Au festival du TNB, Winter Family présente « H2-Hébron », ou la démonstration implacable du nœud gordien dans le conflit israélo-palestinien. Interview de Ruth Rosenthal et Xavier Klaine.
C’était au théâtre Nanterre-Amandiers en juillet dernier. Ruth Rosenthal et Xavier Klaine répétaient H2-Hébron, créé quelques mois plus tard au Vooruit de Gand. Dans la salle de répétition, la maquette d’une rue remplissait tout l’espace. C’est autour d’elle que s’est déroulée l’entretien. Si Ruth Rosenthal est seule en scène dans H2-Hébron, c’est bien à deux que les projets de Winter Family se conçoivent et se construisent. En témoigne cette interview où leurs propos se croisent et rebondissent, formant, comme dans le spectacle, une parole à voix multiples pour dire la complexité du conflit israélo-palestinien.
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Qu’est-ce que cette maquette ?
Ruth Rosenthal – C’est une maquette de la zone H2 de la ville palestinienne d’Hébron, de sa rue principale, Shuhada Street. Hébron est en Cisjordanie et elle a été divisée par des accords en 1997. Toute la ville est occupée, mais la zone H1 est administrée par les l’Autorité Palestinienne et H2 par l’autorité israélienne. H1 est la partie la plus importante de la ville et H2 est un tout petit quartier, mais c’est le marché central de la ville.
Xavier Klaine – C’est la rue qui part du Tombeau des Patriarches, c’est la rue la plus importante de la vieille ville d’Hébron.
Ruth – Elle était habitée par des Palestiniens, mais petit à petit elle a été « stérilisée » comme dit l’armée israélienne, c’est-à- dire vidée de ses habitants palestiniens. Les Palestiniens n’ont pas le droit de marcher dans la majeure partie de cette rue. Il y a quatre colonies israéliennes qui se sont implantées dans la rue. C’est donc pour des raisons de sécurité, dit l’armée, que les Palestiniens n’ont plus le droit d’y marcher. La plupart des Palestiniens sont partis, à l’exception de quelques familles qui sont trop pauvres pour quitter le quartier. Ils ne peuvent pas sortir de leur maison par l’avant car la rue leur est interdite, sinon ils se font abattre par l’armée ; ils doivent sortir par les fenêtres à l’arrière de leurs maisons.
Ils n’ont pas le droit du tout de marcher dans cette rue ?
Xavier – Non puisque c’est une rue dite « stérilisée ». Les soldats « stérilisent » entre deux colonies. En blanc sur la maquette, c’est les colonies. Donc, entre là et là, toutes les maisons transparentes de la maquette, c’est les maisons vidées. Ils installent des postes militaires sur le toit des maisons pour pousser les gens à partir. Là, on voit Kiryat Arba, la grande colonie historique qui date des années 70 et après, les autres colonies se sont installées petit à petit. Ce sont les maisons blanches sur la maquette.
Ruth – Et ces deux maisons-là sont encore vides, mais les colons sont en train de les prendre.
Et ce qui est en jaune ?
Ruth – C’est la vieille ville encore habitée par les Palestiniens. Dans le marché de H2, plus personne ne vient, à part les touristes de guerre, parce que c’est dangereux et il y a un filet métallique au-dessus du marché pour protéger les palestiniens, parce que les colons qui habitent là-haut dans la colonie jettent des ordures sur les Palestiniens. Et l’armée est partout. Ça a l’air d’une véritable cage quand on marche en dessous.
Dans cette maison, les Palestiniens vivent encore et sortent donc par une fenêtre à l’arrière de la maison pour aller au vieux marché et sur le devant, ils ont des cages aux fenêtres parce que les colons leur jettent des pierres. Il y avait cinquante familles de palestiniens dans ces maisons, il n’en reste plus que cinq.
Xavier – On a commencé ce projet parce qu’une amie de Ruth s’est installée dans cette colonie avec son mari qui est un extrémiste activiste ultra sioniste avec ses onze enfants. C’est la colonie la plus enfoncée dans la ville d’Hébron. Etre colon à Hébron, c’est très particulier. Les colons d’Hébron sont les plus extrémistes avec ceux de Jérusalem Est.
Ruth – Dans les colonies en général, les gens sont à droite, mais ici, c’est très particulier, il n’y a rien : pas d’école, pas de magasin, rien, les colons sont là uniquement pour signifier une présence juive.
Xavier – Ruth est venue voir son amie quelques jours, a dormi chez elle et l’a interviewée. Ensuite, je l’ai accompagnée et on a commencé à aller voir leurs voisins palestiniens, les militaires israéliens, puis les dirigeants et les résistants palestiniens. On a retranscrit 500 pages de témoignages de tous les gens qu’on croisait dans la zone et on a aussi fait toutes les visites guidées. Ce qui est très particulier dans cette zone d’occupation militaire, c’est qu’il y a des visites guidées organisées par tous les clans politiques : les colons organisent des visites ultra-sionistes pour montrer les bienfaits de la colonisation et justifient le retour des juifs près du Tombeau des Patriarches. Il y a aussi des visites organisées par des activistes laïques palestiniens, des organisations bilatérales israélo- palestiniennes de paix, l’organisation Betselem, les militaires de Breaking the Silence, des militaires repentis qui racontent ce qu’ils ont commis dans la zone, il y a même Black Live Matter des Etats-Unis qui organisent des tours anti-colonisation. Tout le monde est là chaque jour, et tous ces groupes se croisent. C’est un quartier vide, mais il y a des groupes de touristes de guerre qui s’observent, les guides se connaissent, se pourrissent la vie de temps en temps. Les colons viennent interrompre les guides pro-palestiniens en disant qu’ils mentent. Un vrai théâtre de l’absurde. A la fac, j’ai étudié la situation au Kurdistan turc et on ne pourrait jamais trouver ce genre de situation au Kurdistan, par exemple. L’armée turque ne laisserait jamais des anciens soldats turcs ‘repentis’ devenus guides pacifistes raconter chaque jour que la Turquie a commis des exactions sur les kurdes dans les villages même qu’ils sont en train d’occuper.
Ruth – Il y a plein de raisons à cela : les dirigeants du régime israéliens vont dire qu’ils n’ont pas peur, qu’Israël est une démocratie, qu’ils n’ont rien à cacher.
Xavier – Même les auberges de jeunesse à Jérusalem proposent des visites guidées à Hébron, avec plusieurs organisations.
Ruth – Si tu veux comprendre l’occupation israélienne en Palestine, tu comprends tout dans cette rue.
Xavier – C’est ce que les activistes appellent le microcosme de l’occupation. On a regroupé en quatre ‘groupes’ tous ces témoignages : les Palestiniens, les colons, les militaires et les observateurs-activistes. Il y a énormément d’activistes, mais aussi des observateurs internationaux, les TIPH (en anglais : The Temporary International Presence in Hebron)
Que font les colons à part occuper le terrain ?
Ruth – Les enfants vont à l’école en bus à Kyriat Arba, dans la plus ancienne colonie située à l’entrée de la ville.
Xavier – Ils donnent leurs enfants à la terre, ils le disent clairement. Il y a un côté sacrificiel. Il y a exactement la même martyrologie que du côté palestinien. Ils disent tout le temps : « C’est comme ça que ça marche ici, avec notre sang, toujours. » Et à chaque fois qu’il y a une attaque palestinienne, le gouvernement israélien les autorise à prendre une maison de plus en représailles contre les Palestiniens. Ça marche comme ça et ils disent : « Grâce à la mort de nos fils, on a pu construire un étage de plus ici. »
Ruth – On ne sait pas combien il y colons exactement, mais je pense qu’il y en a à peu près 800.
Xavier – Les colons grossissent leur nombre. Et les Palestiniens le minimise.
Ruth – Il y aurait 86 familles avec beaucoup d’enfants.
Xavier – Il y a deux événements historiques sur lesquels tout est basé dans ce théâtre violent, il y a le « pogrom » de 1929 comme disent les Israéliens, qu’a subi la communauté juive historique installée dans la vieille ville depuis l’Antiquité. Le sionisme était en train de naître, le mufti de Jérusalem a commencé à appeler à tuer les juifs de Palestine et les gens d’Hébron ont massacré la communauté juive historique. Elle n’était pas sioniste mais était là pour prier au Tombeau depuis toujours.
Ruth – Il y a aussi des Palestiniens qui ont sauvé leurs voisins juifs.
Xavier – Les activistes insistent plutôt sur les juifs sauvés par leurs voisins palestiniens et les Israéliens répètent en boucle qu’ils se sont fait massacrer sauvagement par les arabes munis de haches et d’épées. C’est ce qu’on appelle le Rashomon, les Vérités. Les Palestiniens, eux, s’appuient sur 1994 lorsque Baruch Goldstein, un médecin juif originaire de New York qui habitait dans la colonie de Kyriat Arba est venu massacrer 29 Palestiniens dans le tombeau (ou la mosquée) pendant la prière du Ramadan. C’est à partir de là que la rue a été fermée pour soi-disant « raison de sécurité ». Israël a puni les Palestiniens d’avoir été massacrés. Les dirigeants palestiniens qu’on a rencontrés rappellent que ça aurait été plus simple de virer quelques familles de colons que de virer 30 000 Palestiniens pour pacifier la zone. Mais évidemment le gouvernement israélien de Rabin a choisi de protéger les colons et d’expulser les Palestiniens en fermant 1500 magasins palestiniens.
Dans H1, est-ce qu’il y a des colons ?
Ruth – Non. Les Israéliens n’ont pas le droit d’y passer.
Xavier – Quand Ruth y va, elle utilise son passeport allemand pour passer le checkpoint, même si tout le monde devine très bien qu’elle est israélienne, les soldats et les Palestiniens.
Cette amie d’enfance, vous l’aviez perdue de vue ? Vous saviez qu’elle était à Hébron ?
Ruth – Oui, je le savais. Je n’étais pas en contact avec elle, mais j’avais des nouvelles de temps en temps.
Sachant ce qu’elle est et avec qui elle vit et vous, ce que vous êtes, ça a été facile de renouer le contact ?
Ruth – Oui, ce n’était pas très difficile. Je lui ai expliqué dès le début quel était mon projet. Elle était contente de me voir comme amie mais aussi d’être écoutée, parce que les colons ont le sentiment qu’ils ne sont pas écoutés, à part par les ultra-sionistes américains. Les artistes, les journalistes, quand ils viennent faire un sujet ou un projet à Hébron, ils vont écouter les Palestiniens et jamais les colons. Moi, j’étais là pour écouter les deux côtés. On est restés longtemps à Hébron et on revenait souvent, c’était passionnant d’enregistrer et d’écouter ces témoignages.
Et vous avez compris en discutant avec les Palestiniens, pourquoi certains restent là ?
Xavier – Il y a plein de versions sur les causes de leur départ. Les colons vont dire que les Palestiniens veulent leur vendre leurs maisons en secret, mais qu’ils ont peur de se faire exécuter par les autres palestiniens, qui les accusent de trahison. Les Palestiniens disent qu’ils ne vendent pas du tout leurs maisons aux juifs, mais que les colons les leur prennent quand ils partent voir leurs cousins par exemple. Les colons utilisent des faux papiers en disant que c’est des vrais titres de propriété ottomans. Les Hébronites disent : « Mais on ne s’enregistrait pas auprès des Ottomans parce qu’on aurait dû payer des taxes et des impôts locaux. » Le résultat final, c’est que les colons prennent les maisons des Palestiniens et que la vie des palestiniens est intenable dans cette zone.
Ruth – Les Palestiniens ont évidemment une histoire, et ce qui revient tout le temps, c’est qu’ils n’ont pas besoin d’utiliser cette histoire pour justifier leur présence, que leur maison est à eux. C’est simplement leur ville.
Xavier – Alors que les colons s’appuient sur un corpus historique antique, archéologique, idéologique et mystique énorme et qui est très rôdé. Alors, ils ont dix fois plus d’arguments que les Palestiniens qui habitent là et disent : « Pardon, mais on habite là… » Aujourd’hui, ils se rendent compte qu’ils ont aussi besoin d’appuyer archéologiquement leur argumentation et l’université d’Hébron fait des recherches archéologiques de son côté aussi et commence à dire : « Stop, mais regardez, tout n’était pas juif ici ». Mais l’archéologie israélienne est un rouleau compresseur, c’est une arme de guerre.
Ruth – Les Palestiniens disent : « Même si c’était juif ici, même si on trouvait des traces du roi David, c’est notre ville, on est là depuis des siècles, c’est notre patrimoine. »
Comment se déroule le spectacle ?
Ruth – Il est construit comme une visite guidée. Elles commencent toutes par le Tombeau des Patriarches (ou la mosquée d’Ibrahim) et font le tour de la rue. Quand le public entre, le plateau est vide. Petit à petit, en parlant, je place les maisons, je construis la zone H2. C’est un monologue construit par quatre voix. Parfois, les paroles sont clairement identifiables, parfois non, on a beaucoup travaillé sur cet aspect, comme une partition de musique. On prend et on lâche le spectateur. Puis on le reprend. Pour dire la complexité mais surtout la violence de cette situation.
Xavier – Après, les discours des colons sont suffisamment fous, illuminés et caricaturaux, ils se sont plus lâchés aussi parce qu’on vient du côté israélien. Les Palestiniens sont cohérents, leurs discours est très clair : ils souffrent d’une situation injuste et disent : » Les colons nous pourrissent la vie. »
Ruth – Ils ne sont pas là pour des raisons idéologiques. Ils sont là.
Xavier – Ils subissent juste un truc injuste.
Ruth – Ce qui compte pour nous, c’est de faire entendre toutes les voix de cet endroit. Tous les textes du spectacle sont des témoignages. Il n’y a pas de commentaires de notre part. Le propos est vraiment de raconter une histoire en faisant parler quatre voix différentes. Sur une maison, on entend quatre histoires différentes. Comment est-ce possible ? Ce sont juste des pierres… Ces voix forment la naissance d’une idéologie d’où naît un regard. Plus que l’histoire d’Hébron et de la colonisation, c’est l’humain qui nous intéresse. Les fils de ma copine qui sont nés là peuvent dire : « Je suis Hébronite. » C’est vrai aussi.
Xavier – Les colons disent : « On est là, on a droit aux mêmes services municipaux que les Palestiniens. » Et les Palestiniens les leur offrent en disant : « Sinon, ils vont monter leur propre mairie. On fait tout pour éviter ça. Alors, nos éboueurs vont ramasser leurs poubelles. »
Ruth – Et ces deux éboueurs sont les seuls Palestiniens à avoir le droit de passer dans la rue.
Xavier – Les colons disent : « Normal, on paye la taxe d’habitation. » De tout ce que j’ai vu en Israël et en Palestine, c’est l’endroit où je me suis senti le plus mal à l’aise. On tente de le montrer dans le spectacle quand, par exemple, le guide dit : « Allez les gars, on fait une petite pause, on mange une bonne glace et on rentre à Tel Aviv ». Il y a toujours une petite pause glace pendant les visites guidées. Dans une boutique de colons d’ailleurs. Le malaise est grand.
Ruth – Marcher dans cette rue où il n’y a rien, vide, tous les magasins sont fermés, les postes de contrôle partout. C’est un endroit malade.
Xavier – Israël est un pays malade, une société malade. Et à Hébron, tu as l’impression d’être sur un furoncle, c’est lamentable.
Les soldats que vous avez rencontrés à Hébron sont en accord avec la politique d’Israël ?
Ruth – Ils ont 18 ans et ils voulaient servir dans les unités d’élite. Il y a quatre unités d’élite qui sont là pour quatre mois. En général, dans les unités d’élite, les soldats viennent de bonnes familles ashkénazes car l’armée pratique un peu cette sélection raciste et sociale. La plupart ne se demandent pas s’ils sont d’accord ou pas, ils n’ont ni le temps ni l’esprit à le faire. C’est dur d’être à Hébron. Certains disent que c’est le meilleur endroit parce qu’il se passe des choses, ils rencontrent des activistes du monde entier qui viennent les prendre en photo. Pour eux, c’est moins ennuyant que d’être dans une caserne. Ou alors, ils souffrent plus. Ça dépend des personnes.
Et il y a les gens de Breaking the silence. Leurs fondateurs étaient à Hébron lors de la deuxième intifada entre 2000 et 2002 et aujourd’hui, ils organisent une visite guidée chaque semaine pour expliquer les exactions qu’ils ont commises envers les palestiniens et dénoncer l’occupation. Les soldats en poste les détestent et ripostent aux touristes qu’ils mentent.
Les Palestiniens que vous avez rencontrés voyaient une différence entre votre démarche et celle des tours opérateurs ?
Xavier – Je pense que pour eux on faisait juste partie des touristes ou activistes qui visitent l’occupation. Mais on a eu des rapports personnels avec certains qu’on voyait souvent et quelques-uns sont devenus des amis proches.
Ruth – Pour les Palestiniens qu’on a rencontrés, le fait que je sois Israélienne n’était pas un problème. Alors que les activistes internationaux ne voulaient pas me parler parce que je suis Israélienne.
Xavier – Souvent, on était à côté de groupes d’activistes internationaux qui nous voyaient enregistrer la visite guidée et aller ensuite parler en hébreu et enregistrer un militaire posté en face ; ensuite, ils voyaient Ruth parler arabe avec un habitant palestinien… Bref, les activistes internationaux ne comprenaient pas trop. Mais c’est la position privilégiée qu’on avait, on pouvait aller partout et en étant Français, je pouvais facilement rencontrer et enregistrer les résistants palestiniens.
Ruth – Les Palestiniens aussi ont une parole rôdée à force. C’est leur seul moyen de survivre dans cette zone, il n’y a plus rien à part le tourisme de guerre et ils espèrent vendre quelques souvenirs aux activistes en décrivant l’occupation. Leur vie personnelle devient un projet politique. Celle des colons l’a toujours été.
Xavier – Il y a des sujets qu’on n’a pas explorés, comme le business entre israéliens et palestiniens à Hébron, des financements israéliens pour faire tourner des industries palestiniennes. Un dirigeant de l’OLP nous disait que depuis les accords d’Hébron, il y a finalement encore plus de business entre Israéliens et Palestiniens.
Ce sont des industries produites en Palestine financées par des Israéliens ?
Xavier – Oui, car la main d’œuvre est moins chère en Palestine qu’en Israël.
C’est de la délocalisation sur place ?
Ruth – Oui. L’occupation est un business, c’est terrifiant.
Pourquoi les Palestiniens de H2 ne vont-ils pas s’installer dans la zone H1 ?
Ruth – La plupart l’ont fait. S’ils restent, c’est soit un acte de résistance, soit dû à la pauvreté. Les vieux sont restés, les handicapés. Dans une maison, il y a une femme saule, elle est sourde, son fils est handicapé. C’est la pauvreté totale. C’est le seul enfant du quartier.
Xavier – Les militaires sur leur toit disent : « On apprend l’arabe avec le gosse, c’est cool. » Mais c’est un quartier maudit pour les Palestiniens maintenant.
Ruth – En plus, il n’y a pas de police palestinienne à H2 et l’armée israélienne ne rentre pas dans les histoires des Palestiniens, ne les protège pas contre les colons, ni entre eux. Il y a aussi des vols, de la drogue. C’est un quartier abandonné à la misère.
Pour le récupérer quand il sera bien mûr ?
Xavier – Oui, c’est ça. Le Palestinien de H2 dit : « Je ne peux pas me marier si je reste ici, personne ne laisserait sa fille vivre ici », alors que le colon dit : « Je vis une expérience tellement spéciale, un truc tellement extraordinaire en vivant à l’ombre du Tombeau des Patriarches, du Tombeau de nos parents. »
Propos recueillis par Fabienne Arvers
H2-Hébron, conception et mise en scène Ruth Rosenthal et Xavier Klaine, Winter Family. Du 8 au 10 novembre à L’Aire Libre, Festival du TNB, Rennes
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