Avec l’exposition “Dream out loud” à l’affiche jusqu’en janvier, le musée Stedelijk d’Amsterdam présente les travaux de jeunes designers installés aux Pays-Bas. Rivalisant d’imagination, ils inventent de passionnants objets qui mixent fibre sociale et écolo et technologies du futur.
L’exposition collective Dream out Loud (Rêver à haute voix) a pris place le 26 août au musée d’art moderne et contemporain d’Amsterdam. Situé sur Museumplein face au musée Van Gogh, le Stedelijk se reconnait grâce à la baignoire géante qui lui sert de toit depuis sa rénovation en 2012. Tous les deux ans, l’établissement lance un appel aux jeunes créateurs installés aux Pays-Bas, en vue de présenter les innovations liées à chaque discipline artistique et d’acquérir de nouvelles œuvres.
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Trois cent cinquante propositions sont cette année arrivées sur les bureaux du jury. Vingt-six ont été retenues dans le cadre d’une sélection dédiée au design contemporain. « Cela permet à ces designers, qui ont 35 ans en moyenne, d’être repérés par des collectionneurs et d’intégrer notre collection », explique Lennart Booij, conservateur du musée et commissaire de l’exposition.
Dépasser la fonction décorative
Sensible aux enjeux environnementaux, familiarisée avec les nouvelles technologies, usant de tous les matériaux existants, cette nouvelle génération de designers rivalise d’imagination pour créer des objets se limitant rarement à la seule fonction décorative. Elle invente ainsi les scénarios théoriques d’un avenir proche où l’association de la technologie, des idées et de la fantaisie créatrice peut faire avancer les choses. Futés, ludiques, poétiques, ces projets savent aussi mettre en scène avec ironie les travers de l’époque.
« Le Dutch design est réputé dans le monde entier. Des noms tels que Marcel Wanders, Hella Jongerius et Droog reflètent une nouvelle approche dans la conception du design à partir des années 90. Dans leur sillage, la jeune génération développe certains aspects tels que son impact social », poursuit Lennart Booij.
Dans ce panel inspiré, on trouve le fameux Fairphone mis sur le marché fin 2015 par Bas van Abel, smartphone « socialement responsable » offrant de meilleures conditions de travail aux ouvriers chinois qui les fabriquent et dont on peut changer soi-même les pièces qui lâchent ; une machine à distiller le coca pour obtenir de l’eau pure ; une expérimentale barrière flottante permettant de piéger et recycler les résidus plastique polluant la mer du Nord ; le prototype écolo d’une unité d’habitation pour les Haïtiens ayant perdu leur maison lors du séisme de 2010.
Il y a aussi ce projet qui a consisté à laisser trois cent quarante pots de roses trémières aux bons soins d’habitants de Rotterdam pour les rendre éco-responsables. Ou ce livre de recettes qui vous invite à cuisiner un bifteck tricoté ou un cocktail de moelle osseuse à partir de viande cultivée in vitro à partir de cellules souches animales, comme c’est le cas à l’université de Maastricht.
L’utilisation de l’imprimante 3D est un dénominateur commun à plusieurs travaux. Agatha Haines entrevoit les évolutions de la transplantation via la duplication mais aussi l’amélioration de certains organes humains. Elle imagine que les cellules d’une anguille électrique associées au cœur humain pourraient servir de défibrillateur naturel en cas d’arrêt cardiaque. Elle en fait la démonstration avec une très réaliste vidéo de transplantation.
Frustré par les limites de ces imprimantes révolutionnaires, Olivier van Herpt, diplômé de l’Académie de design d’Eindhoven en 2015, a conçu la sienne pour revisiter l’art céramique. Ses imposants vases futuristes mixent design industriel et artisanat.
Des bijoux de poussière urbaine
Le percutant Daan Roosegaarde fait un travail d’orfèvre avec la pollution, et l’épingle au passage. Dans ses Smog bijoux, les pierres précieuses sont remplacées par de minuscules blocs noirs de poussière urbaine, résidus d’une matière comprimée à l’extrême par une machine à filtrer l’air ambiant implantée à Rotterdam. « Alimentée par une source d’énergie verte, la Smog Tour est capable de filtrer 30 000 mètres cube d’air sans consommer plus d’énergie qu’une bouilloire électrique » apprend-on. Plus décoratif, le collectif We Make Carpets fabrique des tapis muraux à partir d’une matière inédite : des accessoires jetables de verres à cocktail, produits en série. Simple et efficace.
Artiste, architecte, couturier, scientifique, ingénieur…, cette génération de designers critiques et engagés met la profusion des possibles au service d’une inventivité qui reflète les problématiques de son temps, et tente de les solutionner. Avec l’envie de trouver des applications concrètes au design, et de le démocratiser.
« Dream out loud », jusqu’au 1er janvier 2017 au Stedelijk, Museumplein 10 à Amsterdam, ouvert tous les jours de 10h à 18h et jusqu’à 20h le vendredi. Entrée: 15 euros, gratuit pour les moins de 18 ans. Tel : +31 (0)20 5732 911
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