Quatre artistes palestiniens n’ont pas pu assister au vernissage d’une exposition à la galerie Arcima pour présenter leurs oeuvres. Les autorités palestiniennes ont refusé de les laisser sortir de Gaza.
« C’est incompréhensible, c’est la première fois qu’on empêche des artistes qui ont obtenu des visas accordés par le consulat de France à Jérusalem de sortir de Gaza ! »
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
, s’est indigné Michel Arab, le propriétaire de la galerie Arcima située dans le Vème arrondissement de Paris.
Ce mardi 8 juin, cinq peintres palestiniens auraient dus être présents lors du vernissage de l’exposition « L’art en dépit de tout » mais seulement l’un d’entre eux, Sohail Salem, a pu faire le déplacement. Celui-ci avait fait une demande de sortie de territoire palestinien bien antérieure à celle de ses confrères. Il devait se rendre en France dans le cadre d’une résidence d’artiste à la cité des arts.
Par souci de discrétion, il n’a pas voulu s’exprimer sur l’affaire, préférant que l’on parle de son travail et non de problèmes diplomatiques. Avec le temps il a appris à vivre avec le blocus imposé depuis juin 2007 par Israël, date à laquelle le Hamas, le mouvement islamiste palestinien, a pris le pouvoir de la Palestine. Dès lors, l’état hébreu filtre les entrées et les sorties des ressortissants gazaouis. Une situation bien difficile à accepter pour les membres de la galerie qui devait les accueillir.
« Une nouvelle barrière vient d’être construite. En empêchant les gens issus de la création de venir, on prive les pays occidentaux de découvrir le travail remarquable de ces gens et de cette richesse d’expression. Cette fenêtre qui se referme est tout un symbole »
, rappelle Michel Arab. Un sentiment d’oppression et d’enfermement qui nourrit les oeuvres des artistes invités. Malgré une volonté de rester en dehors du conflit israélo palestinien, les toiles restent marquées par un style torturé, à l’exemple des portraits d’Abdel Raouf Ajouri véritablement défigurés par la souffrance. Les esquisses au fusain de Sohail Salem, ressemblent, elles, à des griffures faites par des prisonniers sur les murs de bagnes.
Des images simples mais universellement compréhensibles par le public. C’est d’ailleurs dans l’optique de briser la distance entre la toile et le spectateur que la Galerie Arcima n’a pas mis de cartel sous les oeuvres.
« Le but est de voir comment chacun réagit face à l’émotion dégagée par la peinture et de revenir à l’essentiel »
, souligne Michel Arab. Une volonté de dépouillement que l’on retrouve dans le refus d’encadrer les toiles pour offrir une vision brute du papier. Une volonté d’anonymat pour ces artistes qui ne cherchent qu’à vivre de leur passion dans un pays en pleine crise d’identité.
Céline Maréchal « L’art en dépit de tout » du 3 au 27 juin. Galerie Arcima, 161 rue Saint-Jacques, Paris Vème, tél. 01 46 34 12 26
{"type":"Banniere-Basse"}