Rubrique hebdomadaire du 21 au 28 novembre
Final explosif au festival Instances de Chalon-sur-Saône
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C’est ce mercredi soir que se termine le festival de danse Instances à l’Espace des arts de Chalon-sur-Saône avec deux spectacles très attendus. La nouvelle création du tandem Hafiz Dhaou et Aïcha M’Barek, Ces gens-là, et celle d’Alban Richard, Fix Me, avec le musicien Arnaud Rebotini (qui a signé la musique du film 120 battements par minute de Robin Campillo).
Une soirée danse sous le signe de la musique, donc. Ces gens-là s’inspire en effet de la chanson de Jacques Brel, détonateur d’une chorégraphie ouverte sur le monde : « Son texte est un hommage aux invisibles, à ceux que l’on ne regarde plus. Nous nous sommes emparés de ses mots, sans les illustrer, pour parler de nos histoires, de la relation à l’autre, ainsi que de la perception que nous avons les uns des autres. » Sur le plateau, les cinq danseurs sont rejoints par le musicien performeur Hethem Achour/Ogra qui œuvre depuis 2011 au développement et à la promotion des musiques électroniques en Tunisie.
Fix Me est un projet ultra contemporain aux allures classiques si l’on en croit le chorégraphe Alban Richard : « Fix Me est construite sur la structure d’une symphonie dite classique, c’est à dire quatre mouvements à tempi différents. La pièce est un montage où différents medias interférent et rivalisent. Elle est constituée simultanément d’une session de concert d’Arnaud Rebotini, de la danse de quatre interprètes, de trois à cinq projections de films et de diapositives, de stroboscopes à vitesse variable et de flashs lumineux, de boules à facettes, de haut-parleurs déversant différentes pistes sonores. » Le matériel chorégraphique n’est pas banal non plus : « Un lexique de mouvements est créé à partir d’images documentaires de manifestations politiques, de prêcheur de soap-box, des sermons de pasteurs américains et des danses de vidéogrammes. Les interprètes délivrent corporellement les prêches suivants : Struggle is Over de Dr. Jackie Mc Cullough , Fix me de Pastor Tamara Benne, Giants de Latrice Ryan. » A suivre, dès janvier, au théâtre national de Chaillot…
Focus à Théâtre Ouvert
Pour sa 5e édition, Focus à Théâtre Ouvert (du 21 au 30 novembre) réunit une douzaine d’artistes, auteurs et metteurs en scène pour une série de lectures, mises en voix, en espace et en scène d’écritures contemporaines. Démarrage ce soir avec Imposture Posthume de Joël Maillard dont on découvrira le spectacle en mars prochain lors de Programme Commun, un festival qui réunit le théâtre de Vidy-Lausanne et Arsenic-Centre d’art scénique en Suisse. Un Focus Turquie, le 22 novembre, met en lumière le refuge que constitue désormais le théâtre dans un pays où l’audiovisuel subit la censure et le contrôle depuis plusieurs années. Avec : Sivas 93 de Genco Erkal, J’ai éteint mon cœur jusqu’à l’apocalypse de Birken (Melis Tezkan et Okan Urun). A noter aussi une carte blanche à Stanislas Nordey le 23 novembre où il lira un texte de Frédéric Vossier et Julien Gaillard, Grand palais, avec Laurent Poitrenaux. Il y est question de Francis Bacon et de son amant George Dyer qui s’est suicidé en octobre 1971 deux jours avant l’inauguration de l’exposition du peintre au Grand palais à Paris. Et aussi le retour au théâtre de Joël Jouanneau avec Ronce-Rose d’Eric Chevillard (les 27 et 28 novembre). Bonne nouvelle !
Next Festival
Démarré le 8 novembre, l’excellent Next festival, transfrontalier et transdisciplinaire, se poursuit jusqu’au 1er décembre. Les performances y croisent la danse et le théâtre, s’y mélangent souvent. A l’instar de Nassim, proposé par l’Iranien Nassim Soleimanpour (les 21 et 22 novembre à Maubeuge). Un acteur découvre chaque soir, sans répétition ni préparation, le texte qu’il devra faire entendre et qui transcende tout autant la langue, les frontières et la censure. On rappelle que ce festival transite de la France à la Belgique et réunit les énergies de six structures basées à Villeneuve d’Ascq, Valenciennes, Courtrai, Tournai, également accueilli à Maubeuge, Roubaix ou Lille.
Autre performance venue d’Egypte, celle-là, Suash, de nasa4nasa (les 22 et 23 novembre à Courtrai), où l’architecture est embarquée dans une aventure chorégraphique, inspirée par le travail de Trisha Brown.
Autre pépite à découvrir : Het betreft liefde de l’artiste flamand Tine Van Aerschot, où il est question d’amour (le 24 novembre à Courtrai). A Tournai les 28 et 28 novembre, le Lituanien Oskaras Korsunovas s’inspire de La Noce chez les petits bourgeois de Bertolt Brecht pour concocter Wedding, un mariage burlesque où, par principe, tout s’effondre, jusqu’à la morale de l’histoire sur la nécessaire virginité de la mariée.
Enfin, Next se penche sur 10 ans de crise financière à travers plusieurs propositions qui vont de l’exposition Cabinet de curiosités économiques de Luce Goutelle (Courtrai, du 20 novembre au 1er décembre) au spectacle Hidden Paradise des Canadiens Alix Dufresne et Marc Béland (Courtrai le 30 novembre) ou à la performance théâtrale de Christophe Meiershans, Trials of Money (le 1er décembre) à Courtrai.
Mais le meilleur est pour la fin avec Hate de Laetitia Dosch (les 30 novembre et 1er décembre à Villeneuve d’Ascq). En deux mots, Next, c’est indispensable !
Sur la Grand’ Route, mise en scène Emilie Hériteau
Emilie Heriteau s’est inspirée du texte d’Anton Tchekhov, Sur la grand’route où, lors d’une nuit glaciale, un cabaret transformé en auberge rassemble et réchauffe des voyageurs, travailleurs, commerçants, brigands. Elle réunit huit demandeurs d’asile et leur donne la parole. L’un d’eux, Moussa Doukoure, présente ainsi leur projet : « Tchekhov parle de l’attente – une attente qu’on n’a pas souhaité, dans un lieu où il pleut et où on est coincé. On s’est inspiré de la pièce de Tchekhov pour dire que c’est un peu pareil pour nous, avec la demande d’Asile, avec l’absence d’accueil qui fait que l’OFPRA et les préfectures fabriquent seulement de l’attente et de la torture morale, pour des gens qui ont de vraies raisons d’être partis de chez eux, d’avoir pris la grand’route ! On a fait une fusion des deux histoires pour donner à entendre ce qui nous arrive, ce qu’on traverse et ce qu’on en pense, nous à l’Ecole des Actes. » C’est au théâtre de la Commune d’Aubervilliers, du 20 au 25 novembre.
La Ruée de Boris Charmatz au festival TNB de Rennes
Pour ses dix ans, le Musée de la danse de Rennes dirigé par Boris Charmatz envahit le TNB, à l’occasion de son Festival. C’est La Ruée, un one-shot, le samedi 24 novembre dès 19h. En ouverture, une improvisation collective se déploie dans tous les espaces du théâtre, portée par une quarantaine d’artistes qui mettent en bouche et en corps le livre Histoire mondiale de la France, dirigée par l’historien Patrick Boucheron, penseur associé du TNB. Une exposition agitée, lancée à toute allure, comme un précipité dans l’histoire, « celle d’une France dont la définition échappe sans cesse« . En clôture, le public est convié sur le dance floor avec le berlinois T. Raumschmiere.
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