Dans “Les Batailles du Louvre”, sur Arte, Antoine de Gaudemar et Sylvain Bergère retracent les métamorphoses d’une forteresse médiévale devenue un splendide musée, symbole des gloires et des tragédies de l’histoire de France.
Avec sa pyramide de verre, joyau aérien de Ieoh Ming Pei, que le street artist JR s’amusait récemment à faire disparaître par un bluffant dispositif en trompe l’œil, le Louvre semble avoir été depuis sa création au XIIe siècle, le théâtre mouvementé d’un pharaonique work in progress.
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Ce n’est pas seulement un majestueux musée, le plus grand du monde, s’étendant sur des kilomètres de façades, ornées de colonnades et cariatides, c’est un corps en gestation, en perpétuelles transformations.
Un corps mutant, proliférant, anamorphosé de greffes multiples, d’agrandissements et d’embellissements au fil des siècles, au gré des dirigeants qui se sont succédé, de Philippe Auguste à Mitterrand, en passant par Napoléon. Son histoire chahutée et violente se confond avec celle du pays. Les guerres l’ont ébranlé, parfois laissé exsangue, il fut le décor de funestes complots et de massacres – la tuerie de la Saint-Barthélemy a initialement ensanglanté sa Cour carrée avant de déborder dans toute la capitale…
Du palais du roi au palais du peuple
Les soulèvements populaires, de la Révolution à la Commune de Paris, en s’attaquant à ses murs, tenteront de détruire le pouvoir monarchique ou impérial dont il fut le symbole avant de devenir le palais du peuple… Pour retracer cette épopée chaotique, Antoine de Gaudemar et Sylvain Bergère ont pénétré les somptueuses entrailles du Louvre, que la caméra ausculte dans un filmage sensuel, glissant à fleur de façades, de l’aile Richelieu à l’aile Denon, de l’extérieur à l’intérieur, des toits aux soubassements archéologiques. Des modélisations de maquettes en 3D permettent de visualiser les nombreuses transformations de l’édifice au cours des siècles, donnant un contrepoint ludique aux propos des historiens de l’art et conservateurs que les auteurs ont rencontrés.
Au fil d’un commentaire, d’une érudition parfois étourdissante, huit siècles d’histoire de France semblent surgir de ce tentaculaire corps de pierre dont les métamorphoses furent non seulement architecturales mais aussi fonctionnelles (donc symboliques). A l’origine forteresse féodale, que le roi Philippe Auguste avait fait ériger en bord de Seine, afin de protéger Paris d’éventuelles assauts britanniques, le château du Louvre, dominé en son centre par un donjon abritant un redoutable cachot, devient résidence royale sous Charles V.
Rêve des Lumières
Au XVIe siècle, François Ier fait raser sa grosse tour centrale transformant ainsi le bâtiment médiéval en palais Renaissance, ceignant une cour à l’italienne. Mais c’est Henri IV avec son Grand Dessein, qui initie la mutation la plus spectaculaire par le quadruplement de la cour et la réunion des palais du Louvre et des Tuileries par une aile, la Grande Galerie, de 450 mètres. Lorsqu’en 1682 Louis XIV décide de s’installer à Versailles, le Louvre devient un gigantesque capharnaüm investi par les artistes.
Mais c’est la Révolution française qui réalisera le rêve de Diderot et des philosophes des Lumières de faire de l’ancienne résidence royale le premier musée de France ouvert au peuple…
Les Batailles du Louvre, documentaire de Sylvain Bergère et Antoine de Gaudemar, diffusé sur Arte le samedi 9 juillet à 20h50 (1re partie ) et 21h45 (2e partie).
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