Un terrain de football occupé par des filles LGBT transbahuté sur le plateau d’un théâtre pour parler des minorités, de l’exclusion et de la meilleure façon d’occuper le terrain.
A l’instar de ces mots de Pierre de Coubertin : « S’il y a des femmes qui veulent jouer au football ou boxer, libres à elles, pourvu que cela se passe sans spectateurs, car les spectateurs qui se regroupent autour de telles compétitions n’y viennent pas pour le sport « , s’il est un sport entre tous dans lequel la masculinité et l’hétérosexualité ne laissent aucune place au reste du monde, c’est bien le football. Même dans ses représentations dégradées, comme dirait la philosophe Olivia Gazalé, auteure du Mythe de la Virilité.
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Clichés vs clichés
Si des femmes s’aventurent à taquiner du ballon elles sont forcément « sûrement lesbiennes », très certainement « garçons manqués ».
Convoquant ces clichés parmi tant d’autres, l’auteure-metteuse en scène Rébecca Chaillon recrée un terrain de football sur lequel évoluent dix actrices performeuses driblant des situations footballistiques d’un autre genre. Clope au bec, bière à la main, adossée à une pile de cartons de pizzas fraîchement livrées, « la femme artiste lesbienne noire et ronde de 30 ans » contemple, commente, dirige et manipule les joueuses activistes éclairées et drôles pour un match politique et poétique. Parfois, elle saute dans l’arène pour d’intempestives glissades. Car, au-delà de la performance sportive et artistique consistant à porter au plateau des questionnements sociétaux, il y a dans la beauté du texte de Rébecca Chaillon et dans les images qu’elle sait composer, très picturales, une délicate poétique qui se dégage.
Mais que l’on ne s’y trompe pas. Sur scène, entourée de plusieurs footballeuses du club LGBTQI, Les dégommeuses, qu’elle a intégrées pour « aborder l’intime des corps, des sexualités, dans un contexte sportif à la fois physique et politique« , Rebecca Chaillon crée un chaos propre à la révolution dont il est porteur.
Sur le fond, sur la forme et au-delà encore, on peut sans aucun complexe assurer que Rébecca Chaillon et sa fière équipe sont nos favorites pour « la chatte du monde de la fifoune ».
Où la chèvre est attachée, il faut qu’elle broute, spectacle performatif de Rébecca Chaillon, les 29 et 30 novembre au Carreau du Temple – Paris,
Du 3 au 6 juin 2019 au Nouveau Théâtre de Montreuil
13 juin 2019 : Scène Nationale d’Orléans
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