Une expo à Paris et un EP qui agrège humain et robotique : à 31 ans à peine, il pense déjà le futur antérieur sans carcan.
Dans son premier solo show à la galerie Balice Hertling, à Paris, ses sculptures totémiques dessinent un paysage urbain rétrofuturiste. De multiples matières s’entremêlent sur des formes dont la familiarité est comme déplacée, décalée. Impossible de se situer, et là est la recherche d’Erwan Sene, qui brouille le regard mais aussi l’ouïe, enveloppant de sons amples, profonds, hachés, triturés, métallisés pour mieux donner vie – et mort peut-être aussi – à cet univers en mutation.
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Diplômé de l’École supérieure d’art et de design de Reims, Erwan Sene, 31 ans, se destinait à l’origine au graphisme, rêvant de créer des pochettes d’album. Ses rencontres avec les œuvres des artistes français et américain Guy de Cointet et Tom Burr lui ont ouvert une autre voie. “Ce fut un déclic de voir comment un objet assez simple, placé dans un cloître au Frac Champagne-Ardenne, peut changer un espace et le regard que l’on porte dessus”, dit-il de la pièce Deep Purple de Tom Burr.
La brume flotte
À pied, à vélo ou en camionnette, il récupère des objets qu’il trie et qu’il travaille dans son atelier, partagé à Pantin avec son ami le peintre Pol Taburet. “Je crée de petites machines dont on ne sait pas trop si elles ont été trouvées en l’état, entièrement designées aujourd’hui ou dans une époque antérieure. Elles peuvent aussi faire penser à des accessoires de cinéma.”
Parallèlement, son activité de DJ l’amène à rencontrer Bill Kouligas, fondateur du label électronique PAN (Eartheater, Arca, Anne Imhof…), où sortira son premier album le 1er avril. Baptisé Junq, un acronyme facétieux pour “Journal of Unsolved Questions”, il offre un condensé d’images sonores où l’humain et la robotique s’agrègent.
Son réalisateur favori est David Cronenberg, avec une prédilection pour le film Existenz. L’histoire d’humain·es relié·es à un monde virtuel via un pod branché dans leur dos. Erwan Sene parvient avec force délicatesse à nous plugger à son propre monde virtuel, nocturne, bitumé, floral, mélancolique et sanguin. La brume flotte entre ses sculptures et toiles d’un temps incertain.
Junq (PAN). Sortie le 1er avril.
Zona Gargantua d’Erwan Sene à la galerie Balice Hertling, Paris, jusqu’au 1er avril.
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