Tout débute par un coup de foudre. C’est du tronc d’un arbre brisé par la boule de feu d’un éclair que naît le personnage de Pinocchio. Sculpté par un vieil homme solitaire, le pantin imaginé par Carlo Collodi commence sa carrière en Italie sous la forme d’un feuilleton publié en vingt-six épisodes dans le supplément […]
De Pinocchio, sa pièce de théâtre, Joël Pommerat livre un opéra, mis en musique par Philippe Boesmans. Deux versions remarquables aujourd’hui reprises.
Tout débute par un coup de foudre. C’est du tronc d’un arbre brisé par la boule de feu d’un éclair que naît le personnage de Pinocchio. Sculpté par un vieil homme solitaire, le pantin imaginé par Carlo Collodi commence sa carrière en Italie sous la forme d’un feuilleton publié en vingt-six épisodes dans le supplément pour les enfants du quotidien romain Il Fanfulla en 1881.
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Le Pinocchio de Pommerat a la langue bien pendue d’un gosse d’aujourd’hui
Désireux de constituer un minirépertoire de pièces renouvelant le regard que nous portons sur l’imaginaire des contes, Joël Pommerat inscrit sa relecture de Pinocchio (2008) au centre d’un triptyque réunissant Le Petit Chaperon rouge en 2004 et Cendrillon en 2011.
Hommage à la figure de l’antihéros, le Pinocchio de Pommerat a la langue bien pendue d’un gosse d’aujourd’hui qui ne mâche pas ses mots. Alors qu’il n’est encore qu’une bûche sans bouche, il ne cesse déjà d’interpeller son créateur pour lui reprocher le trash d’une naissance passant par une séance de découpe à la tronçonneuse.
Notre drôle de rebelle tente d’abord de faire fortune
Tirant son inspiration du monde du cirque, Joël Pommerat délègue le récit de ses tribulations à un Monsieur Loyal qui prend date des progrès accomplis par Pinocchio dans la conquête de sa propre humanité. Ce qui motive le petit démon n’a rien de glorieux. Horrifié d’apprendre que son géniteur est vieux et désargenté, notre drôle de rebelle tente d’abord de faire fortune.
On retrouve alors, dans une savante déconstruction, les scènes du rituel de son initiation imaginée par Collodi. Berné par des escrocs, pendu à un arbre jusqu’à ce que mort s’ensuive, Pinocchio ne ressuscite que pour être transformé en âne avant d’échapper au triste sort de finir en peau de tambour.
Une fabuleuse rencontre avec la fée
Joël Pommerat se joue de la pénombre pour mieux mettre en lumière quelques images inoubliables ; celle d’une fabuleuse rencontre avec la fée, de ses retrouvailles avec son père dans le ventre d’un monstre marin et de l’incontournable embarras d’un nez pouvant prendre des proportions incontrôlables.
Depuis 2008, date de sa création au Théâtre de l’Odéon, la pièce à succès ne cesse de tourner. Avec le nouvel épisode – transformer son texte en un livret d’opéra –, Joël Pommerat reste fidèle à sa mise en scène tout en offrant une nouvelle vie à son petit protégé.
Créée pour l’ouverture du festival d’Aix-en-Provence en juillet, l’histoire du pantin a été confiée à l’inventivité musicale sans pareille du compositeur Philippe Boesmans. Un tapis rouge pour une entrée remarquée dans le cercle fermé des personnages honorés par l’art lyrique contemporain. En cette rentrée, deux reprises quasi simultanées nous donnent l’occasion de découvrir l’opéra à la Monnaie, à Bruxelles, et la pièce à la MC93, à Bobigny. Patrick Sourd
Opéra Pinocchio d’après Carlo Collodi, composition Philippe Boesmans, livret et mise en scène Joël Pommerat, direction musicale Patrick Davin, jusqu’au 16 septembre, la Monnaie (Bruxelles)
Théâtre Pinocchio d’après Carlo Collodi, texte et mise en scène Joël Pommerat, du 13 au 17 septembre, MC93 (Bobigny)
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