Dans la nuit de mercredi à jeudi, il aurait suffit à un homme, vêtu de noir et le visage grimé, de couper un cadenas puis de passer par une fenêtre pour pénétrer dans le Musée d’Art Moderne et en ressortir avec cinq tableaux de maître d’une valeur proche de 100 millions d’euros. Mais parfois les vols d’œuvres d’art sont plus rocambolesques.
1. National Gallery, Londres, 1961
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Cette année-là, Charles Wrightsman, un riche collectionneur américain, achète Le Portrait du Duc de Wellington de Goya pour 392 000 dollars et annonce qu’il le transfère aux Etats-Unis. C’est un scandale en Angleterre.
Sous la pression populaire et médiatique, le gouvernement rachète illico le tableau. Mais, moins de trois semaines après son accrochage triomphal à la National Gallery, celui-ci est volé. Le voleur demande une rançon équivalente au prix d’achat du tableau et annonce qu’il la reversera à une œuvre caritative. Il n’obtient pas la moindre réponse.
Quatre ans plus tard, le voleur sort du bois. Il envoie un ticket de consigne au Daily Mirror. Le tableau est retrouvé dans la consigne d’une gare londonienne. Le voleur, Kempton Bunton, un chauffeur de bus sans emploi, se rend six semaines plus tard. Il explique qu’il voulait offrir des téléviseurs aux plus démunis. Il écope de trois mois de prison.
2. Musée Isabella Stewart Gardner, Boston, 1990
A 1h24 du matin, deux hommes en tenue de policier frappent à la porte de service du musée. Ils disent avoir été appelés pour un bruit suspect dans les sous-sols. Les gardes les laissent entrer. Immédiatement, ceux-ci sont menottés, bâillonnés et enfermés dans un débarras.
En quelques minutes, les faux policiers dérobent treize tableaux, de Vermeer, Rembrandt, Degas et Manet. L’ensemble est estimé à 300 millions de dollars. Malgré la promesse d’une récompense de 5 millions de dollars pour toute personne aidant à retrouver les tableaux, ceux-ci n’ont jamais été localisés.
3. Musée Marmottan, Paris, 1985
Le vol a lieu un dimanche. Neuf tableaux, parmi lesquels un Renoir et un Monnet, sont dérobés. La police soupconne d’abord Action Directe. Mais la découverte chez un illustre gangster japonais, Shuinichi Fujikuma, de plusieurs œuvres dérobées l’année précédente dans un musée provençale change le cours de l’enquête.
Il s’avère que Fujikuma est aussi le commanditaire du vol de Marmottan. Il avait même déjà fait imprimer un catalogue destiné aux acheteurs potentiels. Les tableaux seront finalement retrouvés en Corse six ans plus tard. Aucun acheteur n’avait osé se les payer.
4. Musée National, Stockholm, 2000
Quelques minutes avant la fermeture, un homme entre dans le musée, armé d’une mitraillette. Il braque un garde, alors que ses deux complices s’emparent d’un Rembrandt et de deux Renoir. Ils s’enfuient en voiture, lâchant des clous dans leur sillage, puis sautent dans un hors-bord.
Par l’intermédiaire d’un avocat, ils demandent très vite une rançon de dix millions de dollars par tableau. La police exige de l’avocat qu’il révèle l’identité de ses clients. Il refuse, et devient le suspect numéro 1. Il sera condamné, comme huit autres personnes. Mais, dix ans plus tard, les tableaux n’ont toujours pas été retrouvés.
5. Musée des Arts Modernes, Vienne, mai 2003
A l’aube, un homme d’une cinquantaine d’années grimpe à un échafaudage et découpe une vitre pour pénétrer dans le premier étage du musée. L’alarme se déclenche, mais les gardes, pensant que c’est un dysfonctionnement, ne se déplacent pas.
Le voleur s’empare de La Saliera, une salière en émail et or réalisée par le sculpteur Benvenuto Cellini pour François Ier, et estimée à 50 millions de dollars. Elle est retrouvée trois ans plus tard, en même temps que le coupable. Celui-ci raconte qu’il a stocké la pièce sous son lit pendant deux ans, avant de demander une rançon. Ce qui a finalement causé sa chute.
Photo: la police enquête au Musée d’art moderne de la ville de Paris, jeudi (Benoit Tessier / Reuters)
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