Les 6 et 7 décembre, La Criée de Marseille accueille spectacles, installations, concerts pour deux jours d’immersion dans le Japon contemporain.
Une soirée contrastée… C’est ainsi qu a démarré ce week end à La Criée, intitulé L expérience Japonaise et présenté comme « une sélection transgenre à contre-courant des poncifs sur la culture nippone« . Dans les couloirs et le hall du théâtre sont exposées des photographies de la plasticienne Marie Katayama que l’on retrouve ensuite sur scène pour l’explosive ouverture de ce mini festival, en compagnie de deux autres performeuses, Mégané et Ann Murasato. Belles et troublantes, ces photos mettent en scène Mari Katayama, née en 1987, au visage et au corps délicat et gracieux, les deux jambes amputées à l’âge de neuf ans suite à une maladie de naissance empêchant le développement de ses tibias. Loin de se retirer du monde, elle s’y expose et explore la singularité de son corps à travers un travail plastique, photographique et des performances.
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Au début de la performance au titre énigmatique et programmatique, Seuls les nigauds ne pensent qu au boulot, on la voit entrer en scène, cigarette à la main, en robe fleurie, ses deux prothèses juchées sur des talons hauts et pailletés, traversant le plateau d’une démarche légère, avant de les retirer pour entrer dans une cahute en se déplaçant avec ses mains pour s’asseoir à une table où la rejoint la très jeune Ann Murasato, 18 ans au compteur et qui va bientôt se déchaîner à sa batterie, écorchant nos tympans dans une dépense d’énergie pure qui accompagne le show sensuel et magnifique de Mégané, visage cagoulé, silhouette longiligne vêtue d’un justaucorps en résille qui use de la barre verticale de sa lap dance comme d’une source d énergie dynamo électrique générant de la lumière et des sons. Une fureur de vivre qui met à mal l’image de la femme soumise au désir et au regard des autres pour se transformer en une source sulfureuse et volcanique, un véritable séisme visuel et sonore que rien ne semble pouvoir arrêter.
C est pourtant sur une chanson douce que se termine la performance, annonçant la suite du programme, le concert acoustique de Tomari, réunissant le chanteur Kyû Sasayama et le guitariste Atsuhiko Takemura. Une pop connue sous le terme ryûkôka, un peu guimauve, voire soporifique.
Clou de la soirée, le solo hip hop de Kentaro!!, jeune danseur incroyablement talentueux qui métisse sa break dance de mouvements empruntés au mime, au butô et à la danse contemporaine, découpe l’espace en trajectoires latérales ou obliques et danse aussi bien dans le silence qu’en musique ou au son de sa propre voix, le temps d une chanson interprétée live. Une grâce singulière et nonchalante, à l’aise dans la lenteur comme dans l’accélération, épousant tous les rythmes sans s’y épuiser. Une très belle découverte.
L’expérience japonaise se poursuit ce soir avec un concert électro d Oorutaichi à 19h et la très attendue Yoko Higashino et sa compagnie Baby-Q à 20h30. Une danseuse et performeuse qui s est inventée un double, Kemumaki Yoko (« Yoko disparaissant dans la fumée « ) où, parée de sa perruque blonde, elle improvise des performances dans les clubs tokyoïtes.
A La Criée, Marseille, jusqu au 7 décembre. www.theatre-lacriee.com
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