Invitée par les Magasins Généraux à proposer une exposition-résidence, la jeune peintre Inès Di Folco Jemni transforme le lieu en salon dédié aux songes et aux souvenirs, motifs qui hantent ses toiles.
Depuis leur naissance en 2017, les Magasins Généraux proposent des expositions-résidences, vouées à mettre en lumière une nouvelle génération d’artistes animée par des engagements sociaux marquants. Dans ce cadre, la peintresse et musicienne Inès Di Folco Jemni, diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2018, prend possession du lieu pour y faire exister, à la demande des commissaires Anna Labouze et Keimis Henni, un rituel de contemplation, mais aussi un espace d’échanges avec le public, invité à s’installer dans des canapés pour lire, voir, écouter tout ce qui nourrit l’imaginaire de l’artiste.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
“J’ai véritablement envie de recevoir les visiteurs dans des espaces conviviaux. Ils pourront s’asseoir dans des canapés, écouter de la musique, lire de la poésie ou regarder des films. C’est une façon pour moi de questionner le rapport qui peut être très intimidant face à une œuvre d’art”, explique Inès di Folco Jemni.
Plusieurs salons thématiques
Pour son premier projet personnel en institution, la peintre a, en effet, décidé de transformer l’espace en une vaste installation de 1000 m2 composée de plusieurs salons thématiques (de poésie, de musique, des ancêtres, des enfants, de l’artiste elle-même) ou consacrés à des pratiques artistiques, des salons d’études (des livres sont à disposition), de rencontres et de rêveries. L’artiste questionne ainsi le mot “salon”, pensé comme le réceptacle de ses passions privées, au premier rang desquelles la poésie et la musique…. Son salon central, composé de meubles et d’objets personnels se présente ainsi comme l’espace où s’inventent ses formes et où s’exposent ses outils de fabrication.
À côté, celui des ancêtres évoque un salon familial où vibrent les traces de ses anciennes vies en Tunisie ou à Cuba ; un espace de la transmission, incarnation de son intérêt pour les spectres et les fantômes des générations antérieures avec lesquelles elle se met en relation. Autant de motifs qui hantent ses toiles, lumineuses à la hauteur de ses secrets insondables. La poésie flotte partout, y compris dans un salon dédié, où les visiteur·euses peuvent lire quelques-uns de ses textes fétiche, d’Etel Adnan à Mahmoud Darwich.
De salon en salon, dont aucune porte ne bloque l’accès et où chaque toile s’ajuste à l’ambiance spécifique qui l’accueille, le parcours invite à la divagation. Outre sa façon de repenser l’espace de monstration, l’artiste surprend par sa peinture même, habitée par quelques obsessions sur l’exil, les rituels funéraires, la vie des morts, le chamanisme, la maternité, le mal du pays… À la fois mélancoliques et frénétiques, ses toiles sont nourries par des mythologies afro-caribéennes, où la couleur se confond avec l’obscurité, où les visages flous se révèlent dans l’épaisseur de ses aplats.
Imaginaires disséminés
S’inspirant autant de la peinture classique et allégorique que des mythes issus des cosmogonies Yorubas, présentes sur les rives du fleuve Niger et dans les mers des Caraïbes, Inès di Folco Jemni entrecroise ainsi des imaginaires disséminés entre l’Atlantique et les mers du sud, comme ses traits entremêlent des procédés figuratifs et des formes abstraites. Accueillant, poétique et chaleureux, son salon des songes abrite des légendes et des secrets, des couleurs et des sons, qu’elle partage avec celles et ceux qui la suivent dans ses rêveries, solitaires et communautaires.
Le salon des songes d’Inès di Folco Jemni aux Magasins Généraux à Pantin, jusqu’au 7 avril 2024.
Plus d’informations sur le site des Magasins Généraux.
{"type":"Banniere-Basse"}