Au PAN Café, sur L’Île-Saint-Denis, des artistes en résidence se croisent et se penchent, jusqu’à samedi, sur les expériences de l’émigration portugaise. Une manifestation baptisée “L’Intranquillité”, défendant une conception de l’art comme surface de rencontre, comme lien conversationnel.
“Faire venir l’art là où l’on ne l’attend pas, faire venir le public qui s’intéresse à l’art sur un terrain où il n’a pas l’habitude d’en voir, produire des collisions, brouiller les pistes” : c’est en pensant à ce geste que l’artiste Cécile Paris, enseignante à l’École supérieure des Beaux-Arts de Nantes Saint-Nazaire, a ouvert au public en mai 2021 le PAN Café, situé sur une île, L’Île-Saint-Denis, commune populaire de Seine-Saint-Denis, pour accueillir des rencontres entre personnes d’horizons différents, nourries d’expériences de vie singulières. Un lieu commun, partagé, qui durant trois jours, jusqu’au 30 mars, s’ouvre à des récits et des voix évoquant l’émigration portugaise.
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Little Portugal
Le Grand Paris incluant l’Île-Saint-Denis est en effet considéré comme la troisième ville portugaise, après Lisbonne et Porto, avec une présence estimée à près de 400 000 habitant·es portugais·es ou d’origine portugaise. D’où l’idée de baptiser ces rencontres L’intranquillité, comme un clin d’œil à l’œuvre magistrale de l’écrivain portugais Fernando Pessoa (1888-1935). Conçues et pensées par Cécile Paris, le critique et curator indépendant Pedro Morais, les plasticiennes Léa Erlandes et Margot Bernard, ces rencontres et discussions s’inscrivent dans un mouvement actif de recherche dans le paysage de l’art actuel autour de l’agentivité, des liens conversationnels, des relations entre oralité et écriture.
“Quels récits sont en train d’être questionnés et repensés par le Portugal et sa diaspora aujourd’hui ? Comment les artistes qui vivent au Portugal agissent sur les imaginaires des différentes périphéries ?”, se demandent les trois artistes portugaises invitées à venir vivre et travailler en résidence sur l’Île-Saint-Denis pendant trois semaines : Isabel Carvalho, qui travaille à l’intersection de la littérature et des arts visuels ; la DJ et curatrice Lola Rodrigues, et la performeuse Tita Maravilha. Les pratiques de ces artistes se fixent en effet sur des enjeux de création en commun, où l’œuvre est appréhendée plus comme surface de rencontre que comme pure finalité.
Ce PAN café ressemble à une sorte de “brave space”, qu’analyse la critique d’art Agnès Violeau dans son nouvel essai, Pratiquer l’exposition, une écologie (éditions Mix), qui consigne ce mouvement curatorial cherchant à faire exposition autrement, sans artifice, dans un élan d’éducation à la conscience critique.
Accueillies sur les péniches, dans le cadre d’un partenariat avec l’association Péniches à la Folie et avec la Fondation Calouste Gulbenkian, les trois artistes ont plongé dans la mémoire vivante de l’émigration portugaise en France. Des dialogues seront proposés avec divers groupes, artistes et penseur·euses durant ces jours d’intranquillité heureuse.
L’intranquillité, rencontres au PAN Café, 9 place de la Libération, L’Île-Saint-Denis, avec Isabel Carvalho, Tita Maravilha, SoundPreta / Lola Rodriguez, Cécile Paris et leurs invité·es. Programmation les 28, 29 et 30 mars 2024.
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