Du 1er au 4 novembre, la ville de Namur accueillait la huitième édition du KIKK Festival, dédié aux cultures numériques et créatives. Avec une thématique plus que d’actualité : “Species and Beyond”.
Vendredi 2 novembre, 23H. La soirée bat son plein au Bunker, salle de concert étudiante située au coeur de Namur. Ce soir, c’est une Boudin Room qui fait vibrer les murs et vient clôturer les deux jours du KIKK pro. Entre deux bières, tous débriefent les conférences, workshop et expositions organisés sous la thématique de cette année : “Species and Beyond” (en VF : « les espèces et au-delà »). Une problématique interrogeant les liens entre vivants et non-vivants, culture et nature.
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Depuis sa première édition, organisée il y a huit ans, le KIKK festival n’a pas perdu son essence familiale. Et ce malgré un passage de 500 festivaliers la première année contre 25 000 pour cette dernière édition. Tout commence en 2011, lorsque les deux Namurois Gilles Bazelaire – directeur d’agence digitale – et Gaétan Libertiaux – musicien et artiste numérique – se réunissent pour donner vie à ce nouveau projet.
« Défaire nos visions anthropocentriques du monde en déplaçant les points de vue »
Marie Du Chastel, programmatrice et curatrice depuis la seconde édition, raconte la genèse : “Le festival est un peu le reflet de nos différentes personnalités. Gilles et Gaétan voyageaient pas mal dans le monde, pour des événements dédiés au numérique, et ils ont réalisé qu’il n’existait rien de tel en Belgique. En trois mois ils ont monté la première édition, en impliquant tous les employés de leur deux boîtes. Puis ils ont cherché quelqu’un pour continuer à s’occuper de l’aventure, et c’est là que je suis arrivée”.
Au fil des éditions, les thématiques s’enchaînent : Invisible Narrative – autour du storytelling – Interferences, Fold/Unfold – sur l’infiniment petit et l’infiniment grand -, Next Utopia… Cette année, Specis and Beyond s’attachait principalement à “défaire nos visions anthropocentriques du monde en déplaçant les points de vue”. Marie raconte : “Quand on parle de technologie, on est toujours centré sur l’humain tout puissant qui crée les outils et qui est le maître de la Terre. On s’est dit que c’était important de se retirer de cette position et de regarder les choses au niveau de la planète, des animaux. Et puis il y a ces grandes questions écologiques et d’actualité, comme Trump qui a été élu et qui s’est barré des accords du climat de Paris. On voulait raconter toutes ces histoires cachées de la technologie”.
Des pros au grand public
“La technologie est magique, c’est un super outil, mais il y a de nombreuses problématiques plus complexes derrière, poursuit-elle. On trouvait intéressant de regarder cet impact sur les écosystèmes. Voir comment notre influence sur la planète en impacte d’autres, et comment ils sont interdépendants. Puis parler de la notion d’espèce : un minéral ou une plante est-il une espèce ?”.
Longtemps considéré comme dédié aux professionnels, le festival s’attachait cette année à s’ouvrir davantage au grand public. Notamment grâce au KIKK in town, parcours d’expositions ouvert à tous et gratuit, situé dans le centre-ville de Namur. Au programme : plus de vingt lieux et quarante artistes. Parmi les oeuvres marquantes, on retrouvait notamment les installations propulsées par les ondes sonores de l’Italien Marco Barotti, l’installation de chorale du studio Superbe – qui permettait au spectateur d’être à la fois chanteur et chef d’oeuvre – ou encore le travail d’Antoine Bertin sur les trous noirs et les recherches futuristes sur l’ADN d’Heather Dewey-Hagborg.
« Le label KIKK peut ouvrir des portes”
Un pari réussi selon Marie : “Le public des conférences a été assez vaste et mixte : des scientifiques, des développeurs mais aussi des designers, des graphistes, des artistes… Pour les expos, le public est encore plus vaste et varié. On a notamment le public local : des familles avec des enfants et beaucoup de personnes âgées. Ça prouve que ça marche”.
Si la thématique de l’année prochaine n’est pas encore fixée, une chose est sûre : les projets à venir ne manqueront pas. A commencer par la création du Pavillon – ancien pavillon belge de l’exposition universelle de Milan en 2015 en cours de reconstruction sur la citadelle – et désormais dédié aux arts et aux sciences. Un téléphérique, également en construction, permettra de rejoindre la citadelle depuis le centre-ville. Marie explique : “Le lieu accueillera des expositions et tout un programme pédagogique pour les enfants la semaine”. Second projet à venir, également autour des enfants : “Les voyages de Capitaine Futur”. Ce nouveau projet d’éducation des enfants aux nouvelles technologies à travers l’art et la créativité résulte d’une association entre plusieurs institutions, dont la Gaîté Lyrique et le Woelab (FabLab au Togo). Avec le but suivant : réaliser une exposition qui tournera autour des pays. Enfin, une plateforme de production et de diffusion artistique sera lancée l’année prochaine. Marie détaille : “On a produits ou co-produits beaucoup de projets dans l’exposition cette année. Souvent, les artistes ont du mal à diffuser leurs projets en tant qu’indépendants. Si ça vient sous un label KIKK, un événement qui a déjà une certaine notoriété, ça peut ouvrir des portes”.
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