George W. Bush). Or, tous ces gens font profession de jouer et de parler vrai. Qu’ils peignent révèle finalement leur défiance face à leur art : ni le chant, ni le cinéma, ni la politique ne seraient le véritable support où leur honnêteté s’exprimerait. Leurs œuvres sonnent comme un aveu : tous des menteurs, sauf quand ils peignent. La peinture, vue d’Hollywood, est une sainte et le tableau, un confessionnal.
Mic-Mamac
Sachant tout cela – les peintures de Stallone ne valent que par le nom de leur auteur –, on pourrait ne pas se demander pourquoi le Mamac, institution respectable et sérieuse, leur fait de la place : parce que le Festival de Cannes se tenait au même moment, parce qu’on ne peut pas compter sur les peintres pour faire l’affiche, mais que, oui, on peut toujours compter sur Rambo pour faire plus d’entrées. Les musées aussi ont besoin d’artistes bankables. Sauf que le musée n’est pas en cause : toute l’équipe a refusé de valider ce choix, d’accrocher les toiles et d’assister au vernissage. Stallone, incorrigible, serait donc passé en force. A moins que ce ne soit le maire Christian Estrosi qui l’ait infiltré dans les murs de ce musée municipal.
L’exposition de Sylvester Stallone en 3 chiffres
Des centaines de dollars
Ce que lui a coûté, notamment en “vêtements”, la pratique de la peinture comme il le confiait au Parisien. Et d’ajouter : “Quand vous commencez, vous vous fichez de tout le reste, vous en mettez sur votre montre, vous pouvez être en pyjama, ou sans d’ailleurs…” Ce qui, du coup,
fait des économies.
30 minutes
Sur le parvis du Mamac, Stallone a dû meubler, et se pavaner, en attendant le député-maire de Nice Christian Estrosi qui, instigateur de l’opération commando, jouait les prolongations à la frontière franco-italienne avec Manuel Valls et Bernard Cazeneuve.
1975
La rétrospective du Mamac couvre une période allant de 1975 à 2015. C’est en 1975 que Stallone peint Finding Rocky : la toile, paraît-il, l’aidera à écrire le scénario du film éponyme.
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