Un funambule sans fil, une danse du carnaval de Recife, une pluie d’été sous parapluie transparent… “23 Fragments de ces derniers jours” met le monde en pièces.
Un fragment a-t-il un début ? Une fin ? Assemblé à un autre, forme-t-il un tout ? Ces questions, et pas mal d’autres, on se les pose durant les 95 minutes de 23 Fragments de ces derniers jours, opus miroitant de Maroussia Diaz Verbèke, en dialogue avec les Brésilien·nes du collectif Instrumento de Ver. Créé entre deux continents, une élection et une pandémie, ce spectacle met le monde en pièces, façon de dire que tout est à repriser.
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Acrobaties et chorégraphies
Le miracle de ces 23 – devenus 36 au fil du travail – fragments tient à peu de choses. Un funambule sans fil, une danse du carnaval de Recife, une pluie d’été sous parapluie transparent. Dans le rond de scène, entourée de gradins de poche, la troupe au complet d’Instrumento de Ver, augmentée de trois garçons, fait et défait une carte du Tendre. L’optimisme vacille parfois, une voix suggérant que cette création a permis aux artistes brésilien·nes de tenir depuis 2019, et la virtuosité se fait la belle. On s’accroche à des bouteilles en verre pour ne pas les jeter à la mer, on marche sur des cubes, droit dans ses bottes, on interroge le racisme d’un pays bolsonarisé puis libéré.
Maroussia Diaz Verbèke excelle dans cette novo langue, la circographie, inventant à chaque épisode un manifeste bordélique et serré à la fois. Des paroles, des acrobaties ou des chorégraphies, elle fait feu de tout bois. Sous nos yeux défilent nuits blanches et aurores. C’est déjà beaucoup.
23 Fragments de ces derniers jours de Maroussia Diaz Verbèke, avec Maíra Moares, Julia Henning, Beatrice Martins, André Oliveira, Lucas Cabral Maciel et Marco Motta. À la Maison des Métallos, Paris, du 3 au 21 juin ; au festival Multi-Pistes, Le Sirque, Nexon, du 9 au 19 août.
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