Onze collections privées bruxelloises sont réunies à la Centrale. Une interrogation sur le geste intime qui motive les collectionneurs.
Depuis deux expositions fondatrices – Passions privées, en 1995 au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, et L’Intime – Le collectionneur derrière la porte initiée à la Maison Rouge en 2004 –, la pulsion d’achat de l’art est en soi un objet d’enquête.
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Avec son exposition Private Choices, à la Centrale, centre d’art contemporain de la Ville de Bruxelles abrité dans une ancienne centrale électrique, Carine Fol prolonge ce fil, recentré sur le paysage belge, permettant de faire découvrir des pièces magistrales en même temps que sonder la psyché des collectionneurs.
Pour saisir ce qui les anime, la directrice artistique de la Centrale a rassemblé des pièces de onze collections bruxelloises, à la fois très diverses sur un plan formel et unies par un même élan vital. La cartographie révèle des personnalités discrètes aux goûts affirmés, de Frédéric de Goldschmidt à Christophe Veys, de Yolande de Bontridder à Alain Servais.
Un miroir des obsessions intimes des collectionneurs
Tous témoignent, au fil de ce parcours électrisant, de leur passion privée à travers des entretiens passionnants menés par Carine Fol. “Chaque œuvre est un mot qui s’ajoute pour former une phrase qui souligne ce message”, confie Alain Servais, tandis que Christophe Veys qui s’avoue “sentimental” précise que la collection existe en lui. Comme un écho à la formule de Jean Baudrillard : “On se collectionne toujours soi-même.”
De cette passion, les collectionneurs laissent deviner qu’elle est forcément le miroir de leurs obsessions intimes. “La collection n’est pas à l’image du collectionneur mais à l’inverse, le collectionneur est à l’image de sa collection”, estime Carine Fol.
Au cœur de ces constellations, le visiteur s’aventure dans des imaginaires cohérents, passant d’un imaginaire surréaliste (collection R. PATT) au monde intense de la collection BC, riche de pièces puissantes de Kader Attia (Ghost), Louise Bourgeois ou Andrès Serrano, de l’univers plus politique de Nicole et Olivier G. (Tom Molloy) à la “collection invisible” de Christophe Veys, qui émerveille le visiteur avec des œuvres discrètes et délicates d’Elisabeth S.Clark, Gudny Rosa Ingimarsdottir ou Cristina Garrido.
Dans la diversité des œuvres exposées et l’unicité d’un désir qui les regarde, l’exposition trouve un équilibre subtil qui engage le spectateur à imaginer lui-même de quoi serait faite sa collection rêvée.
Private Choices – 11 collections bruxelloises d’art contemporain Jusqu’au 27 mai, Centrale for contemporary art, Bruxelles
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