Organisé par les Berliner Festspiele, le festival Theater Treffen – que l’on peut traduire par Rencontres théâtrales – offre un panorama choisi de la création contemporaine dans le domaine du spectacle vivant.
Le programme a pour élément principal un ensemble de dix spectacles récents, sélectionnés par un jury de sept critiques en confrontant leurs préférences esthétiques et en respectant deux conditions restrictives : les spectacles doivent être produits ou coproduits par des théâtres de l’espace germanophone et ils doivent avoir été créés entre 64 et 12 semaines avant le début du festival. Cette année, seuls neuf spectacles ont été montrés au final, le Situation Rooms du Rimini Protokoll n’ayant pu être présenté pour des raisons calendaires.
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Parmi les autres spectacles figurait notamment tauberbach, la dernière création en date d’Alain Platel. S’inspirant de la musique de Bach et d’un documentaire brésilien sur une femme schizophrène (sur)vivant dans un bidonville, le chorégraphe belge agence une drôle de sarabande – ces êtres qui s’agitent sans but apparent vivent-ils en marge de notre monde ou sont-ils les derniers rescapés de quelque apocalypse ? – dans un fatras multicolore de vêtements jonchant le plateau. Tonique et énigmatique, porté par un usage souvent judicieux de la musique, le spectacle pâtit hélas d’une tendance à l’outrance et à la surenchère, la deuxième moitié s’avérant de fait nettement plus empesée que la première.
Onkel Wanja de Robert Borgmann – production du Schauspiel de Stuttgart – souffre aussi par moments (la pièce dure 3h15) d’une certaine grandiloquence dans le jeu des acteurs mais la superbe scénographie, épurée et stylée, vient largement contrebalancer et confère à la pièce de Tchekhov un aspect cinémat(ograph)ique du plus bel effet.
Produit par le Burgtheater de Vienne et mis en scène par Matthias Hartmann, Die letzten Zeugen (Les derniers témoins) se caractérise en revanche par une sobriété extrême – et extrêmement appréciable, vu le projet : donner à entendre la parole de six survivants des camps de la mort nazis. Aussi peu spectaculaire que possible, ce spectacle évince toute forme de pathos pour restituer au plus juste cette parole via un dispositif mêlant témoignages lus par des acteurs, images projetées sur un écran et brèves interventions des survivants eux-mêmes (présents sur le plateau, en arrière-plan).
Dans un tout autre registre, infiniment plus léger, terminons avec Ohne Titel Nr.1, produit par la Volksbühne de Berlin et mis en scène par Herbert Fritsch : entre comédie musicale féerique, opérette oblique et cartoon onirique, une jubilatoire fantaisie sans paroles (ou presque), d’une inventivité constante.
Jérôme Provençal
Theater Treffen, du 2 au 18 mai à Berlin.
Spectacles en tournée :
Situation Rooms, jusqu’au 25 mai à Paris, La Villette.
tauberbach, du 19 au 22 novembre à l’Opéra de Lille (Festival Next).
Onkel Wanja, le 6 juin à Stuttgart, Schauspielhaus.
Die letzten Zeugen, le 5 juin à Vienne, Burgtheater.
Ohne Titel Nr.1, le 10 juin et le 6 juillet à Berlin, Volksbühne.
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