Dès le 19 mai, les institutions accueillent à nouveau le public. Le point sur quelques lieux et expositions phares où réserver son créneau de visite.
Cette fois, c’est la bonne. Ça rouvre. Les cafouillages des Zoom, les liens de streaming poussifs, les temps d’écran exponentiels sont derrière nous. Cette fois-ci, il n’y aura pas d’échelonnage des réouvertures, distinguant entre ces musées “petits” ou “grands”, ces lieux publics et ces autres dits “commerciaux”, à l’instar des galeries. Tout rouvre, en même temps, partout en France, et donne à l’été qui s’annonce des airs de seconde rentrée.
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Ainsi qu’en va l’adage, il n’y a plus de saisons, et pas même ces autres, artistiques, qui, d’ordinaire bien définies, échelonnent les calendriers des professionnel·les, amateur·rices et curieux·ses, permettant en cela de s’y retrouver un tant soit peu. Mais puisqu’il faut désormais s’accorder à ces nouveaux rythmes asynchrones, voici quelques jalons et une typologie dessinée parmi les réouvertures, qui vous permettra, on l’espère, d’esquisser un parcours de visites.
Ouvrir tout court : des lieux neufs pour une période en mal d’après
Pour certains acteur·rices du monde de l’art, la fermeture aura rimé avec une longue phase de veille forcée. Certains cocons étaient prêts à éclore, maintenus dans l’entre-deux. Désormais, ils se révèlent, et de nouveaux écrins tous neufs viennent amplifier le tissu institutionnel hexagonal.
Parmi les inaugurations les plus attendues : la Bourse de Commerce, annoncée en 2016, abritera dès ce printemps la Collection Pinault, et dédouble à Paris ses espaces d’expositions vénitiens du Palazzo Grassi – Punta Della Dogana. Dans un édifice classé à deux pas du Louvre, l’architecte japonais Tadao Andō est venu ourler d’aériennes rampes en béton les murs historiques et leurs fresques, de manière à venir évider les salles d’exposition sur leur pourtour.
Au programme, un premier tour des lieux marqués tout autant par des installations de grande ampleur (Urs Fischer, Bertrand Lavier, Tarek Atoui ou Pierre Hugues) que par un ensemble de focus thématiques sur la collection. On retrouvera un cabinet de photographies avec des focus sur Cindy Sherman, Martha Wilson ou Louise Lawler ou encore un accrochage de peinture figurative autour de la représentation du corps avec Kerry James Marshall, Luc Tuymans, Miriam Cahn, et les plus jeunes, Xinyi Cheng, Ser Serpas et Lynette Yiadom-Boakye.
Déjà bien identifiée sur la scène de la création hexagonale, la Fondation d’entreprise Pernod-Ricard, ex-Fondation d’Entreprise Ricard, quitte ses murs historiques pour prendre ses aises dans le 8ème arrondissement de Paris, au sommet de l’esplanade de la Gare Saint-Lazare, vue plongeante sur les rails comprise.
Derrière une façade vitrée ouverte sur la rue, on visite l’exposition collective Le Juste Prix confiée au vidéaste Bertrand Dezoteux. Au fil d’une scénographie éclatée, en un geste gentiment loufoque décliné par la dizaine d’artistes invité·es, la proposition prend le médium de l’image en mouvement à rebrousse-poil.
En région parisienne toujours, cette fois-ci hors du circuit consacré des lieux et événements à forte visibilité ajoutée, on ne manquera pas de mettre le cap sur le nord. A Pantin, plus exactement, The Community, collectif curatorial transdisciplinaire, anciennement basé dans une ancienne échoppe de coiffeur à Château d’Eau, investit à nouveau, après deux ans de hiatus, un nouveau lieu en dur.
Embrassant art, mode et musique à travers un réseau transnational, le premier group-show à Pantin en tisse le prolongement tout en introduisant à explorer l’histoire des lieux, un ancien magasin de peinture, et en ouvrant sur la programmation culturelle et sociale à venir, déclinée au fil de trois espaces : le Centre, le Jardin et la Maison.
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Dépoussiérer pour briller de plus belle : les faux départs
Il est temps de prendre à nouveau la mesure de ces expositions ambitieuses qui jalonnent le territoire, parfois ouvertes quelques semaines avant re-fermeture. Pour commencer, direction le Sud. Au Centre Régional d’Art Contemporain Occitanie (CRAC) à Sète, deux expositions rassemblées sous le titre Reverse Universe, respectivement dédiées à Than Hussein Clark et Luigi Serafini, déclinent une invitation au voyage suspendue entre deux rives et deux générations.
Si le premier, artiste polymathe anglais imagine un périple dans le Tanger trouble des avant-gardes, le second, créateur romain cryptique et confidentiel, auteur à la fin des années 1970 d’une encyclopédie fantasque devenue culte, le Codex Séraphinianus, déplace le périple dans un imaginaire baroque inter-espèces.
Non loin de là, au Carré d’Art – Musée d’art contemporain de Nîmes ouvre ses espaces à l’artiste suédo-palestinien Tarik Kiswanson. Sa pratique conceptuelle, entre abstraction et figuration, explore l’exil, le déplacement, la croissance et la (re)génération du point de vue d’un individu, et d’un corps. Celui d’un·e migrant·e de la seconde génération, décentré·e et sans attache stable, jeté·e dans le flux et le flou, à la recherche de sa place, ou d’une place, à la surface du globe.
Le Musée d’Art Moderne et Contemporain (MAMC+) de Saint-Etienne consacre une exposition d’envergure à l’un des artistes les plus influents du monde arabe contemporain, l’Emirati Hassan Sharif. Un artiste qui a laissé derrière lui une œuvre encore trop peu connue lors de sa disparition en 2016. Lors de la dernière Biennale de Venise en 2017, celui-ci présentait l’une des installations phares de l’exposition collective à l’Arsenale.
A Brest, au Fond régional d’art contemporain (FRAC) Bretagne, c’est un autre écho à la Biennale que l’on retrouve, amplifié, par le biais de l’invitation au duo d’artistes, chorégraphes et théoriciennes Pauline Boudry et Renate Lorenz. Elles proposent une exposition autour des temporalités minoritaires et des mouvements désynchronisés.
Les hits de l’été : comme si rien ne s’était passé
Et puis, comme à l’orée de chaque été, il y a les attendues, ces expositions blockbuster qu’on avait parfois tendance à observer de loin, lassé·es par le brouhaha ou la surenchère, ces grandes fresques inratables, où l’on se pressera toustes, néanmoins, avec une joie désormais neuve, pleine, simple et sans ironie.
Parmi ces propositions institutionnelles, le Centre Pompidou à Paris ouvrira, pour un (presque) dernier tour de piste avant travaux et fermeture pour trois ans fin 2021. Panorama de près de cinq cents œuvres, Elles font l’abstraction distille une fresque historique consacrée aux artistes femmes des années 1860 à 1980 à travers les œuvres de 106 d’entre elles.
En parallèle, le Centre Pompidou-Metz ouvrira pour sa part une proposition en guise de regard croisé : l’artiste italien Maurizio Cattelan, à l’aise dans un rôle de trublion de l’art contemporain, posera cette fois-ci un regard décalé sur un inclassable du XVIe siècle : Arcimboldo, aussi adoré que déconsidéré. Face à Arcimboldo, l’actualité artistique à travers le regard de 130 artistes.
Le Musée d’Art Moderne de Paris (MAM) proposera The Power of My Hands un panorama consacré aux artistes femmes de la scène contemporaine africaine et de sa diaspora. Une exposition qui s’accorde à la saison elle-aussi décalée d’Africa2020, en réunissant seize jeunes artistes et autant de points de vue individuels : de Kudzanai-Violet Hwami, Kapwani Kiwanga, Grace Ndiritu ou encore Billie Zangewa.
En face de l’esplanade, chez le voisin du Palais de Tokyo, l’événement d’ordinaire réservé à la semaine de la Foire internationale d’art contemporain (FIAC) de la fin-octobre, soit l’exercice de la carte blanche qui voit un artiste investir l’intégralité des espaces, fera cette année résonner tout l’été les Natures Mortes de l’artiste allemande Anne Imhof. Un panorama incisif et tranchant composé à la fois de ses propres œuvres et de celles de sa sphère artistique élargie.
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