Les ovations du public couronnent la première de “Fidelio” au cours de laquelle Siobhan Stagg, chanteuse du rôle-titre, a été remplacée au pied levé par Katherine Broderick, arrivée de Londres dans la matinée.
On ne le dira jamais assez, la grandeur du spectacle vivant repose sur son humanité qui s’avère être aussi un talon d’Achille et impose parfois autant de réactivité que de solidarité. Le rappel de ces valeurs est confirmé par la première à l’Opéra Comique de Fidelio de Beethoven mis en scène par Cyril Teste sous la direction du chef Raphaël Pichon. Lors d’une annonce, qui mit la salle en émoi, on apprenait que l’interprète du rôle-titre, Siobhan Stagg, étant souffrante, était remplacée par Katherine Broderick. Venue de Londres le matin même, la soprane prend la main en chantant depuis la fosse d’orchestre, tandis que Siobhan Stagg a tenu à incarner le personnage de Fidelio sur le plateau.
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Très attendue, l’aventure de Fidelio allait donc pouvoir surmonter ce coup du sort. Comme souvent face à l’adversité, on se réjouit de l’énergie d’une troupe qui semblait décuplée, tout autant que la dynamique du chœur et de l’orchestre Pygmalion sous la direction sans faille de Raphaël Pichon. “J’ai abordé Fidelio par son scénario, aussi magnifique que sa musique : une femme (Leonore) se métamorphose en homme (Fidelio) pour restaurer la liberté de son époux Florestan, dissident politique”, précise Cyril Teste. Enfermé au secret dans une prison où il subit de multiples sévices, Florestan (Michael Spyres) aura la vie sauve grâce à l’intervention de son aimée qui prend le risque de se déguiser en gardien pour contrecarrer Pizarro (Gábor Bretz), le directeur des lieux.
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Non violence
Réactualisant l’opéra, Cyril Teste l’inscrit dans l’univers carcéral de nos séries télé contemporaines. “Un non-lieu que nous avons voulu atemporel et a-géographique, ni espagnol (comme le supposent les noms des personnages), ni allemand (la langue des personnages), ni américain (notre référence visuelle commune).”
Devenu expert dans l’art de rendre compte de l’action à travers les images de ses caméras, le metteur en scène fait d’autant plus mouche dans un lieu où la surveillance est le maître-mot. Au final, Fidelio abandonne son revolver pour s’armer d’une caméra et obtenir la reddition du directeur de la prison sous la seule menace d’avoir filmé la scène de la tentative de meurtre. Cyril Teste va jusqu’à donner à l’image – vecteur privilégié des combats d’aujourd’hui pour la justice sociale -, la capacité de se substituer à la puissance des armes.
Fidelio de Ludwig von Beethoven, direction musicale Raphaël Pichon, mise en scène Cyril Teste. Jusqu’au 3 octobre à l’Opéra Comique, Paris.
Le 1er octobre à 20h, retransmission en direct sur arteconcert.com.
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