J’ai rêvé la prochaine expo de Maurizio Cattelan…
Le matin, j’apprends que l’artiste Maurizio Cattelan, deux ans après avoir annoncé son retrait du milieu de l’art et l’avoir spectaculairement mis en oeuvre au musée Guggenheim de New York, prépare dans le secret une nouvelle exposition à la Fondation Beyeler en Suisse. Et du coup, la nuit suivante, je rêve une soirée de vernissage dans une grande fondation privée italienne. Tout de suite, Cattelan me guide à travers le parc de la fondation, grande oliveraie où il expose avec un artiste russe qui m’est d’emblée antipathique et dont la sculpture me rebute quelque peu : une grosse tête en bronze posée sur un rocher. « On a creusé ensemble un trou dans le parc, m’explique Cattelan, une longue fosse luxueuse, recouverte au sol d’un macadam gris anthracite, comme une piscine vide. »
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Le long des allées d’oliviers, nous marchons lui et moi dans la nuit chaude de la campagne italienne, parmi les convives de plus en plus nombreux. Là, au bout de la fosse, une vieille femme aux cheveux très blonds se donne en spectacle, lunettes noires, sourire extravagant, aux allures de star, entourée de paparazzis : je comprends aussitôt que cette vieille dame est la proposition artistique de Cattelan, la seule oeuvre de toute son exposition. Et comme je crois reconnaître une vieille actrice fellinienne (Anita Ekberg ?) – « Non, c’est Eva Braun, me précise-t-il, la maîtresse d’Hitler. » Je m’interroge sur le sens de ce sosie, sur la présence « people » de cette figure liée au nazisme et aux heures les plus sombres de l’histoire. Au réveil, je fais le lien entre ce rêve et la sculpture d’Adolf Hitler jeune, Him, 2010, agenouillé comme un enfant de choeur. Cattelan, artiste immensément joueur, immensément désespéré.
Maurizio Cattelan du 8 juin au 6 octobre à la Fondation Beyeler, Riehen, www.fondationbeyeler.ch
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