Après la réouverture de son magnifique musée des arts, Nantes accueille la nouvelle école des Beaux-Arts, sur un site industriel rénové. Un élan stimulant pour ses étudiants, ouverts à toutes les pratiques et au monde, grâce à un investissement massif de l’école.
A Nantes, le paysage de l’art a connu en 2017 des moments intenses, indices d’une revitalisation de ses institutions et d’un dynamisme de ses acteurs locaux. L’inauguration au printemps du magnifique musée des Arts, dirigé par Sophie Lévy, rénové et agrandi après des années de travaux, puis le “Voyage à Nantes“ piloté l’été dernier par Jean Blaise, ne furent pas les seuls événements marquants de l’année culturelle : l’installation de l’école des Beaux-Arts sur le site des anciennes Halles Alstom, en novembre, participe aussi d’un élan général de la ville quant à son attachement à la création artistique.
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La réhabilitation de ces Halles par l’agence Franklin Azzi Architecture – qui vient de remporter le concours de la rénovation de la Tour Montparnasse (infernale) – permet à l’école d’accueillir désormais 500 étudiants sur 4000 mètres carré d’ateliers techniques et de plateaux consacrés à la recherche et à l’expérimentation. Les architectes ont préservé le patrimoine industriel du site, en valorisant l’ossature métallique des Halles, révélée par des habillages transparents, et en maintenant sa toiture en sheds. “Pour créer de la proximité et des synergies, nous avons inventé une perméabilité urbaine qui n’existait pas dans cet ensemble compact et clos“, explique Franklin Azzi. “L’aménagement du parvis des arts, des deux nouvelles rues piétonnes et des passages permettra de créer des espaces ouverts où les différents publics se rencontreront. Nous avons conçu un système qui permette à tout un chacun de traverser cet ensemble, de le sillonner“.
Le projet de réhabilitation ne s’arrêtera pas là ; d’ici 2020, le directeur de l’école des Beaux-Arts Pierre-Jean Galdin voudrait accueillir sur le site de l’île de Nantes plus de 4500 étudiants en art, architecture, design, cinéma, médias numériques, danse et musique. Pour en faire ce que la jeune maire de la ville Johanna Rolland appelle un “quartier de la Création“ : une sorte de campus créatif permettant des passerelles entre divers établissements d’enseignement supérieur. Selon la maire, “l’École des beaux-arts, à la fois établissement d’enseignement supérieur et acteur culturel innovant, constitue un atout de premier ordre au cœur de notre dynamisme et de notre projet. En lui offrant de nouveaux locaux, nous nous donnons les moyens de la plus belle ambition : croire au talent de notre jeunesse et lui permettre de s’épanouir !“
Il faut reconnaître que les étudiants ont la chance de bénéficier d’outils techniques impeccables, qui donne envie aux visiteurs éphémères de redevenir étudiant. Cette impression d’un confort moderne, adapté aux usages et aux attentes des étudiants, fait forcément écho au projet pédagogique imaginé par Pierre-Jean Galdin, ouvert à l’international, à travers un partenariat avec des villes comme Marfa au Texas, Séoul ou Dakar. Avec la création de trois campus, l’école mise ainsi sur ses partenariats internationaux, ses co-diplômes sur les questions de territoire ou d’art dans l’espace public pour explorer de nouvelles manières collaboratives de travailler.
“Accueillir plus d’étudiants français, européens et du monde ; diversifier profondément les profils de nos recrues ; organiser des passerelles et des terrains de braconnages disciplinaires ; inviter les nouveaux amoureux de l’art à le pratiquer ensemble…“ : les diverses traductions du projet de l’école des beaux-arts de Nantes-Saint-Nazaire (où s’ouvre une classe préparatoire bilingue aux écoles d’art) s’appuient sur des équipes d’enseignants souvent issus des nouvelles générations d’artistes (Stéphane Thidet, Charlotte Moth, Bruno Persat…), mais aussi de théoriciens de l’art. Sous la direction artistique de Fabrice Hyber, l’école poursuit par ailleurs depuis 1990 sa mission d’accompagnement à l’insertion professionnelle de ses diplômés, avec l’aide d’artistes comme Bruno Peinado, Mathieu Mercier ou Lili Reynaud-Dewar. “Dans une école d’art, il faut trois grands pôles d’enseignement : artistique, théorique et d’ingéniérie. Il faut des théoriciens et des ingénieurs qui aiment l’art et des artistes qui soient capables d’accepter que des théoriciens et des ingénieurs s’occupent aussi d’art“, souligne Pierre-Jean Galdin dans Art Press. Dans cette articulation fine entre divers approches de d’art, souci d’offrir des outils techniques performants et des espaces appropriés aux artistes en herbe, l’école des Beaux-Arts, épanouie dans son nouvel écrin, s’impose comme l’un des lieux de formation à l’art les plus stimulants de France. Il pleut de l’art sur Nantes.
Jean-Marie Durand
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