A l’heure du repli sur soi communautaire, cette radiographie à l’anglaise des ratages de la société multiculturelle, signée Chloé Dabert, est un choc.
Entre le thriller psychologique et l’enquête policière à huis clos, Orphelins, de l’auteur anglais Dennis Kelly, nous entraîne dans le décryptage à chaud d’un fait divers. Helen et son frère Liam sont les orphelins de cette histoire écrite en 2009. Leur embryon de famille est la seule chose qui compte pour eux. Sans se permettre de les juger, Dennis Kelly questionne une défense de la cellule familiale qui autorise tous les passe-droits.
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A force de s’ignorer, les habitants de ce quartier pauvre et mélangé ont transformé l’espace où ils vivent en une Cocotte-Minute prête à exploser. La misère attise les tensions et la moindre des altercations vire vite au drame même si personne ne revendique d’être raciste.
La pièce commence quand Liam débarque chez sa sœur en état de choc. Son t-shirt est couvert de sang et il prétend qu’il vient de porter secours à un jeune Pakistanais qui s’est fait agresser au coin de la rue. Helen et son époux Dany savent qu’ils vont devoir passer cette soirée à démêler le vrai du faux. Qu’importe qu’il soit innocent ou coupable, comme il l’est de toute évidence… Même si leur couple risque de ne pas résister à l’épreuve, Helen et Dany vont tout faire pour couvrir les agissements de Liam.
Au milieu des ruines
La mise en scène de Chloé Dabert est d’une efficacité redoutable – elle avait obtenu le prix du jury du festival Impatience 2014. Joséphine de Meaux (Helen), Julien Honoré (Liam) et Sébastien Eveno (Dany) tirent avec brio leur épingle du jeu dans cette partie de poker menteur où l’on aura bien du mal à désigner un gagnant.
Dennis Kelly préfère poser les questions que proposer des solutions. Sa pièce coup de poing nous laisse sur le carreau… Elle nous abandonne au milieu des ruines d’une utopie qu’en des temps pas si lointains on aimait à nommer “le vivre-ensemble”.
Orphelins de Dennis Kelly, mise en scène Chloé Dabert, avec Joséphine de Meaux, Sébastien Eveno, Julien Honoré, jusqu’au 4 mai, CentQuatre, Paris XIXe (Théâtre du Rond-Point, hors les murs), 104.fr
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