Le musée parisien Art Ludique ouvre les portes aux super-héros Marvel. Rencontre avec Jean-Jacques Launier, commissaire de l’expo, et Ryan Meinerding, artiste exposé.
Alors que le deuxième film sur Captain America (Winter Soldier, sortie le 26 mars) est promis à un succès mondial, le bouclier bleu-blanc-rouge du superhéros est exposé… à Paris. Le musée Art ludique, déjà responsable d’une expo Pixar, rend en effet hommage jusqu’au 31 août à Marvel, la machine à rêver des superhéros.
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Pour cette première mondiale – jamais Marvel n’était entrée dans un musée – Jean-Jacques et Diane Launier, les cerveaux d’Art ludique, ont vu les choses en grand. Les geeks ressentiront une suite d’orgasmes devant 300 planches historiques représentant Spiderman, les X-Men ou les Fantastic Four signées par les plus grands artistes de comics book (Jack Kirby, Steve Ditko, John Buscema, John Byrne). Quant aux kids, ils hallucineront devant les accessoires vus dans les films.
L’expo mixe éléments du patrimoine et récents objets du culte, dessins en noir et blanc et peintures numériques flashy dues (notamment) à Ryan Meinerding, superviseur artistique pour les films. Fun et légèrement didactique, l’ensemble s’appuie intelligemment sur la réussite actuelle de Marvel Studios pour remonter jusqu’aux racines (une planche du Sub-Mariner date de 1939). Un grand écart temporel qui fait sens, voulu par Jean-Jacques Launier, commissaire de l’expo.
Est-ce vraiment la première fois que Marvel est exposé ?
Jean-Jacques Launier – Oui, d’ailleurs, comme Marvel n’a pas l’habitude de ce genre d’événement, on nous a envoyé une accessoiriste du cinéma. C’est le type qui sur le tournage enfile le casque à Robert Downey Jr qui nous l’a amené en mains propres. Pour l’expo, on est allé interviewer Stan Lee et il nous a raconté qu’un de ses rêves était de voir ses super-héros au musée. On ne sait pas s’il pourra venir – il a 92 ans – mais on est fiers de réaliser son rêve ! J’ai toujours trouvé une injustice rare que le talent de ces créateurs d’univers soit mal considéré. Ils ont inventé des choses hallucinantes, modestement, pour divertir, mais ont influencé tous les artistes contemporains… Quand Jeff Koons fait son Hulk, je trouve qu’il est normal de rendre hommage au créateur de Hulk, c’est quand même la moindre chose. On veut aussi dire aux jeunes que les super-héros qu’ils aiment, c’est aussi de l’art.
Ryan, quel effet ça vous fait d’avoir votre travail exposé à côté de celui de Jack Kirby et de tous les autres ?
Ryan Meinerding – Je suis très honoré, je perpétue une tradition autour de personnages que ces gars ont créés. Car, en gros, mon travail consiste à transposer des images de Jack Kirby dans le monde réel. Quand je regarde l’expo, je vois huit ans de ma vie et je me dis que ça valait le coup ! Les images que tu crées durant la conception d’un film sont importantes durant le processus, surtout la pré-production, mais ne sont pas considérées comme de l’art en soi. C’est fantastique de voir tout ce travail célébré en dehors du contexte du cinéma.
Vous avez collaboré aux Iron Man, Captain America, à Avengers, qu’est-ce qui a été le plus difficile ?
Ryan Meinerding – Les armures d’Iron Man, c’est toujours très long : chaque centimètre carré nécessite un travail de design. Cela revient à dessiner une voiture sur un corps humain. Dans le premier film, pour l’armure que Tony Stark fabrique dans une grotte, on s’est inspiré d’une armure mécanique qu’une compagnie d’effets spéciaux utilise pour capturer des données. Mais le plus difficile, ça a été de faire dessiner Hulk pour Avengers, il ne s’agit pas de faire le design d’un costume mais d’un géant vert musculeux avec un visage.
Jean-Jacques Launier – Pour le premier film sur Captain America, Ryan a été recruté deux ans avant que le réalisateur ne soit lui-même engagé. Il fait quantité de croquis en amont. Au final, il n’a pas trahi le concept d’origine mais il lui a donné de la crédibilité.
Quand Captain America arrive à l’écran il n’est pas ridicule. Comment expliquer la longévité des super-héros ?
Jean-Jacques Launier – ils participent à la vie de la société, les premiers sont apparus en période de crise. Les super-héros Marvel sont ancrés dans le réel. On a toujours eu besoin, que ce soit avec les chevaliers de la Table ronde ou les dieux de l’Olympe, de contes et légendes. Les super-héros participent aussi à ça. Dans mille ans, les gens se demanderont peut-être si Captain America a vraiment existé !
A titre personnel, quelle pièce vous touche le plus parmi toutes celles exposées ?
Jean-Jacques Launier – la couverture du numéro 1 du Surfer d’Argent. Ce personnage vit une tragédie digne de Homère. Héros au sens littéraire, il se sacrifie pour sauver la Terre mais est détesté par les Terriens… quelle dramaturgie.
L’Art des super-héros Marvel, Art Ludique – le musée 34, quai d’Austerlitz, 75013 Paris. jusqu’au 28 août.
Un beau catalogue (thématique comme l’exposition) rassemble une grande partie des œuvres exposées.
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