Corrosive et percussive, Séverine Chavrier donne aux Palmiers sauvages de Faulkner une interprétation puissante et envoûtante.
Une fuite éperdue dans l’espace et dans le temps, hachés et fragmentés par la puissance dévastatrice d’une passion qui se dévore elle-même, en accord avec les éléments qui balisent son parcours. L’histoire d’Harry et Charlotte, imaginée par Faulkner en 1939, est tout entière sous l’emprise du feu.
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Son incandescence primordiale ravage tout sur son passage et pratique, vis-à-vis des normes sociales, la politique de la terre brûlée, jusqu’à se consumer entièrement, tordant les lettres de l’amour pour en former l’anagramme de la mort.
Ils sont jeunes, le coup de foudre est immédiat
Le feu, Charlotte en porte les traces sur son corps depuis que son frère, enfant, l’a jetée dans les flammes. Elle montre ses cicatrices à Harry le jour de leur rencontre, comme un avertissement qu’aucun ne saura déchiffrer. Lui est interne à l’hôpital, elle, mariée et mère de deux enfants. Ils sont jeunes, le coup de foudre est immédiat et les jette sur la route.
De La Nouvelle-Orléans à Chicago, du Wisconsin à l’Utah, les saisons et les paysages sont à l’unisson de leur passion et en épousent toute la gamme de températures que les amants éprouvent : torride, moite, ruisselante, brumeuse et, pour finir, glacée.
Le bruit des bourrasques qui agitent les palmiers sauvages
Rien ne doit entraver la course de leur amour, surtout pas l’enfantement et la reproduction du cours normal d’une vie de couple. Charlotte demande à Harry d’avorter le fruit de leur union et meurt au terme d’une fuite circulaire qui les mène de nouveau sur une plage de La Nouvelle-Orléans, dans un bungalow traversé par le bruit des bourrasques qui agitent les palmiers sauvages, bruit déchirant, cinglant, qui résonne sur le plateau à travers les notes de piano et les coups qu’assène Séverine Chavrier, retranchée derrière une paroi de bois.
Tout participe de l’ébranlement de l’amour, du jeu de Deborah Rouach et Laurent Papot au décor où s’amoncellent des matelas et des sommiers métalliques, des caisses de bière et une armoire de conserves, des abat-jour et des chaises soumis, comme le couple, aux secousses sismiques d’un amour qui dévore ses amants. On en sort détruit et fasciné, conquis et ébranlé.
Les Palmiers sauvages d’après le roman de William Faulkner, mise en scène Séverine Chavrier, avec elle-même, Laurent Papot, Deborah Rouach, jusqu’au 25 juin aux Ateliers Berthier, theatre-odeon.eu
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