Le temps d’une exposition, le musée des Beaux-Arts de Rouen met en lumière le travail du peintre anglais David Hockney et son attrait pour les paysages normands.
Les artistes anglais puiseraient-ils dans la contemplation des paysages de Normandie le secret d’une revitalisation de leurs pulsions créatrices ? Depuis qu’il s’est installé sur les falaises du pays de Caux, le leader des Libertines Pete Doherty a refait le plein face à l’Aiguille creuse, mystère d’activation de sa résurrection. Le peintre David Hockney, né lui aussi dans le nord de l’Angleterre, s’est installé il y a cinq ans dans un ermitage du pays d’Auge, aspiré à son tour par cette terre promise relançant sa peinture de paysages et de portraits.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
L’exposition Normandism, que lui consacre le musée des Beaux-Arts de Rouen, traduit l’effet de ce nouvel ancrage sur sa pratique picturale. Invité dans le cadre du festival Normandie impressionniste, qui célèbre durant six mois les 150 ans de l’impressionnisme, avec des figures de la création contemporaine (Robert Wilson, Daniel Buren…), David Hockney se confronte directement à Claude Monet, Pissarro et Sisley. Moins pour s’en inspirer ou pour défier les vieux maîtres que pour prolonger, dans une double fidélité à sa propre pratique et à l’esprit de l’impressionnisme, une expérience du reflet, de la vibration de la nature au cœur de la toile.
Les mouvements de l’air et du ciel
Dans trois séries inédites de portraits de proches ami·es et de paysages peints sur toile, ou réalisés sur iPad, David Hockney inscrit son geste dans une filiation assumée avec ce mouvement, même si le cubisme et Matisse restent ses deux grandes sources d’inspiration historiques. Au-delà de son attachement connu à la perspective inversée et à la puissance de la lumière, y compris dans une série de dessins nocturnes, Moon Room, le peintre anglais célèbre ici les mêmes sensations que celles de Monet en son temps. Si son étang aux nénuphars, dont la surface reflète les éléments du paysage, fait directement référence au séjour de Monet à Giverny, Hockney lui confère une touche pop quasi californienne. Des piscines de Los Angeles à cet étang normand, le motif du reflet le poursuit depuis cinquante ans.
Peindre pour témoigner de l’émerveillement devant les mouvements de l’air et du ciel : le geste de David Hockney, réfugié en Normandie, ressemble à celui d’un jeune peintre, que rien, au fil du temps, n’a conduit à devenir blasé devant la beauté qui l’environne. Sans être un néo-impressionnisme, ni même un anachronisme, le Normandism de David Hockney consacre le souffle d’un classicisme pur. Un Biggest Splash.
David Hockney Normandism, musée des Beaux-Arts de Rouen, jusqu’au 22 septembre (dans le cadre du festival Normandie impressionniste).
Édito initialement paru dans la newsletter Arts du 26 mars. Pour vous abonner gratuitement aux newsletters des Inrocks, c’est ici !
{"type":"Banniere-Basse"}