Entre l’humour des Monty Python et la distanciation brechtienne, Jean-François Sivadier ouvre une troisième voie via le cas de la trop belle Salomé.
Régulièrement sujette aux cacas nerveux, Salomé est en pleine crise d’adolescence. Elle réclame à son beaupère Hérode, qui veut la voir danser nue, la tête du prophète saint Jean-Baptiste qui refuse de se laisser embrasser par elle. Le Noli me tangere du titre reprend le fameux « Ne me touche pas ! », apostrophe lancée par le Christ ressuscité à Marie-Madeleine quand elle veut s’assurer qu’il est toujours de chair et de sang.
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Dans une Palestine de fantaisie, c’est à la troupe des comédiens amateurs réunis par Shakespeare dans Le Songe d’une nuit d’été que Jean-François Sivadier confie la lourde tâche de représenter cet épisode légendaire. Tournant le dos à la fresque biblique, il s’amuse des fantasmes adolescents cristallisés autour de l’interdit du corps de l’autre, via les tribulations de Marie Cariès, une Salomé sans cervelle qui bouscule d’un caprice les fondations de l’ordre établi. En caricature d’homme politique habitué à s’en laver les mains, Nicolas Bouchaud compose un Ponce Pilate à crever de rire tandis que Nadia Vonderheyden joue avec un effarement impayable l’ange qui passe et s’aperçoit n’avoir vraiment rien à faire ici.
Mêlant le contemporain et l’historique, le foutraque et le réjouissant, Jean-François Sivadier avoue un seul but, le fun de nous gratifier d’un théâtre à la croisée de l’improvisation et du cabaret. Une réussite.
Patrick Sourd
Noli me tangere texte et mise en scène Jean-François Sivadier, jusqu’au 22 mai à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, ateliers Berthier, Paris XVIIe
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