Choisie par Alain Juppé pour être la future directrice du CAPC-musée d’Art contemporain de Bordeaux, la Franco-Colombienne Maria Inès Rodriguez évoque ses projets. Retour en France donc pour cette commissaire d’exposition qui avait assuré le rôle de commissaire en chef aux musées d’Art contemporain de León en Espagne puis celui de Mexico.
Vous avez été désignée pour être directrice du CAPC. Quels sont les grands axes du projet que vous avez présenté à la commission ?
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María Inés Rodríguez – Ces grands axes partent de la conviction que le musée est une plateforme pour la connaissance. Un lieu capable de rassembler des forces, des idées, des projets, à partir de l’art. Nous devons aussi générer de la recherche et être un lieu pour la production et la visibilité du travail des artistes de toutes générations. Dans cet ordre d’idées, le projet tient en compte ces principes : développer un centre de recherche autour des archives et de la collection, créer un programme spécifique pour les nouvelles générations, réfléchir aux réseaux sociaux (un outil incontournable aujourd’hui). Le projet bien évidemment implique aussi de renforcer les liens avec les partenaires actuels et d’en trouver des nouveaux, qui partagent notre vision sur le musée et le magnifique outil qu’il peut être.
Le musée du CAPC connaît des difficultés budgétaires pour enrichir sa collection. Cette mission muséale vous semble-t-elle tenable Comment pensez-vous y remédier?
Malheureusement ces difficultés sont communes à beaucoup d’institutions, ici et à l’étranger. La question serait de savoir comment développer des stratégies qui nous permettent d’avancer dans un projet accomplissant la mission du musée. Car le CAPC, c’est avant tout un musée : une institution qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet un patrimoine. La collection doit s’enrichir, mais il est d’abord nécessaire d’étudier l’existant, ce qui nous permettra de voir dans quelle direction nous allons poursuivre le travail. Ensuite nous ferons un plan d’acquisitions, qui sera accompagné d’un projet de recherche de financements, incluant actuels et futurs partenaires. Il est essentiel que nous soyons tous conscients de l’importance de la collection pour le musée, pour la ville et le pays, et qu’ainsi nous joignons nos forces pour continuer à travailler sur un projet qui ne peut rester statique.
Votre nomination va dans le sens d’une prise en compte de la situation mondialisée de l’art. Comment pensez-vous répondre à cette attente en ce qui concerne le CAPC et la ville de Bordeaux?
Il est crucial de pouvoir travailler en réseau, de continuer ou de commencer à tisser des liens avec les institutions et acteurs locaux, et simultanément à un niveau national et international. Charlotte Laubard [l’ancienne directrice, ndlr] a fait un excellent travail dans ce sens. Pour ma part, je souhaite concentrer mes efforts pour générer des projets non seulement liés à l’itinérance ou coproduction des expositions mais aussi dans les domaines de la recherche et de l’éducation. Comme mentionné précédemment, le musée est une plateforme de connaissance qui doit sans cesse contribuer a ce débat. J’ai eu la chance de travailler dans des régions très différentes au monde, cela m’a ouvert les yeux à d’autres réalités et des contextes très variés, j’espère que ces expériences vont apporter quelque chose à mon travail au CAPC.
Quel regard portez-vous sur la scène artistique bordelaise? Comment pensez-vous l’intégrer à l’activité du CAPC ?
Votre question me fait penser au texte de J.M. Coetzee que j’ai lu récemment à propos de la responsabilité qui nous avons à nous engager avec l’histoire de l’endroit où nous nous trouvons. Cela me renvoie évidemment au rôle du musée dans la cité, comment pouvons-nous être en même temps un espace ouvert à la création locale et internationale ? comment être un lieu de production et de réflexion sur les defis de notre temps ? Une fenêtre qui rend visible ce qui se passe ici et ailleurs ? La ville a une forte histoire liée aux arts: plastiques, de la scène, de la musique. Cette histoire bordelaise est présente chez les artistes contemporains ou dans un patrimoine qui est là et qui fait bouger les esprits : la preuve actuellement avec cette fantastique exposition actuellement au CAPC sur le festival Sigma qui a marqué plusieurs générations.
Quel est le programme à venir ? A quelles initiatives doit-on d’attendre de votre part ?
En 2014 le CAPC présente la programme développé par Charlotte et Alexis Vaillant. Cela me laisse le temps de travailler avec l’équipe sur les axes déjà mentionnés et d’initier les démarches nécessaires pour la création du centre de recherche, projet qui me tient spécialement à cœur. Mais nous pouvons déjà penser à une grande exposition sur l’œuvre du fantastique Alejandro Jodorowsky, un projet qui va montrer la richesse de son travail qui s’étend au cinéma, à la littérature, à la performance, au théâtre.
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