Remarqué en début d’année avec film auditif “Le Regard qui tue”, aujourd’hui à l’affiche de la compilation “La Relève” de Deezer, ce rappeur et producteur suisse s’affiche comme l’un des talents les plus innovants de la scène rap francophone.
Il est assez difficile de glaner des informations sur Varnish La Piscine, si ce n’est qu’il est suisse, membre de la SuperWakClique aux côtés de ses comparses Slimka, Di-Meh et Makala, qu’il officie parfois sous le nom de Pink Flamingo, et qu’il endosse aussi bien le rôle de rappeur que celui de producteur. Alors, quand on le rencontre à Paris, où il est de passage le jour de notre interview, on ne peut s’empêcher de lui demander : c’est qui, Varnish La Piscine ? « C’est vrai que j’ai été assez discret jusqu’ici… », s’amuse-t-il.
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Jephté Mbisi (de son vrai nom), 24 ans au compteur, grandit à Genève bercé par les CDs de sa grande sœur. Sa passion pour la musique débute véritablement à l’âge de 10 ans, un beau jour où il fait la découverte des « mecs qui ont changé [sa] vie ». « Ma sœur a pris son téléphone, elle a joué un son et… j’ai entendu « I Still Love You » produit par les Neptunes », se souvient-il, avant de préciser :
« Mes yeux se sont écarquillés, et immédiatement, j’ai décidé que j’allais faire de la musique. J’ai d’abord commencé par écouter beaucoup, beaucoup de choses, histoire d’avoir un peu de matière, de connaissances. Et vers mes 12 ans, j’ai commencé à produire, et un peu plus tard à rapper. »
Le cinéma, lui aussi, joue un rôle primordial dans son éducation. Passionné d’image, l’Helvète se nourrit notamment des films de Hitchcock (« Vertigo et Psychose, surtout »), de Tim Burton, de Fellini. « Beaucoup de vieux films, finalement », souligne celui qui, désormais adulte, participe à l’élaboration de morceaux baptisés Wes Anderson. « Outre la musique, j’ai toujours voulu faire des films. »
Des sessions studio aux allures de tournage
Alors forcément, quand Jephté Mbisi décide de livrer son premier projet solo en 2015, il façonne un projet conceptuel et hybride, un « film auditif« , comme il aime à le nommer. Ce projet, dévoilé sous le nom de Pink Flamingo, s’appelle Escape (F+R Prelude). Il nous immerge dans la sombre histoire de Fred Koriban, un jeune homme qui, après un accident, devient schizophrène et intègre un hôpital psychiatrique. Le rappeur et producteur y campe le rôle principal, et fait de ses proches (Rico TK, Slimka, Makala) les acteurs secondaires de ce véritable album visuel. « Une fois ce projet terminé, j’ai tout de suite su que j’allais en refaire un autre, raconte-t-il. Un autre film auditif. »
C’est ainsi que naît, le 18 janvier 2019, Le Regard qui tue. Un disque noir, sorti cette fois sous le nom de Varnish La Piscine, avec lequel notre artiste affine un peu plus son concept. À la façon d’un producteur de musique, il en crée la bande originale, à mi-chemin entre hip-hop et funk, inspirée de ses idoles que sont Pharrell Williams et Tyler, the Creator. Et à la façon d’un réalisateur de film, il en écrit les dialogues, construit l’atmosphère, distribue les rôles.
On y retrouve ainsi la fascinante Bonnie Banane, qui interprète ici Gabrielle Solstice, une tueuse en série mythomane poursuivie par Sydney Franko, un policier au bord de la folie incarné par Varnish La Piscine lui-même. L’histoire, qui se déroule dans le Monaco des années 1960, est narrée par Angel De Jesus, un journaliste qui n’est autre que son « gars sûr » Rico TK. Sans oublier Makala, son frère de cœur, qui donne vie à un flic ripoux sur Bad Boy. « J’ai vraiment vécu la création de ce projet comme un tournage », commente Jephté Mbisi.
Une musique « ovni » qui renouvelle les codes du rap
Conçu comme un véritable film donc, Le Regard qui tue nous projette avec brio et vivacité dans un monde obscur, entre enfer et paradis, dont on imagine aisément le décor, les personnages, les odeurs, l’ambiance… et qui tranche avec les actuelles propositions de la scène rap francophone. « Ma musique, je la conçois comme un ovni », décrypte Varnish La Piscine. « C’est une fusée qui t’emmène sur Jupiter, sauf que Jupiter s’effondre, donc tu redécolles pour entrer dans un autre système solaire, dans lequel tu te perds un peu, mais dont tu finis par trouver la sortie avant d’atterrir dans un champ. Très loin de la Terre. »
Fort de ce deuxième projet aux allures d’ovni donc, Varnish La Piscine est aujourd’hui considéré comme l’un des artistes les plus novateurs de sa génération. Renouvelant les codes du rap, liant un peu plus le monde de la musique et de l’image, le jeune homme fascine par son univers surprenant et son imagination qui nous paraît, au fil de notre discussion, en constante ébullition.
Après avoir été encensé par de nombreux médias français, de Nova à Genius en passant par le podcast NoFun, le voici aujourd’hui à l’affiche de La Relève, une nouvelle compilation proposée par Deezer et pensée par le journaliste Mehdi Maïzi. Dévoilée ce mardi 16 avril, elle réunit 12 titres inédits concoctés par ceux que le géant du streaming français considère comme « le futur du rap« .
Parmi eux, Laylow, ISHA, Lala &ce ou encore Loveni. Varnish La Piscine, qui clôture La Relève, y propose Balloon. Un morceau entêtant, qui confirme la singularité de sa musique, et dessine un peu plus les contours de sa prometteuse carrière. « Comme on le disait tout à l’heure, j’ai été assez discret jusqu’ici, conclut-il. Mais après tout ce qui s’est passé en ce début d’année, il est peut-être temps que je sorte de l’ombre. » On confirme.
Le Regard qui tue de Varnish La Piscine, en écoute sur Apple Music
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