Originaire de Fougères et passée par Rennes, Marion Costentin produit une oeuvre poétique qui balance entre ténèbres et douceur. Rencontre avec une artiste qui a fait ses premières armes en Bretagne.
Il vaut mieux avoir le moral avant de s’engouffrer dans le site internet de Marion Costentin, 25 ans. S’y côtoient des dessins représentant de sombres forêts, des ombres fantasmatiques, des corps disloqués, vulnérables, mais aussi de doux animaux. Comme ceux qui entourent une jeune femme nue, couchée dans l’herbe (le tableau Naissance). Ailleurs, une créature menaçante aux allures de loup se penche sur une jeune fille endormie. A quelques exceptions près, tous ses dessins sont en noir et blanc, à l’encre de chine ou au fusain.
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« Ce que j’adore dans le noir, c’est qu’on l’utilise pour faire apparaître la lumière. Et tout ce noir c’est ma façon de crier », explique-t-elle souriante, ses grands yeux bleus s’éclairant à mesure qu’elle nous expose son amour du noir, qu’elle n’aura « jamais fini d’explorer ».
Marion Costentin a grandi à Fougères, avec ses parents commerçants et ses deux soeurs. A 17 ans, bac en poche, elle s’inscrit aux beaux-arts de Rennes. Elle en est mise à la porte après un an : plutôt que d’aller en cours, elle écumait les salles de concerts (Ubu, Mondo Bizarro…) armée d’un appareil photo.
« Tout ce que j’ai fait à Rennes était lié à la musique. Ça a forgé ma personnalité. » Elle expose à l’Ubu, participe au fanzine rock Mademoiselle Age Bête. Partie s’installer à Paris, sa passion pour la musique ne la lâche pas. En 2011, elle réunit des portraits d’artistes (David Bowie, Ian Curtis, Jay Reatard…) et les expose au festival briochin Art Rock. Son dessin de Bryan Ferry à l’encre de chine trouve acquéreur : le chanteur de Roxy Music himself, programmé au festival cette année-là. « Il attendait son massage dans sa loge. On a discuté. Il était charmant. »
Outre Roxy Music, Marion Costentin écoute Jesus and Mary Chain, Mazzy Star, The Cure… « La musique m’inspire. Parfois, je trouve le titre d’un dessin dans une chanson, ou le dessin tout entier va être inspiré par deux mots d’une chanson. » Côté idole, elle cite Courtney Love : sa biographie par Poppy Z. Brite l’a marquée, comme les premiers albums de son groupe. « Ecouter Hole c’est libérateur. Il y a tellement de colère là-dedans et moi je suis incapable de crier. » Ses dessins sont-ils « rock » ? « Si on veut parler du côté dur et du côté à fleur de peau, alors oui ! Je veux que mon travail soit puissant et en même temps très sensible. »
Parallèlement à son travail de création, Marion Costentin anime un atelier pour enfants, et réalise des illustrations, en se basant, souvent, sur des photos. Elle en a placé dans Vogue et dans la revue POLI. Dernière réalisation : le portrait de la chanteuse du groupe Saintes, amie de longue date, une couronne de fleurs dans les cheveux. « Faire une illustration me permet de souffler un peu car quand je crée j’explose. »
La dessinatrice réserve maintenant la thématique musicale à ses illustrations, et se consacre dans ses dessins à ses sujets de prédilection, « les tueurs en série, le paranormal, la magie ». S’y ajoute un nouveau leitmotiv : la nature. Outre des forêts tortueuses, elle dessine des vagues, clin d’oeil à celles d’Hokusai, mais aussi, dernièrement, une tornade blanche sur fond de ciel noir. « La nature est un support fantastique pour exprimer des émotions. Ça a un côté très passionné, et je me retrouve là-dedans. » Sombre, abîmée, agressée, la nature reflète ses tourments. Ce qui ne la freine nullement dans son désir de montrer ses oeuvres. « J’aimerais bien exposer à Rennes, ça serait cool ! »
Site Internet: marioncostentin.com
« Half Light-Work in progress »
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