Une exposition en forme de planétarium pour découvrir l’univers du chorégraphe Philippe Decouflé, à l’imagination débridée.
Dans l’effervescence créatrice des années 1980, qui a secoué la danse contemporaine hexagonale, Philippe Decouflé a très vite fait sensation. Pétillant, son univers était transdisciplinaire en diable, la suite logique pour quelqu’un qui se rêvait auteur de BD, et s’est formé au cirque, au mime et à la danse à New York auprès de Merce Cunningham, puis au CNDC d’Angers, alors dirigé par Alwin Nikolais, qui l’a durablement influencé.
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Une spectaculaire constellation
Fantasque, fantaisiste, facétieux : la règle des trois F reste de rigueur depuis plus de quarante ans, que ce soit pour ses propres pièces ou lorsqu’il signe les chorégraphies de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’Albertville en 1992, et plus tard celles du Cirque du Soleil ou du Crazy Horse. L’élégance est chez lui une seconde nature qui l’autorise à toutes les explorations imaginables, nourries des musicals de Busby Berkeley, du simultanéisme de Sonia Delaunay ou encore du cinéma expérimental…
De quoi donner envie à Philippe Noisette de concevoir cette exposition au CNCS (Centre national du costume et de la scène) de Moulins, Planète(s) Decouflé : “Codex (1986) aura été ma porte d’entrée dans le monde merveilleux de Philippe Decouflé et de DCA, sa compagnie (…) avec ses drôles de microbes, une pluie de théâtre, une bande-son oscillant entre Orient et Pacifique. Je n’avais jamais rien vu de pareil, un spectacle vivant (presque) plus beau que la vie”, confie-t-il en introduction au catalogue qui accompagne l’exposition, tour d’horizon ludique et passionnant du chorégraphe et de l’équipe de créateur·ices qui l’accompagne.
Scénographiée par Marco Mencacci, qui a l’art de leur insuffler du mouvement par un jeu de reflets miroitants ou en opacifiant certaines zones des vitrines pour obliger le public à s’avancer et se pencher sur un détail, une centaine de costumes sont exposés. Certains sont des prototypes, d’autres ont eu les honneurs du plateau et en sont sortis pas trop abîmés. Chaque salle porte le nom d’une planète de cette constellation magnifique où le mouvement règne en maître sur les corps, les costumes et les accessoires, rendant visible l’invisible (qu’il soit microbien ou dévoilant les organes du corps revêtus de peau).
Le costume anatomique
S’y déploient le talent et l’inventivité des créateur·ices de ces costumes fidèles à Decouflé depuis des lustres : Philippe Guillotel, Laurence Chalou, Jean Malo et Charlie Le Mindu. Du Plastazote de la robe ballon aux motifs de dentelle de Shazam ! au papier marouflé des manteaux longs de Sombrero, en passant par les robes cerclées bicolores des débouleuses pour la cérémonie d’ouverture des JO d’Albertville, on y découvre la richesse des matériaux utilisés.
L’intérêt que porte le chorégraphe pour l’anatomie rejoint son goût pour les métamorphoses du corps apportées par les costumes : justaucorps recouverts de broderies ou d’impressions 3D reproduisant le système sanguin et le squelette ou vestes aux manches démesurées, robes frangées de cheveux longs noir ébène…
Pince sans rire, Philippe Decouflé admet que son parcours l’a mené “du baroque vers l’épure”. L’épure ultime consisterait à créer “un costume qui soit comme de la vapeur”. Pas facile, certes, mais sûrement pas impossible !
Planète(s) Decouflé, exposition au CNCS (Centre national du costume et de la scène) de Moulins, du 25 mai 2024 au 5 janvier 2025. Autour de l’exposition, le CNCS propose un programme de spectacles, projections et conférences.
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