Entre réalité et fiction, Pascal Rambert se prend au jeu des conversations en marge d’un cérémonial funèbre pour réunir une famille de théâtre autour de la personne de Véronique Nordey.
Avec Mon absente, l’auteur-metteur en scène répond à une commande d’écriture dédiée aux actrices et acteurs associé·es à la troupe du Théâtre national de Strasbourg. Au départ, il s’agissait pour lui de réagir au plateau à la disparition de la comédienne et pédagogue Véronique Nordey, mère de Stanislas. “J’avais toujours eu très envie de travailler avec elle, mais cela ne s’était pas fait”, raconte Pascal Rambert qui poursuit : “Mon absente est ce qu’on peut appeler un farewell en anglais, un ‘au revoir’ où l’on reconstitue la figure d’une personne qu’on a aimé.”
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Au fil de son travail, l’auteur élargit le champ de sa réflexion pour brouiller les pistes avec pudeur en décidant que sa défunte serait une écrivaine. Une liberté qui l’autorise à évoquer son personnage comme une chimère : “Je n’ai pris personne pour modèle, mais plusieurs figures m’ont traversé l’esprit. J’ai pensé au rapport de Duras avec sa mère, au destin romanesque et tragique qu’a connu cette mère au Vietnam… J’ai pensé aussi à Claire Denis, ce qu’elle a pu raconter de son enfance, de son rapport au Cameroun où elle a grandi petite fille.” S’agissant d’un élément biographique propre à Véronique Nordey, il précise : “Une chose est restée : le lien avec l’Afrique. Le père de Véronique – le grand-père de Stanislas – était noir. L’Afrique est entrée dans mon travail et sa présence s’affirme dans Mon absente.“ Ainsi, le propos rend compte d’une famille témoignant de ses origines sur deux continents. Se référant au Livre tibétain des morts, l’auteur assume l’idée d’en faire un Bardo Thödol contemporain pour imaginer une pièce chorale réunissant onze interprètes.
Pièce chorale pour 11 interprètes
Couvert de fleurs blanches, le cercueil de la défunte trône au centre de la scène, simplement installé sur le plateau laqué en noir. L’effet miroir de la surface donne le sentiment qu’il est placé en suspension à la frontière entre deux mondes. Quand les personnages se retrouvent à évoquer celle qui fut leur mère ou leur grand-mère, chacun·e se dédouble pour exister autant dans la réalité que dans un ailleurs qui représente le royaume des morts.
Entre les confessions, les cris et les chuchotements de cette humanité endeuillée, Pascal Rambert dénonce avec humour la présence d’un invité imprévu. Une série de gags ponctuent le spectacle pour nous rappeler aussi que le recueillement est devenu impossible dans une société où le téléphone portable est devenu roi.
Mon absente, texte, mise en scène et installation Pascal Rambert. Avec Audrey Bonnet, Vincent Dissez, Claude Duparfait, Stanislas Nordey, Laurent Sauvage…
Du 9 au 19 janvier, MC93, Maison de la culture de Seine-Saint-Denis, Bobigny. Du 23 au 25 janvier, Théâtre de Nice, Centre dramatique national, Nice. Du 30 janvier au 1er février, La Criée, Centre dramatique national, Marseille.
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